Candice Mahout, une journaliste pour la vie

J’ai eu la chance de rencontrer la pétillante Candice Mahout, chef du service culture de BFMTV. Une interview dans laquelle elle se livre sur sa passion pour le journalisme.

 

Devenir journaliste n’était pas dans les projets de Candice Mahout. Étudiante en école de commerce, ce qu’elle voulait faire à tout prix c’était de l’image. « J’avais fait des stages sur des plateaux de cinéma, j’ai fait de la régis, j’ai été assistante réalisatrice sur un autre stage. Comme j’étais en école de commerce, on me voyait plutôt du côté de la production. Mon problème, c’est que je voulais être sur les plateaux, ça ne m’intéressait pas d’être dans les bureaux ». Candice Mahout se retrouve confrontée à plusieurs dilemmes : devenir technicienne ? Mais elle ne se voyait pas dans cet univers. Devant la caméra en tant qu’actrice ? Un peu difficile si tu n’es pas de ce milieu… « Dans le cinéma si on n’est pas ‘fille de’, il faut avoir la foi et galérer, sinon il n’y a pas de soucis. Mais ce n’était pas non plus mon envie profonde. Je me suis beaucoup posé de questions, puis à la fin de mon école de commerce avec tous ces petits stages, je suis rentrée à TF1, en contrôle de gestion. J’avais décidé de prendre un an de césure, pour prendre le temps de savoir ce que je voulais faire et comme j’aimais l’image, je me suis dit que j’allais essayer une chaîne de TV ». Une expérience qui est loin d’être le stage rêvé de la jeune femme, qui s’ennuie énormément. « Il y avait encore à l’époque une DRH formidable, qui m’a convoquée parce que ma chef de service avait bien vu que je n’étais pas super contente. Elle m’a fait parler et à la fin elle m’a dit : ‘je me demande pourquoi vous n’essayerez pas du côté des journalistes’ ».

Quand le journalisme devient une révélation

Candice Mahout qui n’a aucun bagage journalistique est étonnée par cette proposition. Curieuse, elle se lance tout de même. Par chance,David Pujadas cherche une assistante de rédaction pour son grand journal sur LCI. « Elle m’a prévenue que je n’étais pas la seule, qu’il y avait des gens de Sciences Po ». Elle passe une journée entière aux côtés de l’équipe du journaliste. Le lendemain, la jeune femme est choisie. C’est alors que tout bascule et qu’elle a une révélation. Candice Mahout est passionnée par le journalisme et veut en faire son métier. « J’ai demandé à David Pujadas son avis. Je lui ai dit ‘la chaîne d’information ça me plaît vraiment. Qu’est-ce que je peux faire à ton avis pour trouver du boulot’. Il m’a dit fait une école ». Toujours étudiante en commerce, elle finit tout de même son année et prépare en parallèle ses concours pour rentrer en école de journalisme. « Je suis rentrée au CFJ et c’est là que j’ai appris un peu sur le tas ».

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La télévision, son plus grand désir

En école, beaucoup hésitent entre la radio, le web, la presse écrite ou la télévision. Candice Mahout savait déjà que ce serait l’écran ! « J’aimais vraiment l’image. Ce n’était pas être juste devant la caméra particulièrement, c’était vraiment parce que j’aimais l’image, le reportage et c’était la façon de travailler en équipe à l’époque qui me plaisait. C’est moins le cas aujourd’hui malheureusement, mais à l’époque on partait à trois : un sondier, un cameraman et un reporter, c’était le cas en fin de stage chez TF1 ». Elle aime cet échange qu’il peut y avoir dans l’équipe, l’ambiance et découvrir les choses ensemble. « Aujourd’hui il y a des JRI qui partent tout seul, on ne part plus jamais à trois. On ne part plus avec les sondiers, on fait le son nous-même ». Si le journalisme lui est tombé dessus, se spécialiser dans l’univers culturel aussi… « Vous allez vous dire que décidément je fais tout au hasard et que je me laisse porter au grès du vent, mais vraiment pas. En même temps, on ne se rend pas bien compte pour ce quoi on est fait, et il se trouve que ma personnalité sans doute m’a amenée à ça ».

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Pourtant ce qui faisait rêver la journaliste, c’était l’aventure, le reportage, être au cœur des conflits. Dans sa tête, journaliste culturelle s’était être une encyclopédie en soi, connaître tous les films, toutes les musiques, tous les livres… « Il faut juste être curieux, aimer aller au cinéma, aller voir une expo. On n’est pas obligé de tout connaître et ça je m’en suis aperçue au fur et à mesure. J’ai fait deux ans à Capital sur M6, on me faisait faire que les sujets un peu mode, culture… A BFMTV, qui était une chaîne éco au départ, ils se sont beaucoup plus ouvert au bout d’un an à d’autres sujets. C’est le directeur de la rédaction de l’époque Guillaume Dubois, qui m’a dit qu’il aimerait partir sur des sujets un peu showbiz et qu’il avait donc pensé à moi ». Candice Mahout accepte. Elle assume qui elle est, ce qu’elle inspire. « J’en aurai sans doute rêvé que je n’aurai pas osé, mais voilà il m’a confié cette rubrique. Et je ne suis plus sortie de ce domaine qui est passionnant ».

