Les mutilations sexuelles féminines… c’est quoi, exactement ?

200 millions de femmes ont déjà subi l’excision dans le monde, selon les Nations Unies. Le plus souvent, cette pratique est effectuée sur des fillettes de moins de 15 ans.

Selon l’Unicef, 3 millions de femmes par an sont susceptibles d’être excisées. Crédit : Reuters

La disparition du clitoris…

… C’est le but recherché par l’excision : supprimer l’organe du plaisir sexuel féminin externe. L’Organisation Mondiale de la Santé recense plusieurs formes de mutilations. Il y a d’abord la clitoridectomie, l’ablation partielle ou intégrale de la partie érectile de l’appareil génital. On parle d’excision lorsqu’en plus, les petites lèvres sont supprimées. Enfin, l’infibulation consiste à coudre les grandes lèvres ensemble pour rétrécir l’orifice vaginal. Généralement, ces opérations sont faites sans anesthésie et dans des conditions hygiéniques déplorables. Résultat : le risque d’hémorragie ou d’infection est très élevé. Les effets secondaires sont importants : perte du désir sexuel, douleurs chroniques… Sans parler des complications lors de l’accouchement. Si une mère a subi une infibulation, il se peut qu’au moment d’un accouchement, la tête du bébé reste coincée derrière la cicatrice. Un véritable traumatisme…

30 pays pratiquent l’excision

La majorité d’entre eux se trouve en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie. Selon l’Onu, la moitié des 200 millions de femmes excisées dans le monde se trouvent en Égypte, en Éthiopie ou en Indonésie. Habituellement , ces mutilations sont effectuées dès le plus jeune âge. En Gambie par exemple, 56% des filles des moins de 14 ans sont déjà excisées. La France est aussi touchée par ce fléau. Bien qu’interdites, environ 53 000 femmes issues de parents étrangers ont déjà connu des mutilations sexuelles.

Pour défaire les idées reçues, l’excision n’est pas dictée par une quelconque religion. C’est d’ailleurs pour cela qu’on la retrouve dans des pays variés. En fait, c’est plus une tradition culturelle, un rite, une transmission entre générations. Selon l’association « Excision, parlons en », les MSF constituent une « norme sociale » : « dans la plupart des communautés, l’excision persiste en raison d’un sentiment d’obligation sociale très fort. Par conséquent, même lorsqu’elles sont conscientes des répercussions sur la santé physique et psychologique de leurs filles, les familles préfèrent perpétuer la pratique pour ne pas subir de jugement moraux ». Dans certains pays, l’excision représente même un critère pour le mariage… Chez d’autres populations, cette pratique permet sinon de contrôler le désir féminin et d’affirmer la domination des hommes.

Émilie Moulin