Laurent Bouzereau : un regard pudique et authentique sur Natalie Wood

Laurent Bouzereau, Natalie Wood, Natasha Gregson, Robert Wagner, OCS

Disponible sur OCS le documentaire Natalie Wood : What Remains Behind, réalisé par Laurent Bouzereau nous transporte dans l’intimité de Natalie Wood à travers ses œuvres. Le film met en lumière des scénarios, des personnages qui sont le double d’elle-même.

Installer confortablement devant son poste de télévision, le réalisateur Laurent Bouzereau se plonge dans la filmographie de celle dont il doit réaliser un documentaire : Natalie Wood. Rien ne doit lui échapper, il doit prendre le temps de revoir les chefs d’œuvre portés par l’une des plus grandes actrices du cinéma américain de la seconde moitié du siècle dernier. Il lance La Fièvre dans le sang ( Splendor in the Grass ).

Le film suit les pas de deux jeunes adolescents incarnés par Natalie Wood et Warren Beatty. Ils s’aiment, se désirent, ont envie de réunir leur corps pour ne faire qu’un. Mais cet amour est contrarié par la pudeur de l’époque et des parents qui ne tolèrent cette histoire.

Le scénario est comme une boucle, une répétition des éléments leur donnant à chaque fois une ampleur différente pour souligner la métamorphose des personnages. Tout comme ce poème de Wordsorth cité deux fois par Natalie Wood et bouleversera Laurent Bouzereau. « Au début où elle est complètement détruite par cette relation qu’elle a avec le personnage de Warren Beatty,  elle ne peut même pas terminer la phrase et sort de la salle de classe. Et à la fin elle récite le poème, elle est libérée. Je trouve que c’est vraiment montrer deux dictions différentes et de montrer l’évolution d’un personnage de façon remarquable. On sent l’hésitation le manque de maturité dans la première diction et on sent une femme accomplie et victorieuse à la fin ».  Un poème, un personnage, qui va inspirer le réalisateur. Ému, il prend son téléphone pour appeler Natasha Gregson Wagner, la fille de Natalie Wood et lui suggère le titre du documentaire à venir : Natalie Wood : What Remains Behind. Natasha approuve, ce titre. Il est comme une évidence, à l’image de celle qui selon Laurent Bouzereau a révolutionné l’histoire du cinéma.

Le respect de l’intimité

Malheureusement, depuis la nuit de sa disparition, les gens ne s’intéressent qu’à cette histoire. Ils cherchent à connaître une certaine vérité. Beaucoup ont oublié l’immense actrice qu’elle était. C’est par ce documentaire que Laurent Bouzereau voulait rendre hommage à l’artiste que représentait Natalie Wood.

Obligé d’évoquer sa disparition, il le fera avec beaucoup de pudeur et de respect. « C’est l’un des films les plus durs que j’ai jamais fait. À chaque fois que je faisais une interview, il fallait parler de la perte. Je suis quelqu’un de très émotif et quand je fais des interviews je rentre en transe, car il faut que je me concentre sur les gens que je questionne et en même temps je dois obtenir ce dont j’ai besoin tout en restant respectueux ».

Natasha Gregson Wagner qui mène les interviews tout au long du film, évoquera elle-même ce douloureux passage avec celui qu’elle considère comme son deuxième papa, Robert Wagner. Une manière de ne pas abîmer la mémoire de Natalie Wood et de faire taire certaines rumeurs.

Une vie de cinéma

Natalie Wood : What Remains Behind nous embarque au cœur de la vie de Natalie Wood, avec des moments de vies, mais surtout des extraits de ses plus grandes œuvres. Pour les plus grands connaisseurs de l’artiste, ils se rendront vite compte que le documentaire dévoile des personnages, des passages de ses films symbolisant le miroir de sa propre vie… « Elle devient une actrice autobiographique, c’est-à-dire que l’on ressent tous les thèmes qui étaient importants pour elle. Même sa propre destinée, sa propre tentative de suicide font partie des histoires des personnages qu’elle joue ». Le réalisateur retrace ainsi la vie personnelle de l’actrice comme un « Home movie ».  Il citera notamment La fureur de vivre ( Rebel Without a Cause ) avec James Dean qu’il voit comme une rébellion envers la mère de l’actrice. Une mère exigeante, qui ne lâchera rien pour faire de sa fille une star de cinéma. Ou encore Brainstorm faisant écho à son histoire d’amour avec Robert Wagner. Deux êtres qui se séparent pour mieux se retrouver.

Le documentaire nous fait vivre un véritable voyage émotionnel, avec des intervenants qui livrent un message d’amour pour la femme, l’amie, la mère qu’était Natalie Wood.  On y voit une famille unie, se serrant les coudes pour faire face aux nouvelles révélations de cette nuit tragique qui ne cessent de faire parler. Une famille à laquelle est aujourd’hui un peu rattaché Laurent Bouzereau. Lorsqu’il évoque Natasha Gregson Wagner ou encore Robert Wagner, c’est avec beaucoup de tendresse et d’amitié.

Natalie Wood : What Remains Behind redonne à Natalie Wood sa place légitime auprès de ses œuvres. Il est un bel hommage à cette carrière à la fois courte, mais fulgurante d’une actrice emblématique.

Une balade qui se poursuit avec les mots de Laurent Bouzereau, dans notre podcast « Les rencontres de PressEyes » aux côtés de l’auteur Kevin Elarbi.

Vous pouvez retrouver le documentaire Natalie Wood : What Remains Behind en intégralité sur OCS.