 Ses plus belles rencontres

 Un monde dans lequel elle est amenée à rencontrer de nombreuses personnalités, dont elle ne se lasse pas. Je la comprends, surtout quand elle m’avoue que ses plus belles rencontres sont George Clooney : « il vous parle de tout, il vous parle politique, de sa vie personnelle, de cinéma, de ses projets… » Ou encore « Scorsese face à qui on se fait tout petit, on écoute ». « Ce genre de personnes sont vraiment impressionnantes. » Et pour finir « Robert Redford qui était ma rencontre phare ». « Je suis arrivée, c’était minuté, j’étais encore jeune je n’avais pas trop la conscience de ça. J’ai passé la moitié de mon temps à lui expliquer la Saint Robert, car je l’ai rencontré ce jour-là et je voulais lui souhaiter en anglais. Là il me regarde et il me dit : ‘mais de quoi vous me parlez ? ‘ Car aux États-Unis je ne savais pas, mais les Saints ça n’existe pas, donc je lui ai expliqué qu’en Europe, on faisait ça. J’ai perdu un peu de mon timing, mais c’était un grand moment. Lui qui me demande où je vais en vacances, pourquoi j’ai cet accent… C’était vraiment une sublime rencontre ».

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Comme tout le monde, elle a ses coups de cœur et son rêve serait de pouvoir rencontrer Jane Fonda : « Elle est passée à Paris et malheureusement on s’est ratée de peu. Elle est une brillante féministe, engagée, et c’est une formidable actrice. Il y a aussi Meryl Streep que j’ai dû interviewer une fois rapidement. Mais ça c’est des femmes, c’est quand elles veulent ».

 Le journalisme, un métier critiqué !

Une amoureuse de son métier, mais qui est consciente que ce n’est pas non plus tous les jours facile. Un métier qui fait souvent l’objet de critiques auxquelles elle doit faire face notamment lors d’affaires délicates concernant les célébrités, comme celle du clan Hallyday. « Il y a toujours un moment où ce que tu vas dire ne va pas leur plaire. On n’est pas là pour ça non plus, il faut assumer. Il faut juste savoir donner les faits et ne pas trop extrapoler, c’est-à-dire rester journaliste. Il faut savoir qu’ils auront toujours besoin de toi, donc si ça ne leur plaît pas à ce moment-là, la roue tourne. La fois d’après tu prendras leur défense, parce qu’il faudra le faire, parce que ce sera les faits, ils seront contents, ils te remercieront et ce sera vite oublié ».

C’est également un métier discrédité par les citoyens. La journaliste reste très sensible, concernant les actes de violences que peuvent subir certains. « Je suis totalement solidaire, je ne suis pas sur le terrain car ce n’est pas ma matière. Mais les journalistes qui se font agresser à cause de ce qu’ils représentent… souvent ce sont des gens sans aucune connaissance du métier, qui n’ont que des généralités en tête et qui ne savent pas ce que l’on fait. Les agressions physiques sont intolérables, on est dans une démocratie, on n’est pas obligé de se faire tabasser parce qu’on relaye des infos. Donc oui je suis très sensible et on se mobilise tous à la rédaction pour que les journalistes qui partent sur le terrain soient protégés ».

Un métier au rythme parfois chargé et fatiguant, comme le festival de Cannes, qui est tant adulé par tous les jeunes étudiants en journalisme. « Les interviews sont très minutées. Ils ont la presse du monde entier à rencontrer, c’est très impersonnel, il est difficile de nouer quelque chose en peu de temps. Il y a la fatigue aussi, car il faut être tôt le matin en projection et tard le soir en direct. Le midi pour nos rendez-vous avec Ronald Guintrange et Karine de Ménonville (présentateurs de BFMTV- émission 12h-15h). Pour ceux qui rêvent de Cannes, ce n’est pas le moment le plus glam de l’année ».

Le journalisme dans la peau

Nous terminons cette belle rencontre sur une touche émotionnelle. Petite, Candice Mahout rêvait de devenir comédienne. Une question m’effleure, serait-elle prête à mettre de côté sa carrière de journaliste et à en commencer une autre en tant qu’actrice ? « Si déjà ce miracle arrivait et que l’on m’appelait pour un film, je poserais des vacances. C’est une expérience que je n’ai jamais vécue, donc j’essaierai avec grand plaisir. Laisser carrément le journalisme je ne pense pas, d’un parce qu’il faudrait que l’on me rappelle pour un autre film, ce qui n’est pas gagné, et de deux être journaliste c’est tout simplement être citoyen, c’est être curieux. On ne laisse jamais tomber le journalisme quand on l’a été, je ne pense pas. C’est un état d’esprit, moi-même quand je veux savoir dans quelle école je dois mettre mes enfants je fais une enquête journalistique. Je vais aller prendre le pour, le contre, les gens qui m’en ont dit du bien pourquoi ? Les gens qui m’en ont dit du mal pourquoi ? Je suis comme ça, ce qui m’intéresse c’est le débat et après j’en tire mon propre avis. Je serai journaliste à vie et même si je devenais fleuriste, je serais toujours un peu journaliste et je m’intéresserais au monde ».

Ronald Guintrange, le mordu de l’information immédiate !