Bruno Sanches : l’univers merveilleux d’un acteur authentique

Brunos Sanches, acteur, Je te promets, OCS, TF1

Crédit Photo : Camille Wodling

À l’affiche de la série évènement « Je te promets », diffusée sur TF1, le comédien Bruno Sanches nous confie le pouvoir extraordinaire des costumes pour s’imprégner de ses personnages.

Je vous embarque à la rencontre du comédien Bruno Sanches, dans un appartement privé du 17e arrondissement de Paris. À mon arrivée, c’est l’heure du goûter. Bruno Sanches est confortablement installé sur un canapé d’angle noir prenant des forces avec quelques pastéis de nata (flan portugais). « Vous en voulez ? » Je décline gentiment. « Je ferme la boîte sinon je ne vais plus m’arrêter ! », lance-t-il. La boîte fermée pour éviter toute tentation, nous commençons notre voyage à travers les personnages et les costumes de Bruno Sanches.

Rencontre théâtrale

Bruno Sanches débute la comédie à l’âge de 9 ans. C’est un enfant insouciant qui se met dans la peau de personnages comme il le fait dans sa chambre. Il ne se doute pas qu’un jour ce jeu distrayant deviendra son métier. « Mes parents ne sont pas du tout du milieu, je suis enfant d’immigrés d’origine portugaise. C’est cliché, mais ma mère faisait les ménages et on lui disait souvent que j’étais photogénique. J’étais un enfant introverti à l’école et quand j’en ressortais je m’exprimais. Ma mère s’est dit ça se sent qu’il ne va pas être très bon à l’école et il y a peut-être quelque chose à creuser là-dedans. »

Les mercredis et les samedis, ils partent à la chasse aux castings. Ils se feront avoir plusieurs fois, avant que la maman du jeune comédien comprenne comment fonctionne ce milieu. « C’est quelqu’un d’assez débrouillarde et j’ai commencé à travailler assez vite, à faire des pubs, des téléfilms, puis des films et je travaillais comme ça tous les ans quasiment. »

Bruno Sanches finit par intégrer le Cours Florent où il se laisse surprendre par la beauté des textes de théâtre. « J’ai pris conscience que je faisais essentiellement de l’image. Quand je suis arrivé au Cours Florent, j’ai découvert le théâtre, j’ai découvert les textes et je me suis dit ‘Ah ouais, c’est vraiment ça que je veux faire en fait’. »

Le cinéma, la télévision, le théâtre… Peu importe. Bruno Sanches veut donner vie à des scénarios et à des personnages. « C’est un exercice qui est à chaque fois différent, mais j’aime jouer. »

La force du costume

Les personnages s’enchaînent et diffèrent les uns des autres. Bruno Sanches a pour chacun d’eux une méthode précise, pour être le plus juste et authentique possible. Pour la série Moah, disponible sur OCS, où il incarne un homme de Néandertal, l’acteur se documente sur des faits anthropologiques pour éviter tous les clichés de l’homme singe.  « Il y avait vraiment un travail de fond. Après, ça va dépendre, il y a des personnages qui viennent tout de suite, puis il y en a d’autres où tu vas en parler avec le réalisateur. Tu vas faire quelque chose et il va te dire qu’il ne le voyait pas comme ça et il t’en parle (…) Tu mets toujours un peu de toi dedans et ça apporte toujours un peu de ta sensibilité. Parfois, le réal n’est pas trop en accord avec ta proposition. C’est un travail à deux que tu façonnes. Les costumes, ça aide vachement. »

 
 
 
 
 
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Les costumes, les décors, sont des éléments essentiels pour aider le comédien à s’approprier ses personnages. Il me fait part de Magnus, l’un de ses rôles phares aux côtés d’Alain Chabat dans Santa & Cie. Un film familial qui nous transporte au cœur de la magie de Noël. Quelques jours avant de déposer les cadeaux sous le sapin, Magnus tombe malade et contamine les 92.000 lutins. Santa Claus a pour mission de sauver la fête et de guérir au plus vite ses lutins avec de la vitamine C ! « Ce qui m’a fait rentrer dans Magnus, c’est une paire de lunettes que j’ai choisie. Enfin, j’ai fait une sélection et, avec Alain, on a choisi cette paire de lunettes. En la mettant, Magnus était tout de suite là, c’est ouf ! », m’explique Bruno Sanches tel un enfant encore sous la fascination de ce personnage.

