Le grand Saphir : s’engager à sauver la planète !

« Le Grand Saphir », sélectionné au Festival de Deauville, est un film bouleversant qui permet de prendre conscience de l’enjeu des déchets, laissés sur les routes et les trottoirs, qui glissent jusque dans nos mers et nos océans… Rencontre avec le réalisateur et cameraman, Jérémi Stadler.

Emmanuel Laurin, fondateur du Grand Saphir

Tout commence il y a deux ans… Emmanuel Laurin, fondateur du « Grand Saphir », fait un constat alarmant : la Mer Méditerranée est polluée. Il cherche comment il peut remédier à ce fléau et alerter la population. C’est là que lui vient l’idée. Il sait nager, il sait ramasser des déchets…pourquoi ne pas les ramasser en nageant. Il décide de se lancer dans cette folle aventure, entre Marseille et Toulon, pour éliminer le plus possible les macro-déchets [les déchets que l’on voit à l’œil nu, NDLR]. Pour faire connaître son combat, il fait appel à Jérémi Stadler, cameraman et réalisateur : « Il m’a contacté après avoir vu une vidéo de surf en Méditerranée « No Waves You Said ? » que j’avais réalisée quelques mois auparavant. Il voulait que je fasse un teaser de son événement « Le Grand Saphir » pour le sortir avant le jour de son départ, histoire de communiquer sur le projet. »

Une population engagée et désengagée …

 Un projet que Jérémi accepte sans hésitation. Depuis son enfance, le jeune homme est passionné par les sports extrêmes, dont le surf qu’il pratique en Mer Méditerranée. Sur les plages, il a lui aussi pu faire le même constat qu’Emmanuel. L’état de la mer est catastrophique … « L’environnement est quelque chose qui me préoccupe  depuis toujours. Étant un passionné d’images et de nature, je m’imagine mal vivre dans un monde où le plastique remplace les poissons et les coraux. A quoi ressemblera la Mer Méditerranée dans 20 ou 30 ans ? Quelles en seront les conséquences sur les animaux marins ? Sur l’Homme ? Les scientifiques l’affirment et des actions, qu’elles soient non gouvernementales ou menées par les pouvoirs publics, tentent d’empêcher ce qui est en train de se passer, même si cela ne semble jamais être suffisant. Si l’environnement est une problématique aujourd’hui de plus en plus ancrée dans la société et qu’il existe une forme de bonne conscience collective derrière laquelle on peut se cacher, les comportements individuels n’évoluent pas aussi rapidement », explique Jérémi.

Jérémi Stadler, réalisateur du Grand Saphir

Le cameraman est également frustré du comportement des gens. Pour lui, s’ils sont conscients du danger, ils n’agissent pas pour autant ou refusent même de s’engager pour sauver notre planète. « « Indignez-vous » un essai d’une trentaine de pages de Stéphane Hessel avait explosé en terme de vente et a rencontré un succès planétaire. Trois ans plus tard ce même auteur sort un nouveau livre appelé « Engagez-vous ! » et bizarrement ce livre n’a pas du tout marché : tout ça pour dire que les gens ont davantage de facilités à s’indigner, se plaindre que de passer directement à l’action et donc d’agir».

« Le Grand Saphir » qui, au début, devait juste être une simple présentation du combat d’Emmanuel devient un film devenu finaliste des Deauville Green Awards. « On est très content et enthousiaste d’aller défendre notre film le 19 et 20 juin prochains ».

Reste à savoir si « Le Grand Saphir » aura un impact sur les gens et changera leur façon de consommer et de jeter leurs déchets.

Sur la route du bien-être pour la planète

Jérémi part à l’aventure avec Emmanuel et suit son parcours de A à Z. « Je voulais être en totale immersion et raconter l’histoire d’un individu lambda qui a eu un jour l’idée un peu folle de se lancer un défi sportif, individuel, afin de sensibiliser la population sur le désastre environnemental que subit la Mer Méditerranée ». C’est pourquoi il lui propose un format documentaire de plus ou moins 52 minutes.

Jérémi réfléchit à l’accroche… Il n’est pas certain que le spectateur regardera Emmanuel Laurin nager et ramasser des déchets tout au long du film. Il trouve alors le moyen de faire intervenir des personnes touchées par la cause et qui sont engagées pour le bien-être de la planète. Trashgo, son premier choix, est un homme un peu décalé, qui ramasse des ordures sur les plages de la côte atlantique. À Nantes, il rencontre Nicolas Lemonnier, de « Run Eco Team », connu grâce à la vidéo buzz tournée par les équipes de Mark Zukerberg. Enfin, Landry Routhiau, « Un voyage pour la Planète », qui est parti à la conquête du déchet avec son van.

« Le Grand Saphir », c’est aussi la rencontre d’Hervé, organisateur d’une marche pour l’environnement et Edmund Platt, fondateur « d’un déchet par jour », qui ont tous deux soutenu Emmanuel Laurin, dans son aventure. « Il y avait aussi Benjamin de la « Surfrider foundation », Sabine de « Palana Environnement » chargée de donner une seconde vie aux détritus retrouvés par Manu et Isabelle Poitou, caution scientifique du projet qui a réalisé une cartographie des déchets de l’aventure de Manu ».

Humeur positive

Un tournage au cours duquel on s’aperçoit que quelques personnes sur cette Terre sont quand même prêtes à tout donner pour sauver la planète !

Jérémi espère que le « Grand Saphir » pourra toucher le plus de monde possible et notamment les plus jeunes. Pour cela, ils essaient tant bien que mal de contacter le ministère de l’Éducation nationale. « On a organisé des diffusions scolaires à Salon-de-Provence, et les retours sont très positifs ! ». Les petits, mais aussi les consommateurs adultes, doivent se sentir concernés par les dégâts que fait un emballage sur l’environnement, qui parfois n’ont pas conscience de l’impact sur la terre.

Un reportage qui se veut comme un électrochoc, pour montrer le désastre de la pollution. Pourtant, Jérémi est toujours resté positif en montrant aussi le bon côté des choses. « Le but encore une fois n’était pas de montrer la quantité de déchets rencontrés sur le périple, mais davantage l’action, la bonne humeur et l’énergie positive que mettent en avant ces citoyens “ordinaires” dans cette lutte écologique ».

Jérémi tient à laisser un message personnel, pour une fois de plus faire réagir…« Je citerais Ed Platt : « On est tous coupables, on est tous consommateurs, on est tous concernés et surtout on est tous capables d’agir pour sauver et préserver notre planète »

 

Mathilde Dandeu