“À Couteaux Tirés”: la noirceur d’un polar coloré

En salle depuis le 28 novembre, « À couteaux tirés » est un savoureux mélange entre polar et humour !

Qui n’a jamais rêvé de jouer virtuellement au Cluedo, ce jeu assez macabre dont le but est de chercher au sein d’une famille celui qui a tué l’un d’eux ? « À Couteaux Tirés » nous plonge au cœur de cet univers sombre, inspiré des énigmes d’Agatha Christie. Glissez-vous confortablement dans votre fauteuil et tentez de trouver l’assassin du célèbre auteur de polars Harlan Thrombey, retrouvé mort dans sa belle et grande propriété le soir de ses 85 ans.

Une enquête est ouverte auprès des membres de sa famille. Tour à tour, ils sont questionnés pour découvrir l’assassin. Un clan non soudée, dysfonctionnel, se renvoyant la balle par peur d’être arrêté. Seul le personnel du vieil homme lui est dévoué, notamment son infirmière Marta, pour qui il avait une grande affection.

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Au milieu de ce chaos, le détective Benoit Blanc, engagé de manière anonyme par l’un des membres de la famille. Campé par Daniel Graig, ce dernier va devoir redoubler d’effort pour détecter chacun des mensonges et chacune des fausses pistes. Des rebondissements trépidants qui donnent un rythme dynamique au film et accentuent les caractéristiques des personnages et leurs mimiques. Lors de l’interrogatoire par exemple, où l’on passe d’une séquence à une autre. On y voit ceux qui se contredisent, ceux qui tombent dans le panneau des policiers ou encore ceux qui essayent de sauver leur peau !

Un film interactif

L’enquête enivrante de 2h11 permet aux spectateurs de ne pas seulement regarder le film. Eux aussi participent à cette « course contre la montre » afin de découvrir l’identité du meurtrier.

C’est l’une des grandes forces de ce long-métrage. Oui, car il y en a plusieurs ! Le réalisateur, Rian Johnson (Star Wars : les derniers Jedi), nous tient en haleine tout le long, en collectant chaque indice donné par Benoit Blanc. « À couteaux tirés » – « Knives Out » en anglais – est certes un thriller, pourtant, on rit beaucoup. Sous la noirceur du scénario, le réalisateur glisse une grande touche d’humour reflétant le registre des  comédies. Habitué à des interprétations plus strictes, l’acteur Daniel Graig nous offre une nouvelle image de lui, avec de nombreux clichés faisant références à Sherlock Holmes ou encore Hercule Poirot.

Un casting explosif

La réputation du détective, célèbre pour sa capacité à résoudre toutes les enquêtes, contraste avec ce comportement incongru, lui donnant un côté « humoristique ». On sent à quel point l’acteur s’amuse pendant le film. Le choix de ce nom, « Blanc », appuie cet humour. Les Britanniques ont du mal à le prononcer. Autre importance de ce nom, c’est la neutralité qu’il apporte à tout ce décor kitsch, dans un (presque) huis clos très coloré, comme on peut le voir sur l’affiche.

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« À couteaux tirés », ce n’est pas seulement Daniel Graig, mais une explosion d’acteurs et d’actrices qui surprend le public : Chris Evans, Ana De Armas, Katherine Langford, Jaeden Martell, Jamie Lee Curtis, Toni Collette, Michael Shannon, Don Johnson, Christopher Plummer, Edi Patterson, Riki Lindhome…

Des identités éclectiques

Outre le fait que ce film ressemble au Cluedo, il est un véritable terrain de jeu pour les comédiens, comme Jamie Lee Curtis, formidable dans le rôle de Linda, l’aînée de la fratrie qui ne mâche pas ses mots et a pourtant un amour considérable pour son défunt père. Sans compter qu’elle est la mère de Hugh (Chris Evans), le petit-fils adoré, mais le neveu et le cousin le plus détesté. Le jeune homme se moque de sa famille sans filtre et se laisse porter par la fortune de son grand-père. Toni Collette est incroyable dans la peau d’une pseudo influenceuse. Transparente aux yeux de tous, elle se laisse penser qu’elle est importante, ce qui donne une belle touche hilarante à son interprétation. Quant à Michael Shannon, incarnant Walt, on aime ses différentes facettes : sont côté raté, fils à papa et pourtant l’un des plus traîtres.

On soulignera aussi la grand-mère (K. Callan), que l’on voit peu mais qui a une grande importance dans cette histoire.« À couteaux tirés »,  est bien plus qu’une histoire d’enquête et d’assassinat.

L’image d’une Amérique sournoise

Rian Johnson souligne le pouvoir de l’argent sur les gens. À quel point il peut modifier la façon de penser et d’agir jusqu’à commettre l’irréparable pour être encore plus riche. C’est aussi une bonne leçon de vie pour toutes ces familles fortunées prêtes à tout pour toucher la plus grande part de l’héritage.

À travers cette ascendance, le réalisateur laisse transparaître cette image d’une Amérique divisée, emplie d’hypocrisie. Un faux semblant que l’on perçoit avec l’infirmière, Marta, éclairée par la comédienne Ana de Armas. Considérée comme étant de la famille, elle est traitée comme une simple servante. Sous leurs sourires et leur « gentillesse », ils ne portent aucun intérêt pour elle. Pire, aucun membre n’est capable de dire quelle est sa véritable origine. Pourtant, cette jeune fille prend une grande place dans le film, qu’elle partage avec la grand-mère. Cette tasse aussi que l’on voit en gros plan dès les premières minutes et à la fin.

Chaque détail, chaque personnage, chaque objet s’avère crucial dans « À couteaux tirés ». Alors, ne laissez rien vous échapper.


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