Un nouveau son pour Bring Me The Horizon
Certains
passeront cette revue sans même la lire, rien qu'après avoir vu de
quel groupe il allait être question. Et c'est là qu'ils auront
tort, parce que Bring Me The Horizon a bien évolué depuis la sortie
de leur premier album Count Your Blessings, une pure gueulante
qui ne plaisait qu'aux purs et durs, ou alors aux midinettes
hypnotisées par le regard envoûtant du leader Oliver Sykes. Les
Britanniques, originaires de Sheffield, livraient alors un scream –
bien maîtrisé par Oli, mais tout de même plutôt assommant à la
longue – porté par de gros riffs de guitare, rien de très
recherché, c'était puissant mais demeurait tout de même assez
plat.
C'est
avec leur deuxième album sorti en 2008, Suicide Season, que
les membres de Bring Me The Horizon ont prouvé qu'ils étaient tout
à fait capables de créer un son plus mélodieux, qu'Oli savait
chanter aussi bien qu'il savait brailler, et les textes de leurs
chansons étaient plus profonds, les paroles (qu'elles soient
chantées ou screamées) vous prenaient aux tripes... Ils
réitèrent en 2010 avec There is a hell, believe me I've seen it,
there is a Heaven, let's keep it a secret et ils transforment
aujourd'hui l'essai avec Sempiternal. Certains regretteront
les cris incessants d'Oliver Sykes, mais sa voix éraillée et
largement plus compréhensible est elle aussi une preuve que le
groupe a su prendre en maturité. Sur Sempiternal, même les
guitares semblent avoir été reléguées au second plan, au profit
du clavier qui prend la place d'instrument principal. On y retrouve
des arrangements électroniques pouvant nous rappeler des groupes
comme Linkin Park (même la voix d'Oli a certaines similarités avec
celle du Chester Bennington des débuts, avant qu'il ne s'assagisse),
mais les fans de la première heure ne seront pas déçus :
encore une fois, Bring Me The Horizon a réussi à concocter un album
qui ne ressemblait qu'à lui, à l'image de l'excellent titre Shadow
Moses. Et pourant, les Anglais parviennent à montrer que leur
répertoire reste large, et ne se limite pas au screamo des débuts.
Aujourd'hui, leur son metalcore passe des cris torturés qu'on
lui connaissait à un chant clair et plein d'émotions.
Cet
album pourrait (peut-être) aussi réconcilier le groupe avec leurs
détracteurs, si ces derniers sont néanmoins suffisamment ouverts
d'esprit pour prendre le temps d'écouter Sempiternal d'un
bout à l'autre. Bring Me The Horizon a gagné en maturité et offre
à ses amateurs un son propre et soigné. Peut-être pas le disque
que vous écouterez en boucle, mais certains critiques des plus
réticents ont fini par l'apprécier, alors pourquoi pas vous ?
En attendant, jetez un oeil (ou même les deux, soyons fous) au clip de Shadow Moses :