L’acteur Roberto Calvet et l’imprégnation complexe de ses personnages


Robert Calvet, La dernière vague, Skam, Mathilde Dandeu, PressEyes, acteur

Photo DR

À l’affiche de la série « La Dernière Vague », diffusée sur France 2 le 21 octobre prochain, l’acteur Roberto Calvet s’est confié à PressEyes. De son parcours, à la construction de ses personnages, il nous dévoile quelques secrets.

 Au café Mansart, dans le 9ième arrondissement de Paris, l’acteur Roberto Calvet me fait part de ses premiers souvenirs liés à son envie de devenir acteur. Il en a des tonnes en tête : « J’ai un souvenir de Jim Carrey, j’étais vraiment petit. Je ne sais plus vraiment quel film c’était, peut-être ‘The Mask’. Quand je l’ai vu, j’ai dit à ma mère ‘C’est ça que je veux faire’. Je veux m’amuser. Je me suis dit ‘Si ça c’est un métier, c’est le meilleur métier du monde’ ».

 

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

Une publication partagée par Roberto (@robertocalvet)

Partir pour réaliser ses rêves

À 18 ans, une fois le bac en poche, le jeune homme prend ses bagages direction New York pour y découvrir le métier d’acteur. « C’était la seule période où je pouvais prendre une année sabbatique et voir ce que j’avais envie de faire. J’avais besoin d’un an pour réfléchir ». Loin de sa famille, dans un pays étranger, il s’initie au théâtre. Une révélation pour Roberto Calvet, qui s’amuse et sait qu’il veut jouer, interpréter. De retour à Paris, il s’inscrit au Cours Florent pour réaliser son rêve et vivre aujourd’hui de sa passion.

Petite pause, une serveuse vient nous servir : un café allongé pour Roberto et un soda pour moi. Il prend le temps d’allumer une cigarette avant de continuer.

Face caméra

Le Cours Florent terminé, le comédien se dirige vers le cinéma. Stressé de nature, il appréhende un peu plus les planches. Il m’évoque une phrase qui le fait sourire et le rassure : « Une jeune comédienne disait ingénument à l’actrice Sarah Bernardt ‘Moi je n’ai jamais le trac sur scène’. À quoi Sarah répondit : ‘Ne vous inquiétez pas ma petite, ça vous viendra avec le talent’ ». Une citation qui n’est peut-être pas anodine par rapport à l’avenir de Roberto. Face à la caméra, le stress s’envole pour laisser place à sa force.

Il aime ce métier, de l’observation des détails de chaque acteur à l’évolution des scènes. « J’aime l’atmosphère qu’il y a sur le plateau. C’est comme un combat de boxe, au moment où l’on te dit ‘Action’, tu as trois minutes et là il faut envoyer, être le plus sincère possible ».

 

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

Une publication partagée par Roberto (@robertocalvet)

Un art à travers lequel il apprend sans cesse et découvre de nouvelles choses à chaque tournage et chaque casting. « C’est ça qui est trop bien car tu apprends tout le temps. Tu n’es jamais sûr de rien. Les techniques d’acteur que tu as à mon âge, ce ne sera pas les mêmes dans trois ans, dans quatre ans, dans dix ans… Si j’ai une carrière, je l’espère ».

Ne pas se juger

Roberto Calvet m’explique qu’il travaille toujours son personnage en amont. Il lui invente une histoire, un passé pour s’en imprégner au mieux, qu’il soit le plus riche possible avec une identité propre. Notamment pour son personnage dans la série « SKAM », dans laquelle il interprète Nicolas. Un jeune homme perturbé et manipulateur. « Quand tu joues un personnage ‘méchant’, tu ne te dis pas que tu es un méchant. Toi tu as ta propre vérité, ton propre cheminement. Ce que tu fais pour toi c’est juste, parce que si tu commences à te juger en te disant ‘je joue un méchant’, c’est là que tu fais fausse route ».

Son personnage prend en photo une jeune fille nue sans que celle-ci lui donne son consentement. Il la fait chanter tout au long de la saison 2 par des mensonges. « Mais ça reste un mec intelligent, car il ment avec beaucoup d’aplomb. Marlon Brando disait : l’acting, c’est un métier de survie. Il explique que sans l’acting les gens ne pourraient pas vivre une minute dans le monde réel. (…)Tu te comportes pas pareil quand tu vas chez tes amis, quand tu es avec tes parents. Tu as toujours des attitudes différentes. Et c’est dans des moments de questions de vie ou de mort où tu vas jouer le mieux. C’est comme quand tu étais en retard en cours. On a tous inventé un mytho et tu y crois quand tu le dis, parce que si tu n’y crois pas comment tu veux que les autres te croient ? Ce n’est pas possible et, pour lui (Nicolas), quand il fait son monologue et qu’il dit que son petit frère a jeté leur petite sœur par la fenêtre, c’est vrai ».

