Anne Depétrini : la télévision, un monde de partage

La télévision est un domaine que Anne Depétrini a toujours admiré. Plus que le simple fait de montrer des images, il représente aux yeux de la comédienne une ouverture sur le monde. Celle-ci s’est livrée à PressEyes sur cette passion.

 Aimer la télévision tout en ayant l’interdiction de la regarder durant son enfance ? C’est bien le paradoxe que vit Anne Depétrini. « La télévision, c’est une grande histoire pour moi. J’ai été élevée par des parents qui n’aimaient pas ça, je n’avais le droit de la regarder que deux heures par semaine », confie la comédienne.

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Dès son plus jeune âge, elle s’éprend pour l’écran. Son rêve ? Pouvoir passer derrière. Mais comment y parvenir quand on n’y est pas autorisée ? Anne Depétrini fait alors de longues études en commerce, ne sachant pas quoi faire réellement. Elle effectue aussi un master en journalisme. « Devenir journaliste était pour moi une façon de pouvoir peut-être faire de la télévision », ajoute-t-elle. Elle débute dans une presse économique, bien loin de son rêve. Il faut bien qu’elle travaille et quitte le nid parental. « Comme je n’avais pas eu le droit de télévision, dès que j’ai eu mon appartement je la regardais toute la journée ». Elle considère ce boîtier comme un moment d’évasion, d’ouverture sur le monde, une ouverture sociale.

L’appel de la chance

Anne Depétrini regardait souvent Canal+ jusqu’au jour où, sur un coup de tête, elle prend le téléphone… « J’ai appelé le standard de la chaîne et j’ai demandé s’il y avait des casting. La fille m’a répondu « oui, aujourd’hui pour la météo ». J’ai eu de la chance. Comme quoi, parfois il faut s’écouter ». La jeune journaliste n’hésite pas une seconde et se rend sur place. Elle se trouve face à des actrices, des mannequins et se demande un peu ce qu’elle fait là.

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Ce n’est pas grave. Elle ne se relâche pas et veut sa place. Un hasard, une chance – ou tout simplement son professionnalisme – lui permet d’être sélectionnée. Enfin, elle va pouvoir faire ce dont elle a toujours rêvé. Anne Depétrini reste trois ans à l’antenne. « Quand Alain De Greef et Pierre Lescure sont partis, j’ai décidé de quitter Canal+. Parce que c’était cette équipe là qui m’avait permis de faire ce que j’avais envie de faire et puis c’était avec eux que j’aimais faire de la télévision ». Une page qui se tourne et une nouvelle qui s’ouvre vers le cinéma.

De l’écriture à la réalisation

Après sa carrière journalistique, Anne Depétrini doit rebondir. Passionnée par l’écriture, elle décide de rédiger son premier film « Il reste du Jambon ? ». Le succès est au rendez-vous. Anne Depétrini a trouvé sa nouvelle voix et enchaîne la réalisation de plusieurs longs-métrages dont « L’école est finie ». Des comédies, mais qui révèlent toujours un fait social. « Comme je ne sais pas me battre, que je ne suis pas agressive, je me suis toujours défendue à travers l’humour. Parler socialement de ces sujets à travers la comédie peut apporter quelque chose de plus profond. Après il y a des films assez dark que j’adore, mais pour le moment mon billet d’expression est l’humour ».

La scénariste est fascinée par les gens qui la surprennent sans cesse. Elle aime ce rapport de différence et d’appartenance. Venant d’un milieu social favorisé, elle s’est aperçue que ses rencontres les plus intéressantes étaient celles qu’elle faisait toujours en dehors de son cercle de confort.

Petite fille d’Italiens immigrés, elle voit la société actuelle d’un œil plutôt optimiste. Selon elle, le racisme n’est plus tellement racial, mais surtout social. « Mes enfants ont des origines algériennes, et ce n’est plus un sujet. Même au cinéma, ce n’est plus un sujet car on en n’a fait le tour. Je suis consciente qu’il y a encore plein de choses à gérer et à faire progresser, mais quand on prend un temps de pause et de recul, je crois que l’on n’est pas si mal. L’injustice, il y en aura toujours, notamment avec l’argent et l’appartenance sociale ».

L’ex-animatrice évoque également le fait qu’il est important que le cinéma ne francise pas une personne d’origine maghrébine pour éveiller les consciences. « Si tu décides de réaliser un film en prenant une actrice d’origine maghrébine et que tu l’appelles Isabelle exprès, je trouve que c’est faire une sorte de racisme à l’envers. Tu peux continuer à dire qu’elle s’appelle Leila et qu’elle est avocate. Là oui, ça existe ».

Pour finir cet échange cinématographique et culturel, Anne Depétrini me confie la préparation de plusieurs projets mettant en valeur les femmes. On hâte de découvrir cela !


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