Jeremy Kapone : voyage à travers les traits humains

Il a fait rêver des milliers de jeunes filles avec son interprétation de Maël dans « LOL »aux côtés de Christa Theret. Nous avons été bercés par ses nombreux morceaux. Aujourd’hui, c’est en tant qu’artiste peintre que Jeremy Kapone se dévoile à PressEyes.

Nous connaissons Jeremy Kapone, sous sa casquette de comédien ou de musicien. Mais dans ce portrait, c’est en tant que peintre que j’ai voulu vous faire découvrir cet artiste talentueux. Avec son nouveau projet Carnet de visage, sorti le 3 décembre, il tend à faire passer un beau message d’humanité.

 
 
 
 
 
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Une publication partagée par Jeremy Kapone (@jeremy.l.kapone)

Cette part artistique, il l’a gardée longtemps enfouie en lui. « Ça ne m’a jamais quitté. Je ne pensais pas que ça allait devenir un jour – j’ai un peu de mal à dire – mon métier, mais un peu quand même. En fait, j’ai toujours gardé ça un peu secret, je dirais jusqu’à mes 28 ans. Ce n’était pas quelque chose que je mettais trop en avant, alors que c’est une part entière de ma vie. J’ai même fait des études spécialisées en art plastique. »

Une plume innée

L’art est un univers dans lequel il a grandi avec des parents artistes ou encore son grand-père qui a toujours voulu être peintre. « J’ai toujours été entouré de tableau chez moi en Corse. Et j’ai commencé à dessiner et à peindre à l’âge de cinq ans. »

La peinture est pour lui une échappatoire, pour s’évader sans attendre après un producteur ou un casting. Il est libre d’aller là où il a envie d’explorer le monde. Jeremy Kapone a ce loisir de faire émerger ses propres projets sans contraintes. « J’ai commencé la musique à 15 ans, les films à 17 ans, qui étaient aussi liés à la musique. Je me suis engouffré là-dedans, mais le métier d’acteur me limitait trop. Je n’aimais pas trop être dans l’apparence, dans l’attente et dans la validation. Je suis assez rebelle en vrai (rire) et j’ai vraiment beaucoup de mal à me plier aux autres. J’aime bien avoir mes propres projets. Je t’avoue que le dessin m’a rattrapé et ça fait plusieurs années que maintenant j’ai remis ça de manière beaucoup plus sérieuse dans ma vie. »

L’encre énergétique

Jeremy Kapone sort sa toute première œuvre, Carnet de visage, dans laquelle sont regroupés plus de 150 portraits qu’il a dessinés au cours de ses voyages. « Je me suis vraiment spécialisé dans le portrait. Il y a un regard que je porte toujours aux gens. Ce n’est même pas un regard, c’est un intérêt que je porte aux gens. » Il se compare à un botaniste qui dessinerait les fleurs qu’il rencontre sur son chemin. Lui, il dessine les visages et cueille leurs traits pour les faire vivre ou revivre à travers sa plume.

Des dessins qu’il fait à l’aide d’un stylo de calligraphie japonaise, qui se recharge avec de l’encre. « C’est une technique un peu particulière qui demande un peu d’entraînement, parce que c’est très sensible. Mais une fois que c’est géré avec un seul stylo, tu peux avoir énormément de déviés, de textures, de tracés complètement différents. C’est un peu comme l’aiguille d’un appareil sismographique pour retranscrire l’énergie des gens. Mon trait s’adapte toujours à l’énergie de la personne. »

Portrait de Jeremy Kapone, réalisé à l’encre de chine.

Les voyages s’enchaînent, les visages défilent. Jeremy Kapone, lui, prend le temps de retranscrire ces humains qui le fascinent. Ils n’ont pas peur et se laissent dessiner sans crainte. Certains restent figés contrairement à d’autres qui ne posent pas. « La plupart du temps, les gens sont mal à l’aise avec la photo. Le dessin, c’est beaucoup plus doux, moins agressif. Souvent, ils sont amusés et c’est ça qui me fait le plus plaisir. Ça apporte une touche de poésie à la vie, qui en manque cruellement. »

Sur le papier, ils se découvrent à travers l’œil de l’artiste. Ils sont eux et en même temps pas tout à fait. Jeremy aime que ses dessins ne soient pas réalistes. Il saisit une ressemblance physique et la transforme avec ce que la personne dégage au moment présent. « Je ne cherche pas quelque chose de figé, de fabriquer, de factice, mais que ce soit un instantané, une sensation. Ça peut se rapprocher de l’impressionnisme d’une certaine façon. »

La force des âmes

Jeremy les valorise et leur renvoie une image positive. Le peintre élève en eux toute leur beauté qu’ils ont encrée. Parfois, il réussit à leur faire oublier le négatif que la société nous inflige. Un élan de colère et de tristesse émane de l’artiste : « On est dans une époque oú c’est chaud. On n’est absolument pas respecté. On est de plus en plus traité tout sauf comme des humains… Je crois que ce projet, Carnet de Visage, je l’ai commencé sans savoir où j’allais. J’avais juste envie de dessiner les gens que je rencontrais. Petit à petit, j’ai regroupé 100, 200, 300 portraits. J’ai réalisé que je collectais une armée d’âmes qui représentaient un message d’espoir pour l’humanité et le témoignage d’une époque. »

Un livre dans lequel les portraits sont classés par ordre chronologique. Il met en lumière sa vie, ses traversées à travers le globe, ses rencontres avec certains individus qui ne sont plus de ce monde. « Quand tu as le livre dans les mains, tu as une charge énergétique et émotionnelle des âmes qui sont toutes contenues dans le livre. » 150 personnes pour nous faire vibrer et nous livrer leur histoire.