 Le réalisme du personnage

Nicolas a une personnalité à double tranchant. Certains spectateurs ne verront que le mal en lui. D’autres y verront un homme perdu, malade psychologiquement, sans repères… « Je voulais quelque chose qui montre qu’il était dans sa propre réalité. Il se retrouve acculé par cette histoire, car lui ne voit pas le mal. Il y a plein de mecs comme ça qui n’ont pas eu d’éducation. Ils ne savent pas différencier le bien du mal. Je voulais amener de l’empathie. Je ne voulais pas que l’on pleure sur mon personnage, car ça reste un beau salopard, mais que l’on voit qu’il perd pied et qu’il réalise ce qu’il a fait ».

Être crédible

Un rôle important et risqué pour cette période (début 2018) face à la montée du mouvement « Me Too ». Mais l’acteur n’a pas eu peur des représailles dont il aurait pu être la cible, bien au contraire. « Justement, il fallait que je sois le plus crédible pour que ça puisse ressortir au mieux. Je joue un personnage, je me mets au service d’une histoire et d’un propos. Plus je serai bon et plus les gens pourront se confronter à ce sujet-là. Il faut que mon personnage existe, que l’on se dise ‘Ce mec, il peut exister’ ».

Le comédien me confie qu’il n’a pas envie de faire acteur pour seulement demander l’heure : « Ça ne m’intéresse pas ». Ce qui lui a plu dans « SKAM », c’était justement le fait d’avoir un véritable propos. Permettre à certaines personnes de s’identifier. « J’ai envie que le travail que je fournis soit satisfaisant et qu’il puisse servir à un maximum de personnes ».

La nature au service des humains

Dès le 21 octobre, Roberto Calvet endossera un surfeur, l’un des rôles principaux dans « La Dernière Vague » sur France 2. Une série qui met en avant les problèmes environnementaux causés par les humains. La nature qui se déchaîne, les nuages qui « absorbent » les humains et les relâchent sans qu’ils puissent comprendre ce qui leur arrive. Chacun en revient comme grandi, un événement qui va leur donner la force de résoudre leurs problèmes personnels. « C’est comme si la nature se servait d’eux pour faire passer un message », explique l’acteur.

 

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publication partagée par Roberto (@robertocalvet)

Il prend une autre petite cigarette avant de m’en dévoiler un peu plus sur son nouveau visage. Car son personnage est également emprunt d’une part sombre… Vice-champion du monde de surf, ce dernier ne se sent bien que dans l’eau. Hors de l’océan, il est comme étouffé par la vie.

Redoubler d’efforts

Je commence à comprendre que le jeune homme aux cheveux mi-longs et bouclés aime la psychologie complexe et les esprits torturés par un passé difficile. « Tu le verras dans l’histoire, mais j’ai des trucs à régler qui sont assez lourds », prévient-il. Une interprétation qui lui a demandé une grande implication. Que ce soit au niveau de la personnalité de son personnage ou dans la préparation physique. Si le comédien, de nature sportive, avait déjà pratiqué cette discipline, il a dû redoubler d’efforts pour connaître les gestes adaptés.

« Je me suis mis à faire des entraînements spécifiques avec un coach sportif : sur l’équilibre, les postures… J’ai pu faire quelques trucs sur la planche. On a eu deux mois de préparation. Je voulais entrer dans la tête de cette personne, car il y a 100.000 surfeurs différents. Mais moi, c’était ce mec, dans cette histoire. J’ai regardé beaucoup de documentaires. J’ai acheté des bouquins, des romans sur le surf pour m’imprégner de l’atmosphère de ce milieu-là ».

Un univers qui le passionne par sa philosophie, ses vertus thérapeutiques et sociales :« Ce personnage, il m’a beaucoup manqué après. D’ailleurs, quand j’ai vu les épisodes, ça m’a fait plaisir de le revoir.  J’ai quand même vécu avec lui pendant longtemps. C’est un truc que l’on m’a appris, il faut vraiment aimer son personnage, qu’il soit mauvais ou pas. Il faut vraiment l’aimer très fort et c’est ça qui va permettre de le jouer le mieux possible ».

De la scène à la plume

Le prochain personnage que Roberto Calvet voudrait interpréter ? Le diable ! « Sous n’importe quelle forme ! Tu as un film qui s’appelle ‘L’associé du diable’ avec Al Pacino et je le trouve vraiment extraordinaire. Là je viens de voir ‘Joker’ et le Joker, c’est vrai que c’est quelque chose de vraiment fantastique. Batman aussi. Quand j’étais petit, je rêvais d’être Batman ».

Avant de clore l’interview, le jeune homme me fait part de ses futurs projets : une pièce de théâtre intitulée « Un vendredi soir chez les Becker ». L’écriture d’une série policière avec l’un de ses meilleurs amis, l’acteur Olivier Barthélémy.

De beaux projets que j’ai hâte de découvrir. En attendant rendez-vous sur France TV Slash pour regarder la série « SKAM » ou devant France 2 le lundi 21 octobre pour se plonger au cœur de « La Dernière Vague » : «  Une série que je dédie à ma grand-mère Odette, que j’ai perdu lors de ce tournage ». Une mamie qui doit être fière de son petit fils.