Frères d’arme : entre rivalité et amour fraternel

Vincent Rottiers, Kevin Azaïs, Frères d'arme

La vie est belle

Réalisé par Sylvain Labrosse, “Frères d’arme“ est une comédie tragique qui met en scène Emilijan et son jeune frère Stanko. Liés par les liens du sang, ils le sont également par un lourd secret qui les contraints à quitter leur pays natal pour venir s’installer en France. Une histoire de gang et de rivalité qui va bouleverser leur vie.

Le film s’ouvre sur Emilijan (Vincent Rottiers) et Stanko (Kévin Azaïs) encore enfants, avant de les retrouver quelques années plus tard à Brest. Emilijan a refait sa vie en France, il est à la tête de la zone portuaire de la ville et vit une belle histoire d’amour avec Gabrielle. Stanko, lui subit ce périple. Il a la nostalgie du temps, de son enfance… Son souhait le plus cher ? Retourner au pays. Son seul réconfort, il le trouve quand il est avec son frère ou auprès de son coq. Un animal symbolique dans “Frères d’arme“ :  révélateur d’une figure, d’une protection paternelle, de ce passé douloureux auquel se raccroche Stanko.

Le spectateur est bercé par des flash-back de leur enfance, pour comprendre ce qui les ronge dans leur vie d’adulte. La caméra souligne le moindre geste, amplifie les jeux de regards révélateurs du passé. Le public devient témoin de ce secret familial qu’Emilijan cache à Gabrielle. La jeune femme essaie de comprendre tous ces non-dits de l’homme qu’elle aime et le comportement haineux de Stanko envers elle.

La douceur féminine au cœur d’un gang masculin

Si Gabrielle, incarnée par Pauline Parigot apporte cette douceur féminine au cœur de ce gangster masculin, elle sera la clé de cette folie qui envahie peu à peu Stanko. Interprété par Kevin Azaïs, l’acteur nous submerge à travers son personnage. Privé de son père, ce jeune homme déchirant a peur de l’abandon. L’amour fusionnel, voire destructeur qu’il a envers son frère (Vincent Rottiers) se mêle petit à petit à de la haine et des remords de ce père disparu. Vincent Rottiers et Kevin Azaïs révèlent une véritable authenticité de leur personnage, meurtri par la mélancolie de l’exil.

Vincent Rottier émane de lui une poésie du silence, notamment à travers le langage des signes ou de sa langue maternelle. Deux langages qui offrent à Emilijan l’opportunité de garder enfouis ses sentiments. L’une est révélatrice de la culpabilité d’un destin tragique, quand l’autre est signe d’amour et de sérénité.

Frères d’arme“ donne aussi une force au paysage qui ne fait qu’un avec les personnages. Réalisé en Bretagne, ces moments suspendus au bord de la mer soulignent le champ des possibles de ces deux frères, d’une fuite vers une vie meilleure.

Ce long métrage est une ode à ce respect fraternel, tout en cherchant sa propre liberté.

“Frères d’arme” : en salle le 14 juillet au cinéma.