La sixième extinction massive de la biodiversité prend de la vitesse

Les animaux disparaissent plus vite que prévu, selon une étude publiée lundi 10 juillet dans les Proceedings of the National Academy of Sciences – revue scientifique américaine similaire à Science. Les chercheurs américains et mexicains, Gerardo Ceballos, Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo, parlent d’un « anéantissement biologique ».

Depuis 40 ans, la moitié des espèces animales ont disparu. Le bilan actuel est accablant. Sur les 27 600 espèces étudiées, 32% déclinent en termes de population et d’étendue. C’est là la nouveauté de cette analyse. Le travail des chercheurs se concentre sur les populations d’espèces, des groupes d’animaux occupant un territoire déterminé. Ils se se sont particulièrement focalisés sur 177 espèces observées pour leur répartition entre 1900 et 2015. 40% de ces mammifères ont vu leur aire d’habitation réduite de 80%.

« La réelle ampleur de l’extinction de masse qui touche la faune a été sous-estimée : elle est catastrophique »

Mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens terrestres, … les espèces sont menacées sur les cinq continents. Mais surtout, en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Asie du Sud-Est – où les populations se comptent en masse. Aujourd’hui, 10 millions d’espèces – animales et végétales confondues – sont recensées sur le globe. 26 000 d’entre elles meurent chaque année, soit une toutes les 20 minutes.

Des cas alarmants pas seulement chez les vertébrés terrestres

Certains groupes de vertébrés s’évanouissent très rapidement. 43% des lions ont cessé d’exister depuis 1993. A ce jour, il n’en reste plus que 35 000. Même hécatombe chez les guépards, au nombre de 7000 aujourd’hui. Chez les primates, 25% des orangs-outans de Bornéo (Brunei, Malaisie, Indonésie) se sont volatilisés sur ces dix dernières années.

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L’étude de PNAS exclue les poissons, les invertébrés et les plantes. Pourtant, leur cas est tout aussi alarmant. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, 42% des espèces invertébrés terrestres sont menacées d’extinction. 25% chez les invertébrés marins. En France métropolitaine et en Outre-mer, 218 espèces animales se trouvent en danger, dont 91 mollusques.

Les causes de cet « anéantissement » restent nombreuses : agriculture intensive, urbanisation, déforestation, extraction minière, … La sixième extinction s’accélère également à cause de la pollution, provoquée par l’intensification des activités humaines. Elle est aussi due à la chasse, la surpêche et le braconnage. Mais pour les chercheurs, les véritables coupables sont « la surpopulation humaine et sa croissance continue, ainsi que la surconsommation particulièrement par les riches ».

C’est quoi la sixième extinction ?

La sixième extinction correspond à la réduction de la biodiversité provoquée par l’action humaine. L’expression a été popularisé par la journaliste Elizabeth Kolbert, propriétaire d’un prix Pulitzer depuis 2015. Ce phénomène commence lors de la disparition du mammouth à l’ère glacière, due principalement à la chasse.

Cependant, les autres périodes d’extinction apparaissent bien avant l’existence de l’homo sapiens. Il y a 66 millions d’années, un astéroïde s’abat sur le Golfe du Mexique actuel. Ce qui acheva l’extinction des dinosaures et entraîna l’expansion des mammifères. C’est l’extinction Crétacé-Tertiaire.

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200 millions d’années en arrière, l’extinction Trias-Jurassique éteint ¾ des espèces vivantes. 252 millions d’années en arrière (Permien-Trias), ce sont 90% des végétaux et des animaux qui s’évaporent. Ces disparitions s’expliquent par le réchauffement causé par des éruptions volcaniques géantes.

Mais quelques millions d’années plus tôt, il y a 439 millions d’années, un phénomène opposé se produit. 86 % des espèces disparaissent à cause d’un refroidissement global. L’extinction Ordovicien-Silurien est la plus ancienne répertoriée.

Jusque là, la cessation de certains organismes vivants se justifiait par la sélection naturelle. La loi du plus fort. Mais, depuis quelques années, la sixième extinction représente un tournant dans le cours de l’Histoire. Les conséquences seraient irréversibles et catastrophiques. Les écosystèmes chamboulés, l’Homme subirait les impacts économiques et sociaux de cette crise majeure, équivalent au réchauffement climatique.

Si les Tyrannosaures ou Tirex régnait sur la Terre il y a des millions d’années, les dinosaures ont-ils réellement disparu ?

Marie Boetti

Source Photo : Wikipedia