Alix Bénézech, l’actrice de toutes les générations

À l’affiche du film « Pygmalionnes », l’actrice Alix Bénézech s’est livrée dans un long entretien pour PressEyes. Elle nous parle de son envie de devenir actrice, mais aussi comment en tant que femme elle s’est fait une place dans le 7e art.

Direction le café Emporio Armani, boulevard Saint-Germain à Paris, pour rencontrer l’actrice Alix Bénézech. Je suis gentiment accueillie par Sylivie Castioni, son agent d’image, qui fait une exposition de photos non loin d’ici à partir de 18h. Alix arrive en même temps, le sourire aux lèvres et toute pétillante. La comédienne nous montre sa manucure rouge flamboyante, très bien réalisée, à quelques pas du café. Une nouvelle couleur et une nouvelle coupe de cheveux. La jeune femme blonde est passée au brun avec une petite frange ravissante. Notre discussion 100% girly terminée, nous plongeons dans une longue discussion sur le parcours d’Alix Bénézech. Je suis impatiente de savoir comment elle a réussi à devenir l’une des messagères les plus importantes de l’écran français.

Dans la peau des hommes 

Alix Bénézech débute le théâtre à l’âge de sept ans. C’est la scène qui la pousse à faire de cette passion son métier. « C’est quand j’étais sur scène à jouer Christine Daaé, dans ‘Le Fantôme de l’Opéra’ que je me suis dit que c’était le métier que je voulais faire ».

Toute petite, elle aimait déjà mettre en scène, diriger ses camarades de classe, distribuer des rôles à chacun d’entre eux et à elle-même. À  ma grande surprise, l’actrice me confie qu’elle se donnait essentiellement des rôles d’hommes ! Comme quoi, chacune de nous a également son côté masculin. « Je trouvais que, dans le répertoire classique, c’étaient les rôles les plus intéressants. J’avais cette approche assez originale du métier très très jeune ». Une approche qu’elle a gardée en grandissant. Pour la comédienne, on ne doit pas mettre de genre sur son métier. « Pour moi, c’est un métier dans lequel on devrait être libre de pouvoir tout interpréter : liberté des corps, liberté d’interprétation, liberté des textes. Je ne mets pas de frontières, j’essaie d’explorer mon travail dans toutes ses dimensions, parce que c’est génial de faire ça et c’est super pour le public aussi »

https://www.instagram.com/p/B6L1MvuoUhs/

Une ouverture d’esprit qu’elle explique par son enfance. À l’école, elle n’a jamais connu la discrimination. Elle aimait jouer aux « jeux de filles » comme aux « jeux de garçons » avec ses camarades, sans que l’on se moque d’elle ou lui fasse des remarques. Une chance lui offrant l’opportunité aujourd’hui de faire passer de beaux messages auprès de son public. Celui d’être libre d’être qui on veut et de ne pas faire attention aux regards des autres ou écouter les jugements mal placés. « Je crois que la vie d’acteur, c’est de raconter des vies, d’être des passeurs de vies antérieures ou d’histoires universelles, d’histoires d’humanités. Le théâtre c’est ça. Dans la tragédie grecque, il y avait vraiment un rôle politique, social, humaniste. C’est un métier très humaniste. C’est ça que j’aime ». Une belle vision de ce monde artistique. 

Du cinéma au petit écran ! 

Alix Bénézech ne refuse aucun support, elle veut pouvoir explorer toutes les techniques et contribuer aux nouveaux moyens de mettre en images des scénarios grâce à Internet et ses divers réseaux sociaux. Du cinéma au petit écran, des films grand public aux films d’auteur, la comédienne a su se faire une place. « C’est quelque chose qui est venu naturellement. Je ne me suis pas imposée, on est venu à moi. On m’a proposé des choses et j’ai eu cette ouverture et cette disponibilité. J’aurais pu dire non. Ce qui me plaisait, c’étaient le personnage, l’histoire, le support, l’originalité, ça avait du sens ».

