Jessy Jane, une vie entre le yoga et la moto

Jessy Jane, grande passionnée de motos, aime la vie à 100 km/h. Mais la jeune femme possède également ce besoin de se reconnecter avec elle-même à travers le yoga. Elle lie aujourd’hui les deux, pour venir en aide aux personnes en difficulté. Portrait d’une femme atypique.

Jessy Jane est une jeune femme qui déborde d’énergie. J’ai rendez-vous chez elle pour qu’elle me raconte son parcours. Quand elle m’ouvre la porte, elle est enveloppée dans un grand plaid rouge. Un petit bout de femme, avec un grand sourire. Elle met immédiatement à l’aise et parle beaucoup. Son appartement est lumineux, avec des odeurs d’huiles essentielles. On est bien chez une yogi… Après une longue discussion décoration, on se met au travail… Bien installées sur son canapé vert, nous commençons l’interview.

Un passé tempétueux

Jessy Jane retrace son histoire, une enfant hyper active, avec des troubles de l’attention, dyslexique et une dépendance à la drogue et à l’alcool. Un passé difficile qui ne la prédestinait pas vraiment au yoga. « J’ai eu une vie très intense, je me cherchais, j’étais perdue. Et à la fois j’étais sensible au corps et au bien-être. Sensible aux réponses et à la vérité. Même si j’étais dépendante, avec un mode de vie qui me dépassait et qui m’anesthésiait ». Jessy Jane se barricade, elle ne laisse aucune place à l’amour ni aux émotions. Ce qui compte, c’est son mental pour réussir à s’en sortir… C’est lors d’une énième fête avec une amie que son destin va basculer. « Pendant la soirée, elle a fait une posture de yoga. Je l’ai regardée en rigolant et là elle m’a dit ‘ j’adore, c’est le Bikram, une position de yoga, toi tu devrais adorer’. Je lui réponds : ‘Non le yoga j’ai déjà vu, c’est des gens qui prennent des postures, qui respirent. Moi j’ai besoin que ça bouge, de dynamisme’. Elle a insisté, en me disant d’essayer ».

Curieuse, la jeune femme décide de faire un cours, juste pour voir… En sortant, elle se sent bien. Une heure durant laquelle elle réussit enfin à se reconnecter avec son corps. « On doit tenir une posture qui demande beaucoup d’efforts et c’est ça qui m’a captée. Ça demande de la force, de la concentration, mais en même temps il se passe des choses dans le corps. J’ai trouvé ça d’une source et d’une richesse infinie ». Elle décide que le yoga sera son petit jardin secret, son moment à elle sans le dire à personne. « Enfin quelque chose qui me donnait de la vie ».

Mais son jardin secret éclate au grand jour quand elle décide de devenir professeur de yoga.

« Le yoga c’était ça ma vie »

Plus ou moins à la rue, Jessy Jane se reconstruit, elle commence à se rétablir de toutes ses addictions en 2008. Elle veut rentrer dans les mêmes cases que tout le monde, travailler, avoir un salaire fixe. Elle a des contrats dans plusieurs entreprises, mais rapidement elle s’aperçoit que ce n’est pas elle, qu’elle ne veut pas d’une vie routinière sans surprise. « J’ai tout plaqué et je suis partie en Thaïlande. Sur une plage, j’ai rencontré des gens qui faisait de l’AcroYoga ( yoga à deux). Je me suis avancée pour leur demander ce qu’ils faisaient. Naturellement, j’en ai pratiqué avec eux, je leur donnais même des conseils. Ils pensaient que j’étais prof de yoga alors que pas du tout à ce moment-là ».

De retour en France, ses amis, ne cessent de lui répéter qu’elle est faite pour le yoga, qu’elle en a toute la posture et l’âme spirituelle. Jessy Jane commence à se poser des questions et finit par faire six mois de cours intensifs pour ensuite passer son diplôme de professeur. « Puis je suis repartie en Inde cette fois-ci avec mon diplôme de yoga et une moto qui croupissait dans un coin là-bas, que j’ai emprunté à un mécanicien. C’est sur place, que je me suis rendue compte que le yoga c’était ma vie, mais il fallait que je l’apporte, je ne pouvais pas me le garder à moi toute seule ».

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De retour en France, elle décide de donner des cours de Vinyasa, de Hatha Yoga et Yin-Yoga dans lesquels elle s’est spécialisée. « Celui que je pratique le plus est le Vinyasa car c’est le plus dynamique. On enchaîne au niveau des postures, ça se couple aussi au niveau des respirations. C’est un yoga créatif, que j’adapte à chaque saison, chaque lunaison, quand il fait froid, quand on manque de lumière, puis quand la chaleur arrive. Il y a toute une philosophie qui va avec pour garder cette connexion au moment présent ».

« Les aventures de Jessy-Jane »

Pour apporter plus à travers son activité, elle crée son association « Les aventures de Jessy Jane », qui compte aujourd’hui 70 membres. Une association à son image qui lie la moto et le yoga. Si l’on peut penser qu’il n’y a pas vraiment de lien entre ces deux passions, détrompez-vous…« La moto me demande de la concentration, de l’équilibre, donc si on veut jouer avec les mots on peut trouver ça dans le yoga : la concentration, l’équilibre cette sensation de liberté dans le Yoga et la moto. Mais il y a aussi cette contradiction ou la moto c’est dans l’extrême, c’est la vitesse, le yoga c’est la douceur. Mais finalement c’est ce que l’on est. On n’est pas tout blanc et on n’est pas tout noir. Donc il y a la moto et le yoga, c’est mon Yin et mon Yang ».

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Le yoga est devenu pour elle un moyen de communication afin de venir en aide à des personnes en difficulté. En mars 2019, elle part faire le tour du monde pour échanger avec des associations et partager son savoir sur cette discipline. « Le yoga m’a beaucoup aidé dans ma vie et je me suis rendue compte de ce bien-être et c’est complémentaire à toute forme de vie ». Elle donnera des cours à des personnes dans le besoin, mais aussi à des personnes aisées, des personnalités afin de récolter des dons pour les reverser aux associations. Les aventures de Jessy Jane seront à suivre étape par étape, puisque la yogi va écrire un article par pays, poster des photos d’elle sur sa moto avec des belles postures. « Je vais aussi faire des vidéos de yoga, dans des endroits insolites : dehors dans la rue, dans un tipi… et les vidéos seront je pense sur Youtube ».

À son retour, l’objectif est de créer un centre de yoga. Un lieu avec des retraites pour continuer à entretenir le lien avec les associations. « Il y aura un documentaire et je cherche des partenaires pour trouver des caméras. Il y aura aussi une exposition avec les photos, je suis en train de voir avec le ministère de la culture pour avoir une subvention ».

Une belle initiative, à partager et à soutenir !