Festival de Cannes : qui est le Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu ?

Le réalisateur Alejandro Gonzalez Iñarritu sera à la tête du jury pour la 72^e édition du festival de Cannes. Mais qui est ce cinéaste aux cinq oscars ? PressEyes revient sur sa carrière fulgurante.

Alejandro Gonzalez Iñarritu, l’homme au regard ténébreux et à l’allure de rockeur, aime l’aventure. Des voyages, des expériences qui ont fait de lui, l’un des réalisateurs les plus talentueux. Pour la 72^e édition du festival de Cannes, qui se tiendra du 14 au 25 mai,  il succédera à Pedro Almodovar et à Cate Blanchett en tant que président du jury.

Né à Mexico en 1963, le cinéaste décide à l’âge de 17 ans de traverser l’Atlantique en cargo. Il rejoint l’Europe et l’Afrique. Des paysages, des cultures, dont il s’empreigne et qui le guideront dans sa carrière. Dès les années 1980, alors qu’il n’a que 20 ans, il émerge en tant qu’animateur de radio sur WFM, l’une des stations des plus populaires consacrées au rock au Mexique. Passionné par la musique, il compose pour six longs-métrages mexicains. Peu à peu, son chemin dévie vers la réalisation de courts-métrages pour la télévision de son pays natal. Son talent éclate au grand jour lorsqu’il réalise son premier film « Amours Chiennes », en 2000, dans lequel il se donne le rôle de Gael Garcia Bernal.

Un homme étranger

En 2001, il doit quitter brutalement son pays pour Los Angeles, après l’enlèvement de son père. Depuis, il se dit être en « tension permanente entre la sensation d’appartenance et de non-appartenance », lors d’un entretien avec Paris Match. Aux États-Unis, il ne se sent pas complètement chez lui, il se sent comme une pièce de puzzle rapportée, «cet homme à la peau sombre qui vit aux États-Unis ». Non naturalisé américain, il est arrêté plus de 700 fois ! « J’ai une carte de résident (…), mais c’est compliqué. En 2003, pour fêter le début du tournage de 21 grammes à Memphis, j’ai bu quelques verres et bêtement j’ai pris le volant. J’ai été arrêté, jugé et condamné pour conduite dangereuse. Depuis, je suis fiché. Et chaque fois que je rentre de voyage, je suis arrêté à la frontière et bloqué pendant une heure avec des agents qui me passent au gril et me font bien comprendre que je ne suis pas le bienvenu. En voyageant dans le monde entier, j’ai été arrêté environ sept cents fois pour cette satanée conduite d’il y a treize ans ! » se confie t-il dans une interview accordée à Paris Match en 2016.

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Mais ce qu’il faut retenir d’Alejandro Gonzalez Iñarritu, c’est son talent et ses films d’auteurs !

Des films obscurs au succès fulgurant

Adolescent, il est un jeune homme pessimiste et sombre… Un caractère qui se retrouve dans ses productions obscurs où la mort est omniprésente. Des films qui lui permettent de combattre ses propres peurs, des sujets qu’il veut explorer, qui l’intriguent, l’inquiètent ou l’émeuvent. Des univers dans lesquels les acteurs doivent se surpasser, notamment Leonardo Dicaprio pour « The Revenant ». Un scénario qui retrace l’histoire de Hugh Glasse,  brutalement attaqué par un ours et laissé pour mort par les membres de sa propre équipe. Un homme abandonné qui se retrouve seul et qui doit survivre malgré les souffrances. Une réalisation aux conditions de tournage éprouvantes. Les plus difficiles que Leonardo Dicaprio ait connues lors de sa carrière.

Une pluie de récompenses

À 55 ans, le cinéaste est multi-récompensé. Il a reçu trois Oscars : pour « Birdman » en 2015 (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original). En 2016, il reçoit l’Oscar de la meilleure réalisation pour « The Revenant » et permettra à Leonardo DiCaprio d’obtenir le premier Oscar de sa carrière. Si ses deux films n’ont pas été sélectionnés pour le festival Cannes, Iñarritu a tout de même présenté en 2017 une installation virtuelle pour sa projection« Carne y Arena », dans laquelle les spectateurs pouvaient se mettre dans la peau d’un migrant, traversant la frontière mexico-américaine. Une œuvre qui lui vaudra un Oscar spécial, le 11 novembre 2017.

Une carrière majestueuse qui lui permet d’être le premier Mexicain à présider le célèbre Festival de Cannes. Alejandro Iñarritu se dit d’être « honoré et ravi » de revenir sur le tapis rouge.