Paul Bocuse, l’empereur de la gastronomie parmi les étoiles

« Monsieur Paul » s’est éteint à l’âge de 91 ans dans la nuit de samedi à dimanche. Le monde de la cuisine pleure son chef triplement étoilé.

 

L’Auberge à Collongues appelée autrefois l’Hôtel du Point, triplement étoilé depuis 1965, est la référence. Elle attire aujourd’hui des milliers de gourmands au palet délicat de la région lyonnaise, mais aussi des quatre coins de la France et du monde ! Paul Bocuse, c’est également de nombreuses brasseries à Lyon, aux Etats-Unis ou en encore au Japon. Oui, l’empereur de la gastronomie laisse derrière lui un héritage de plusieurs dizaines de millions d’euros…. Un avenir partagé entre son directeur, Vincent Leroux, (l’époux de sa petite-fille) et Jérôme son fils à la tête de toutes les adresses à Lyon et dans le monde. Si le chef de la gastronomie française lance la mode de la brasserie dans sa ville natale, il parcourt le monde entier et ouvre huit brasseries au Japon ! Il est une véritable icône dans ce pays. Il est le premier chef à y ouvrir une franchise à partir de 1979. Les brasseries à son nom sont dirigées par le japonais Hirotoshi Hiramatsu. On peut aussi y trouver des « corners » d’épicerie fine et de produits dérivés. Paul Bocuse c’est aussi le nom d’une école de management en hôtellerie à Ecully, ainsi que les “Bocuse d’or”, de prestigieux Jeux olympiques de la gastronomie créés en 1987. Non, Paul Bocuse, on ne l’oubliera pas !

 

Toutes les femmes de sa vie

 

Paul Bocuse c’est l’amour et la passion pour la cuisine. C’est aussi un grand amoureux des femmes. Séducteur, plus sont tombées sous son charme… Le charmeur partage sa vie avec trois femmes. « J’ai trois étoiles, j’ai eu trois pontages et j’ai toujours trois femmes ». C’est à 80 ans que le chef décide de dévoiler le grand secret de sa vie personnelle, celui d’une vie polygame.

Le premier amour de sa vie est Raymonde, une jeune femme blonde âgée de 16 ans, avant la guerre. En 1946, ils se disent oui et donneront naissance à une petite Françoise. Raymonde c’est celle qui tient les rênes de l’Auberge du Pont de Collongues.

Son deuxième amour, c’est Raymone. Directrice de clinique, elle lui donnera un fils Jérôme Bocuse. Enfin en 1971, il rencontre Patricia. C’est elle qui fonde la société Produits Paul Bocuse et gère l’image de son beau et tendre. Dans son autobiographie, « Paul Bocuse : le feu sacré » en collaboration avec sa belle-fille Eve-Marie Zizza –Lalu, Mr Bocuse se confie sur cette relation avec ces trois femmes et ses nombreuses infidélités. Oui trois amantes et de nombreuses conquêtes… « Si je calcule le nombre d’années où j’ai été fidèle aux trois femmes qui ont compté dans ma vie, j’arrive à 135 ans de vie commune. Je ne regrette rien, sauf peut-être la peine que j’ai pu faire aux femmes de ma vie. J’espère qu’elles me pardonneront», confessait-il.

 

L’amour de faire apprendre

 

Un grand Monsieur de la gastronomie qui aimait, transmettre son savoir à de nombreux chefs. Aujourd’hui ils ont perdu un père spirituel, un père d’adoption pour certains. Afin de lui rendre hommage beaucoup se mobilisent pour continuer à faire vivre sa mémoire. Jean Imbert, a posté une photo sur son compte Instagram en réclamant un hommage national : « À titre personnel, j’aimerais que le président de la République vous fasse un hommage national (…) Peut-être est-ce mon cœur de cuisinier qui parle, mais personne n’a fait rayonner la France dans le monde comme vous l’avez fait depuis 50 ans. Merci. »

Cyril Lignac, cuisinier et célèbre animateur de plusieurs programmes de cuisine sur M6 depuis 2005, a lui aussi posté un touchant message sur le réseau social. « Merci Monsieur Paul pour tous ces bons moments passés ensemble, pour tes conseils, nos rigolades, ta bienveillance et les lettres de noblesse que tu as donné à notre métier… Merci… ». Au micro d’Europe 1, le chef doublement étoilé et jury de Top Chef,  Thierry Marx, a tenu à lui rendre hommage. Selon lui, Bocuse était l’exemplarité même pour tous les jeunes cuisiniers : «  si beaucoup de jeunes se sont lancés dans ce concours (Meilleur Ouvrier de France) c’est pour ressembler à Paul Bocuse. Il nous a initiés à tout : l’économie, la qualité, à avoir envie d’être chef mais, aussi chef d’entreprise avec toujours savoir-faire, savoir faire faire et faire savoir ». Pour Thierry Marx, « Monsieur Paul » est un grand monument français : « c’est comme si à Paris, on nous retirait la Tour Eiffel, on nous a retiré un visionnaire. Il restera dans nos cœurs, on continuera à penser à Paul Bocuse au moins vingt ans ».

Si Paul Bocuse fait de nombreux orphelins culinaires, tous continueront à le faire vivre à travers ses recettes et ses précieux conseils…

 

Mathilde Dandeu

( Photos : DR)