« Carnet de Visage » est bien plus qu’un simple livre ou un simple objet d’art. C’est une véritable prise de conscience sur le regard des autres. « Ces derniers temps, j’ai remarqué que les gens étaient hyper honorés d’être dessinés. Ils prennent ce jeu très au sérieux. C’est même au-delà de ça ! Inconsciemment ils comprennent qu’ils sont en train de raconter quelque chose. Ils m’adressent un message et c’est ma responsabilité de le saisir. C’est un peu mystique. »

Une fabrication 100% française

Jeremy Kapone a en lui une humanité qu’il ne met pas seulement au profit des personnes qu’il dessine. Il la met au service de l’acheminement de ce beau projet, en privilégiant les mains françaises pour la conception de Carnet de Visage. Ambassadeur de l’association Quatre Couleurs, il s’associe avec ses membres et notamment la dirigeante Delphine Garnier pour donner vie aux visages. « Delphine a commencé à me raconter sa vision du futur, du monde, de l’artisanat, de la consommation. Comment concevoir l’artisanat local, la représentation de l’art. C’est quelqu’un qui dans son association a une vision qui va beaucoup plus loin que seulement aider les gens. Elle m’a demandé de devenir ambassadeur et je lui ai parlé de ce projet que j’avais. Je lui ai montré mes quatre carnets, pleins de portraits, et elle m’a dit : ‘c’est absolument génial, il faut qu’on le fasse’. Je ne vais pas te mentir, je pense que je n’aurais jamais pu le faire aussi bien sans elle. » L’association et Delphine deviennent de véritables alliées pour Jeremy.

Ensemble, ils démarchent les artisans français pour un livre « Made in France ». Jeremy Kapone rend hommage aux pays du monde entier, mais aussi à ses racines. « On a la chance d’avoir de vrais artisans dans notre pays, on peut les rencontrer, créer l’objet de A à Z, ils ont un vrai savoir-faire. Ce n’est pas juste un numéro de commande parmi tant d’autres, ce n’est pas fait à la chaîne. Quand tu as vraiment la chance de comprendre que derrière chaque chose que l’on porte, que l’on touche, il y a un vrai travail, quand tu commences à avoir cette compréhension, tu vois la vie complètement différemment et tu ne peux plus consommer de la même manière.

Une association qui lui a donné une nouvelle perception en tant que citoyen. Selon lui, un citoyen a beaucoup plus de pouvoir dans sa démarche de consommation que dans la contestation ou la manifestation. « Je ne dis pas qu’il ne faut pas manifester, je dis juste qu’il y a plein de choses à comprendre pour faire bouger le monde. La consommation et la production sont très importantes. »

L’œuvre du voyage

Ce grand travail d’équipe continue encore pour la sortie du livre, pour les dix tirages de tête. Jeremy a imaginé des coffrets conçus sur mesure entièrement recouverts des 150 portraits.

Pour garder toute la valeur de ses portraits, comme des originaux, Jeremy a collaboré avec Anna, une graphiste spécialisée dans la photographie d’œuvre. « Anna a pris en photo tous les portraits pour ensuite les étalonner. On ne les a pas scannés. Scanner aplatit beaucoup et même si c’est du noir et blanc, tu vois la différence. Là aujourd’hui dans le livre, tu as l’impression que tu as l’original, c’est complètement fou. »

300 exemplaires signés et numérotés qui feront l’objet de plusieurs expositions : Paris, Japon, Italie et Angers.

Jeremy Kapone, débordant d’idées, a fait appel à un autre artisan qu’il l’a initié à la gravure sur bois. « Je suis tombé amoureux de la gravure sur bois. J’ai fait 17 gravures qui sont des reproductions de 17 portraits présents dans le livre. Une fois tiré, ça fait des tirages complètement dingues. Quand ton dessin est gravé dans le bois, ta plaque de bois devient comme une sorte de gros tampon. Ensuite, tu viens frapper des feuilles super épaisses de 500g et tu as des tirages où ton papier est complètement gaufré. J’ai préparé cette expo autour du livre. L’idée, ce serait de faire voyager le livre, continuer à dessiner, continuer à voyager. Après, j’ai aussi un projet d’expo avec tous mes grands formats en couleur. »

Gravure sur bois

Un beau livre aux valeurs humaines inconditionnelles. Un objet dont la naissance n’est peut-être pas le fruit du hasard en cette période. « Je pense que c’est un message énorme de sortir ce livre à ce moment-là, alors que l’on est masqué. Je ne pouvais pas le calculer et je trouve que c’est assez dingue. Il ne faut pas oublier que l’on est beaucoup plus que des gens qui cliquons et payons nos impôts. On a tous en nous de la magie et des dieux. On est dans une société qui, dès notre plus jeune âge, nous pousse à mettre de côté toute notre poésie, notre magie, tout notre côté artistique. »

Carnet de Visage, c’est l’histoire d’une rencontre avec Jeremy Kapone, un artiste qui a laissé derrière lui une grande partie de son ego pour être dans l’unité, le rassemblement et l’ouverture, pour un monde meilleur.

Pour commander Carnet de Visage : ICI

Pour aller plus loin dans ce voyage artistique notre podcast “Les rencontres de PressEyes”. Une ballade animée par l’animateur Kevin Elarbi.

Liens du podcast :