Okinoshima, l’île interdite aux femmes classée au patrimoine mondial

L’Unesco ajoute une île japonaise dans sa liste des lieux culturels les plus précieux. Selon l’agence onusienne, Okinoshima représente « une valeur universelle exceptionnelle ». Seulement, elle est interdite aux femmes.

Une île interdite aux femmes classée au patrimoine mondiale de l’Unesco (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) ! Lors de sa 41ème session à Cracovie (Pologne), le comité a institué l’île de Okinoshima aux côtés du centre historique de Vienne en Autriche et de la ville d’Hébron en Cisjordanie, tous les deux menacés.

Certains membres avaient des réserves sur le fait que l’interdiction soit synonyme de discrimination. En effet, depuis des siècles, les femmes sont bannis de ce lieu sacré à cause de leurs menstruations. Mais, ce type de cas n’est pas inédit. En Grèce, le Mont Athos (2030 mètres d’altitude) obtenait une place dans le patrimoine de l’Unesco en 1988, pour ses 20 monastères orthodoxes. Pourtant, il reste proscrit à la gente féminine et aux enfants.

Un lieu saint isolé 

L’accès à l’île demeure limité à 200 hommes, et ce une fois par an. Chaque 27 mai, ces candidats masculins – présélectionnés – se rendent sur Okinoshima sans leurs effets personnels. Avant d’entreprendre leur visite, ils doivent réaliser leurs ablutions (acte de purification par l’eau) dans la mer. Pour leur retour, ils n’ont pas non plus le droit d’emporter des souvenirs.

L’archipel nippone est le 17ème site du Japon inscrit sur la liste. Sur 4 kilomètres de pourtour, il présente une large collection d’objets rituels et de tombes caractéristiques de la culture shintoïste. Toute l’année, un moine shintoïste y réside. Ses prières ont, notamment, pour objectif de protéger les navires japonais à travers l’Océan Pacifique.

C’est quoi le shintoïsme ?

Les shintoïsme, né au Japon, correspond à un religion polythéiste  (plusieurs dieux) inspirée de l’animisme. C’est-à-dire qu’elle repose sur la croyance en l’âme des éléments naturels comme le vent, des êtres vivants et même des objets. Pour ses pratiquants, le divin réside en la nature, en l’animal et en l’Homme. Il sont appelés « kami » en japonais. D’ailleurs, « shinto » signifie la « voie des dieux ».

Cette expression de la culture nippone est apparue à la fin de la période Jomon, civilisation paléolithique de potiers, vers 300 avant Jésus Christ. Mais, il demeure encore des doutes sur les origines de cette croyance. Après la seconde guerre mondiale, elle est révoquée de son trône de religion d’État et disparaît progressivement.

Temple shintoïste © Pixabay

Marie Boetti

Source Photo : Wikimedia Commons