Jean d’Ormesson, un philosophe au grand … sourire

Un siège de l’Académie Française se retrouve vide. Le grand littéraire Jean d’Ormesson s’est éteint dans la nuit de lundi 4 décembre à mardi 5 décembre, dans son domicile à Neuilly (Haut-de-Seine). Il est mort d’une crise cardiaque à l’âge de 92 ans. Retour sur une belle vie remplie de poésie.

Espiègle, curieux, souriant, … Jean d’Ormesson était l’un des grands penseurs de l’Hexagone. Passionné de la formule, il manipulait aisément la langue française et n’hésitait pas à en jouer. Bien avant son décès, il parlait de la mort avec une pointe d’humour et de mystère. Dans son roman « C’était bien » (2003), il disait : « j‘ai beaucoup ri. J’ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n’est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle. » Deux ans plus tôt, il écrivait « toute mort est un mystère parce que toute vie est un mystère » dans « Voyez comme on danse ».

Il a fait de sa vie un roman. Ce personnage aux cheveux blancs et au regard perçant traversait la vie avec légèreté. Un sentiment que l’on retrouve dans la quarantaine de ses œuvres, pour la plupart autobiographiques. Il préférait sourire. Impossible pour Jean Bruno Wladimir François de Paul Le Fèbre d’Ormesson d’être morose en public, surtout pas à la télévision.

Un amoureux transit de la philosophie et de la littérature

A l’âge de 48 ans, il succède à Roman Rolland – lauréat du Prix Nobel de Littérature en 1915 – à l’Académie française. Agrégé de philosophie, il s’assoit désormais au fauteuil 12 et partage sa passion pour les mots avec d’autres érudits. Une discipline qui lui colle à la peau. Il deviendra président du Conseil international de Philosophie et des Sciences humaines. Entre 1952 et 1971, il occupera la place de rédacteur en chef adjoint pour la revue Diogène. Puis, endossera le rôle de directeur général en 1976.

Son vrai amour, c’est la littérature. Il écrit son premier roman, « L’amour est un plaisir » en 1956. Mais, il connaît un véritable succès 15 ans plus tard avec « La gloire de l’Empire ». Il y retrace les « ruses de l’histoire diplomatique et militaire » d’un empire imaginé quelques siècles avant la naissance du Christ. Une œuvre pour laquelle il recevra le Grand prix de l’Académie française. Il se tourne ensuite vers le journalisme, plus précisément vers la direction du Figaro (1974-1977). Et oui, « Jean d’O », c’est avant tout un homme de droite. Il était proche de Valéry Giscard d’Estaing, de Nicolas Sarkozy et même de François Mitterrand – qu’il interprète dans le film « Les Saveurs du Palais ».

 

En revanche, il se refuse à tomber sous le charme de François Hollande. Il ne trouve pas qu’il a la carrure d’un « homme d’Etat ». D’ailleurs, il disait sur RTL en 2014 : « j’ai peur de mourir pendant son quinquennat. La pensée que Hollande puisse me rendre hommage me terrifie. » Pari réussi. C’est Emmanuel Macron qui lui a rendu hommage, au lendemain de sa mort sur Twitter.

Jean d’Ormesson publiera un ouvrage posthume en 2018. « Moi je vis toujours » … dans le cœur des amateurs de vérité et de légèreté littéraire, oui.

Marie Boetti

Source Photo : RTL / Yves Calvi