Emmanuel Macron réaffirme la responsabilité de la France dans la rafle du Vél’ d’Hiv

Le Président s’est inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs en reconnaissant le rôle joué par l’Etat français dans l’arrestation massive de juifs les 16 et 17 juillet 1942. 

C’est lors de la rencontre officielle à L’Elysée avec Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, qu’Emmanuel Macron s’est exprimé. Les deux dirigeants étaient réunis pour commémorer la rafle du Vel d’Hiv. Une première, puisque jamais un Premier ministre israélien n’avait participé à cette cérémonie.

Le président français a réaffirmé que « c’est bien la France qui organisa » cette rafle en juillet 1942, ainsi que la déportation de milliers de juifs. Après 75 ans, le débat sur la responsabilité de l’Etat français dans cet acte criminel continue d’agiter les foules. Marine Le Pen, lors de sa campagne présidentielle, avait d’ailleurs joué la carte du patriotisme exacerbé, allant jusqu’a nier l’implication du pays dans ce drame.

« Oui, je le redis ici, c’est bien la France qui organisa la rafle puis la déportation et donc, pour presque tous, la mort des 13 152 personnes de confession juive arrachées les 16 et 17 juillet à leur domicile » a déclaré le Président tout en précisant que « pas un seul Allemand » n’avait participé à l’organisation de cette rafle. Il a également démontré sa volonté d’être présent pour que « se perpétue le fil tendu en 1995 par Jacques Chirac », qui avait été le premier chef de l’Etat à reconnaitre la responsabilité du pays dans les persécutions antisémites, et non celle du seul régime de Vichy.

Une mise en garde contre le racisme ordinaire

Dans son discours, Emmanuel Macron en a profité pour donner un tacle à ceux qui considèrent que Vichy n’était qu’une dérive momentanée. « Vichy n’a pas constitué qu’une parenthèse dans l’histoire de l’administration française. Le racisme et l’antisémitisme existaient déjà pendant la IIIe République. Il est si commode de voir en Vichy une monstruosité née de rien. Mais c’est faux » a-t-il rappelé tout en ajoutant une mise en garde : « En France, cette corruption des esprits – le racisme et l’antisémitisme – sont bien présents sous de nouvelles apparences. Nous ne céderons rien aux messages de haine, nous ne céderons rien à l’antisionisme. ».

Emmanuel Macron a tenu a faire le parallèle entre le passé et le présent en rappelant les progrès des idées extrêmes, qui perdurent malgré les leçons tirées de l’histoire. « La barbarie n’avance jamais à visage découvert. Elle se forge d’abord dans les esprits, ce sont les esprits et les mots qui progressivement font sauter les digues de nos consciences » a-t-il déclaré, en référence à peine voilée au Front national. « Le racisme ordinaire pullule (…). Et puis un jour, parce qu’on n’a pas voulu voir, le passage à l’acte intervient » a-t-il gravement conclu.

Source photo : Europe 1

Audrey Bernard