« Photo retouchée » une mention bientôt obligatoire en France

Un décret publié dans le Journal Officiel, oblige les magazines et les publicités de modes à indiquer « Photo retouchée » pour tous les clichés dont les mannequins seront affinées.

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Le ministère de la Santé a indiqué : « Lorsque l’apparence corporelle des mannequins a été modifiée par un logiciel de traitement d’image, pour affiner ou épaissir leur silhouette » devront être signalé par la mention «  Photographie retouchée » et ce à partir du 1er octobre prochain.

De plus les mannequins devront fournir un certificat médical pour exercer leur activité, une mesure rentrée en vigueur hier (samedi 6 mai 2017). Il sera délivré par la médecine du travail : « Dans le cadre des visites d’informations et de prévention ou des examens médicaux d’aptitude » prévus par le Code du travail. Il sera valable deux ans, il attestera : « Que l’état de santé global de la personne, évalué notamment au regard de son indice de masse corporelle, lui permet d’exercer l’activité de mannequin. »

D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une personne est considérée comme maigre lorsque son indice de masse corporelle (IMC, qui correspond au rapport entre le poids et la taille) est inférieur à 18.

Ces deux dispositions misent en œuvre, « visent à agir sur l’image du corps dans la société pour éviter la promotion d’idéaux de beauté inaccessibles et prévenir l’anorexie chez les jeunes ( …) à protéger la santé d’une catégorie de la population particulièrement touchée par ce risque : les mannequins » a expliqué la ministère de la Santé française. Les troubles du comportement alimentaire touchent environ 600 000 jeunes en France, dont 40 000 anorexiques, ils sont la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route.

À l’étranger ?

Madrid fait parti des précurseurs dans la lutte contre l’extrême maigreur des mannequins. À partir de 2006, le pays interdit aux mannequins au-dessous d’un certain IMC de défiler lors du Pasarela Cibeles, un évènement majeur de la mode dans la ville. Le seuil de l’IMC fixé à un minimum de 18, soit 54 kg pour une taille de 1, M70. En 2007, le gouvernement espagnol ne s’arrête pas là et passe un accord sur le sujet avec certaines marques emblématiques du pays comme Zara ou Mango. Les enseignes se sont engagées à ne pas mettre en vitrine des mannequins d’une taille inférieure au 38 et de ne pas cacher les grandes tailles au fin-fond du magasin.

En février 2007 c’est au tour de l’Italie qui adopte un manifeste anti-anorexie. Il interdit les jeunes filles de 16 ans de défiler et impose aux mannequins de présenter un certificat médical prouvant qu’elles n’ont aucun trouble alimentaire. Plusieurs mannequins avaient pu être exclues de défilés de mode pour leurs « mensurations anormales ».

En Grande-Bretagne, une commission composée de mannequins, de couturiers et de responsables de l’industrie de la mode ont mentionnés plusieurs recommandations. Notamment une étude sur les troubles alimentaires dont sont victimes certaines jeunes filles ainsi que l’introduction d’un IMC minimum comme en Espagne. Le Conseil britannique de la mode (BFC) a ainsi rendu obligatoire le certificat médical pour participer à des défilés.

D’autres pays luttent contre cette guerre de l’anorexie comme la Belgique qui en 2009 avait proposé une première charte pour lutter contre l‘anorexie, puis en 2013, trois députés wallons ont souhaité aller plus loin et ont milité en faveur d’une législation contre l’anorexie.

L’Israël premier pays à mettre en place une loi interdisant le recrutement de mannequins trop maigres que ce soit pour défiler ou des photos de mode. Ce même texte a également mis en place la « loi Photoshop » en cas de modification du corps en vue d’amaigrir le mannequin.

Mathilde Dandeu (dimanche 7 mai)

(Crédit photo : Abacapress)