ETATS-UNIS – Avortement et pilule, un motif de licenciement pour les conservateurs du Missouri

La femme en danger aux États-Unis ! Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017, les droits des femmes sont soit piétinés soit ignorés. Républicains et conservateurs, les faiseurs de lois restreignent les libertés du sexe féminin. « Inférieur » selon les plus extrémistes. Bientôt, ce sont les citoyennes du Missouri qui en feront les frais. 

Les employeurs pourront licencier une femme si elle a eu recours à un avortement, si elle a enfanté en dehors du mariage ou si elle prend la pilule contraceptive. Même schéma pour les propriétaires de logement. La loi SB5 est votée mardi 20 juin. Licencier ou expulser une femme pour des motifs appartenant à son intimité est désormais permis. L’employeur ou le logeur peut poser des questions lors d’un entretien pour découvrir la vérité sur les activités d’une femme.

Tout commence début juin à Saint-Louis, dans l’État du Missouri à 470 kilomètres de Chicago. La ville valide une ordonnance de défense des droits des femmes. Le but, éliminer tout moyen pour les employeurs ou logeurs de se débarrasser de la gente féminine sur des bases morales ou religieuses. Une initiative qui n’a pas plu au gouverneur conservateur Eric Greitens.

Selon les associations de défense d’égalité des sexes, la loi compliquera une situation déjà difficile. Une femme avec un enfant non-désiré et peu de ressources financières aura du mal à trouver un logement ou un emploi. Mais l’issue de cette restriction reste incertaine. Elle doit passer devant le Sénat pour être adoptée. Un hémicycle composé aux deux tiers de Républicains. Même si une opposition semble compliquée, un recours au Federal Pregnancy Discrimination Act ou un blocage des Démocrates est possible.

Un mandat contre le droit à la contraception

Le vice-président de Donald Trump  Mike Pence, ultra-conservateur et contre l’avortement. Lorsqu’il est gouverneur de l’Indiana, il vote l’interdiction d’IVG en cas d’anomalie du fœtus. Après l’élection présidentielle, il veut stopper le financement du Planning familial. Une entorse aux droits des femmes.

Aux États-Unis, la pilule est introduite en 1960. Elle est chère et limitée aux femmes mariées. Le Planning familial permet alors l’accès aux moyens contraceptifs des plus défavorisées. L’existence de la pilule permet aussi de prolonger la durée des études supérieures des femmes. Surtout pour les filières les plus épineuses, comme le droit et la médecine. Ainsi, elle repousse l’âge du mariage et des premiers enfants. La situation de leur descendance devient également meilleure. Ils grandissent loin de la pauvreté et possèdent plus de chance pour gagner des revenus élevés à l’âge adulte.

L’avortement, un combat historique actuel

Durant la campagne américaine, Donald Trump devient célèbre pour ses remarques sexistes. Mais aussi pour ses idées conservatrices, telles que le retrait du droit à l’avortement au niveau national. Depuis 45 ans, l’IVG se bat pour être entendue aux États-Unis. Les valeurs pro-life subsistent encore aujourd’hui. Entre 2001 et 2013, plus de 200 lois « contraignantes » pour les femmes ont été votées dans une trentaine d’États. Un chiffre qui s’accompagne d’une baisse considérable du nombre d’avortements.

La réglementation de ce droit fondamental est gérée plus au niveau local que sur tout le pays. Les lois comme le Partial-Birth Abortion Ban Act ont peu d’impact. Un exemple : en 2013, le Texas fait voter une loi sur les obligations techniques des établissements de santé au Sénat. Résultat, le nombre de cliniques autorisées à la procédure passent de 40 à 10 sur le territoire des cow-boys. L’action contre ou pour l’avortement dépend de chaque État. Une question liée à la religion et la nature traditionaliste du pays de l’oncle Sam.

Marie Boetti