Depuis ses débuts en tant que professionnelle, la comédienne a su projeter l’image de celle pouvant tout interpréter. Jamais elle ne s’est laissée figer dans une seule et même case ou dans un genre de rôle. Elle donne de l’espoir pour les débuts de toutes ces jeunes actrices. Des jeunes filles qui n’osent pas refuser ou se lancer au devant de la scène sur des rôles qu’elles pensent interdits aux femmes, ou qu’elles pensent ne pas être capables de jouer. Un message confirmé notamment avec son rôle de policière dans « Mission Impossible : Fallout » aux côtés de Tom Cruise. Le personnage était au départ attribué à un homme. Tom Cruise a finalement préféré que ce soit une femme qui se glisse dans la peau d’un flic et plus particulièrement Alix Bénézech ! Une réussite pour la jeune femme fière de l’accomplissement de tout son travail. « J’ai pu imaginer ce que j’avais envie de raconter, car il y a beaucoup de confidentialité dans les contrats américains. Je ne savais pas exactement comment allait se traduire ce personnage. La scène, je l’ai eu très peu de temps avant de tourner, donc ça m’a laissé le temps d’avoir recours à mon imagination et puis aussi de m’intéresser à ce que c’était d’être une femme policière aujourd’hui ».

https://www.instagram.com/p/B5Ij3dSgCOk/

Un tournage d’autant plus important et intense, qui s’est déroulé pendant les attentats de Paris. La comédienne a pu ressentir cette pression du réel, lui apportant une force pour son personnage. « Il y avait quelque de chose de très fort. C’était particulier comme tournage, hyper beau et génial. Tom Cruise et Christopher McQuarrie ont vraiment redonné ces lettres de noblesse à Paris. Ils étaient très affectés par ce qu’il s’était passé, comme tous.  C’était aussi une façon de faire un cadeau à Paris, dire aux gens de revenir dans cette ville, de laisser leur peur, parce que de l’étranger c’est effrayant »

« Il y a une part divertissant, mais aussi d’éducation »

Depuis cinq ans, Alix Bénézech donne vie à Dorothée dans la série « Nina », diffusée sur France 2. Encore une fois, elle a tenu à ne pas simplement jouer, mais à faire passer un message important. Dorothée, une stagiaire infirmière, est dans le scénario décrite comme une jeune femme dénuée de réflexion. Elle est l’archétype du personnage de stagiaire en blouse blanche assez légère, pouvant parfois paraître idiote. « Je me suis dit ”Ce personnage, il est écrit comme ça. Pourquoi ? Qu’est-ce que je pourrais lui donner comme âme, comme corps ?’ Je me suis dit que ça devait être une femme encore ancrée dans l’enfance. Quand j’ai lu le texte et le scénario, je me suis renseignée et je me suis aperçue que c’était une femme très fan des séries médicales comme ‘Urgences’. Elle tombe amoureuse des acteurs qui sont dans ces séries et rêve un peu son métier au tout début ».

Le public s’accroche à ce personnage qui est l’une des figures comiques de la série. Mais au fil du temps, on n’y voit une femme résiliante, grandie, mûre et forte. En novembre dernier, était diffusée la saison 5. Une saison dramatique pour la jeune femme victime de harcèlement. Un sujet crucial pour l’actrice et essentiel à aborder sur une chaîne de service public, qu’elle considère comme éducative, bien que divertissante. « C’est un sujet dont on a parlé avec Alain Robillard, le directeur artistique de la série. Il m’a laissé la liberté de parler de ce sujet-là. Ensuite, c’est lui qui a tout écrit et donner corps à ce que je lui avais raconté.(…) Il y a une part divertissant, mais aussi d’éducation, d’ouverture, pour comprendre les filles qui vivent ça. Car ça nous est toutes arrivé, on a toutes des histoires, peut-être pas aussi dramatiques, mais on a toutes des histoires comme ça malheureusement dans notre vie de femme ».

https://www.instagram.com/p/B4QFDy0CtTT/

Une conversation qui nous emmène au film « Pygmalionnes », dont elle est à l’affiche au cinéma. Une histoire mettant en avant onze femmes, toutes générations confondues. Ensemble, elles évoquent la figure féminine au sein du 7e art. Réalisé par Quentin Delcourt, le film parle à tous. Alix Bénézech nous le décrit comme « un documentaire romancé ». « C’est très bien filmé. Quentin, c’est un amoureux des femmes, des actrices et il les filme de manière assez belle ».

Prochainement, la jeune femme s’envolera pour les États-Unis, où elle va tourner un long-métrage intitulé « Juliette ». 

Une rencontre riche en émotions. J’ai découvert une actrice belle artistiquement et humainement.