Le comédien se plonge dans ses souvenirs. Il se rappelle ce professeur, Jérôme Pouly, sociétaire de la Comédie-Française. « Il a essayé des bottes et il a dit : ‘Tout de suite en mettant ces bottes mon personnage a existé’. Pendant deux mois, il n’avait que ces bottes aux pieds. Bien sûr parfois, il y a des personnages qui sont très complexes à chercher. Puis d’autres viennent à toi et tu ne comprends pas pourquoi. C’est avec une paire de lunettes ou une paire de bottes. »

Les coulisses de « Santa & Cie » !

C’est à mon tour d’être ébahie comme une enfant, lorsque Bruno Sanches me dévoile les coulisses du tournage de Santa & Cie ! Un film éblouissant grâce à tous ses décors féériques à l’image de Noël. Pourtant, sur le plateau, c’est un tout autre univers qui entoure les comédiens. « Beaucoup de gens critiquent les fonds bleus, mais c’est absolument génial pour un comédien, parce que c’est quelque chose de neutre. »

Exit les grands sapins de Noël lumineux ou les cadeaux géants ! Les comédiens se plongent seulement dans leur propre imaginaire pour s’imprégner d’une atmosphère envoûtante. « Alain va te dire ‘Imagine qu’il y a un canon à peinture et que là il y a une marre de chocolat et tu dois plonger dedans’. J’avais vraiment la liberté d’imaginer ce qu’il disait, mais à ma manière. Ça te laisse un champ des possibles qui est infini. »

Alain Chabat (Santa Claus) et Bruno Sanches (Magnus) forment un duo remarquable. « Alain devait parler à ma hanche. Moi, je devais parler à un truc qui était situé à dix mètres de haut et le suivre tout le temps. On jouait nos dialogues, mais sans jamais se regarder et ça, pour le coup, c’est hyper compliqué parce que c’était un plan séquence et notre regard naturellement revenait l’un vers l’autre et on se tapait des barres, “il faut recommencer”. Je parlais à des balles de tennis pour faire 92.000 lutins. Tu dois créer un personnage, jouer avec lui, mais c’est une balle de tennis et tu dois te souvenir de ce que tu as fait. C’était assez schizophrénique, mais c’était ouf. » 

Je sens Bruno Sanches encore émerveillé par ce tournage, lui laissant de belles images en tête. Il me confie y avoir amené sa fille, âgée à l’époque de trois ans. « Elle croyait encore au père Noël. Quand elle est venue sur le tournage, je lui ai présenté le père Noël car il était en costume (Alain Chabat). Il y avait aussi le traîneau. Il a joué le jeu et c’était vraiment ouf. Ça montre surtout l’humanité de ce mec. »

Bruno Sanches a une admiration pour ce grand comédien qu’est Alain Chabat. Puis c’est avec beaucoup d’émotion qu’il souligne la participation de Jean-Pierre Bacri dans Santa & Cie en Père Noël rouge.

Le fruit du hasard

On retrouve aussi Bruno Sanches dans la série évènement « Je te promets », diffusée sur TF1. Inspirée de la série américaine This Is Us, l’histoire suit une famille à travers ses moments de joie, de doute, de peur ou encore leur quête d’identité.

Une adaptation avec un beau casting : Hugo Becker, Camille Lou, Marilou Berry, Guillaume Labbé, Narcisse Mame et notre Bruno Sanches dans la peau de José. « C’est le meilleur ami du père qui est joué par Hugo Becker. On va les voir tous les deux, voir leur amitié très forte et comment ils ont construit leur avenir et les vicissitudes de leur vie au fil du temps. On va observer que José a toujours été un soutien d’Hugo. Il va beaucoup l’aider dans les décisions qu’il prendra ou pas dans sa vie, et puis ils vont travailler ensemble. »

C’est pour l’acteur un bel hasard de faire partie de cette nouvelle aventure. Le comédien me raconte avoir commencé à regarder This Is Us lors de la grossesse de sa femme. Puis, sa fille a vu le jour :  biberons et couches prennent le dessus, plus le temps pour les séries ! « Je n’arrêtais pas de dire à ma femme ‘Cam, il faudrait que l’on se re-mate This Is Us ’ et on m’a proposé « Je te promets ». Je lui ai dit ‘C’est complètement ouf quand même !’ »

Si le comédien dit oui, il est tout de même sceptique face à une version américaine qui fait un carton. Pour lui, c’est certain, la version française n’a pas le droit à l’erreur et doit être à la hauteur de son original. Les scénarios en main, Bruno Sanches est conquis : « C’était vraiment super bien foutu. »

Une fois de plus, c’est lors de l’essayage costume que José vient à lui. Bruno Sanches est vieilli partiellement. Il a les cheveux plus longs, on lui fait une coupe à la Mike Brant avec de longues pattes sur chaque côté. Enfin, il est habillé avec des vêtements des années 1970. Dans le miroir, le comédien y voit le reflet de son père et c’est à partir de cet instant qu’il réussit à donne vie à José. Avec le réalisateur, il lui invente un passé, celui d’un immigré issu de la première vague d’immigration portugaise dans les années 1950.  « Puis avec Hugo, ça a matché de suite, on a eu une espèce de relation hyper pote qui nous a servi pour nos personnages. »

Complicité de tournage

Bruno Sanches décrit cette équipe de comédiens comme formidable. Il évoque Camille Lou qui incarne Florence. Une actrice qu’il connaissait seulement pour sa participation dans Danse avec les Stars. Bruno Sanches est curieux de voir ce que la comédienne dégage face à une caméra.

À son arrivée sur le plateau à Rochefort, près de la Rochelle, il est installé à côté de Renaud Bertrand, le réalisateur. Il est derrière le combo et ne voit strictement rien. Camille Lou est de dos avec une perruque des années 1960. « Action », l’actrice se retourne : « Je t’assure, j’étais contre ma chaise et quand elle s’est retournée, je me suis avancé sur le combo car elle m’a complètement happé. Ce n’est pas pour vendre le truc, mais j’ai rarement vu quelqu’un envoyer autant. » Il la décrit comme une femme pleine de générosité, sincère et à l’écoute des autres.

Une belle équipe qui compose ce nouveau programme TF1 avec des personnages auxquels de nombreux Françaises et Français pourront s’identifier. « This Is Us c’est mortel, mais ça raconte une culture américaine que l’on connaît et qui nous est lointaine au final. On est habitué parce que l’on voit beaucoup de sujets américains, là on va regarder une série qui va parler de 1981, de l’arrivée de Mitterrand, comment les gens vivaient au moment de la transition de Giscard d’Estaing, c’est hyper politique. Comment on bossait, comment on gérait un taff, une famille, la maternité, la paternité… Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui vont se retrouver. »

L’impact du comédien

Bruno Sanches sera également dans la série 30 vies, diffusée prochainement sur France 2. Une série basée sur la vie d’un lycée, celle d’un professeur d’histoire (Guillaume Labbé) en deuil qui va s’oublier en aidant tous ses élèves à surmonter leurs propres maux : la grossophobie, l’homosexualité, le racisme. Tout comme « Je te promets », cette série nous embarque dans une véritable identification du public à l’un des personnages.

Des programmes importants, vecteurs de messages essentiels pour aider certains d’entre nous. « Il faut qu’il y ait du fond et c’est génial si les gens peuvent se reconnaître. Si ça peut faire réfléchir ou alors aider des gens à parler, c’est hyper satisfaisant. Évidemment, quand on joue, on satisfait aussi un plaisir, il y a de l’ego, comme dans tous les boulots je pense. Mais si en plus tu peux le transmettre aux gens et que ça peut aider, c’est que tu as réussi. » 

On retrouvera aussi Bruno Sanches dans la série HPI sur TF1 aux côtés d’Audrey Fleurot, qui devra faire face aux flics ! Et si vous avez envie de rire et pleurer, n’hésitez pas à passer un bon moment devant Le talent de mes amis  d’Alex Lutz, disponible sur Netflix.

Bruno Sanches fait partie de ces acteurs qui savent nous faire rire, pleurer, nous portent dans un monde imaginaire ou dans le passé. Une carrière éclectique pour un comédien qui connaît ses valeurs, sans oublier de parler de celles des acteurs et des actrices qui l’entourent dans chacun des projets partagés.