« Joker » : un film perturbant, marqué par la violence et la folie

80 ans après sa création, le Joker revient sur le grand écran sous la direction du réalisateur Todd Phillips et des studios de Warner Bros. Cette fois-ci, le plus grand criminel de Gotham City est représenté à travers le prisme d’une époque réaliste, sombre et violente.

SPOILER ALERT !

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Capture Instagram @jokermovie

Sinistre. Voilà un mot qui pourrait bien définir le dernier long-métrage réalisé par Todd Phillips (War Dogs, Starsky et Hutch), habitué à un registre beaucoup moins tragique. L’Américain aux multiples casquettes – réalisateur, producteur et scénariste – s’est associé à l’acteur Joaquin Phoenix, aperçu dans « Her », « Marie Madeleine », « L’Homme irrationnel » et « Gladiator », pour créer l’une des histoires les plus bouleversantes de cette décennie. Si certains ont été touchés lors du visionnage, parfois même en versant une larme, d’autres ont pu ressortir de la séance avec un sentiment indescriptible : une sorte de vide émanant d’un malaise poignant…

Grâce aux prouesses cinématographiques de ces deux géants du 7ème art, il semble pratiquement impossible de rester impassible face au rire incessant et à la noirceur des pensées d’Arthur Fleck. Pourtant, il est parfois nécessaire de se mettre des barrières pour faire face à la violence illustrée dans le film. Progressivement, le réalisateur et l’acteur plongent de plus en plus le public dans la folie d’un homme. Une folie qui se transforme en une agressivité exacerbée et dénuée de compassion. C’est la naissance du Joker.

Todd Phillips ne se prive de rien. Celui qui a débuté sa carrière avec la réalisation de documentaires n’hésite pas à décorer le grand écran avec un flot d’hémoglobine. Le résultat est certes réaliste. Mais ce liquide rougeâtre, mélangé aux moments intenses de rupture du personnage interprété par Joaquin Phoenix, crée un certain désarroi. Ce dernier s’enfonce dans la démence avant de laisser libre cours à ses pulsions. Comme lors de l’émission télévisée de Murray, un présentateur joué par Robert De Niro qu’Arthur admirait énormément.

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Entre sympathie et tristesse

Il est cependant clair que ces terribles images ont pour but de sensibiliser les téléspectateurs à la maladie mentale, la pauvreté et la solitude. À l’aide de jeux de lumières et de plans emplis de poésie, les créateurs du long-métrage – qui s’inscrit davantage dans la catégorie de films d’auteur – parviennent à sortir de l’univers cinématographique de DC Comics, malgré la présence de Thomas Wayne, le père de Batman.

Ils invitent le public à s’immerger dans l’esprit d’une personne atteinte d’un rire prodromique ou pathologique, se manifestant généralement en cas de sclérose en plaques, de paralysie pseudobulbaire et de tumeur. Sans oublier que le futur Joker ne prenait pas moins de sept médicaments différents au début du film. « J’étais vraiment très partagé avec ce personnage, c’était un vrai challenge parce qu’il y a des jours où j’avais beaucoup de sympathie pour lui et de la tristesse en pensant aux événements qui l’avaient rendu malade, mais en même temps j’étais aussi révulsé par lui », a précisé Joaquin Phoenix à Melty tout en expliquant les recherches qu’il a menées sur le sujet en amont.

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Lors de la création du Joker dans les années 1940, le dessinateur Bob Kane et l’écrivain Bill Finger puisent l’inspiration dans « L’Homme qui rit », un film réalisé par Paul Leni en 1928. Basé sur le roman de Victor Hugo, il raconte le quotidien de Gwynplaine, défiguré par des trafiquants d’enfants. Sa cicatrice lui fige un sourire sur le visage.

En 2008, le jeune acteur Heath Ledger avait donné du sens à ces cicatrices dans « The Dark Knight, le Chevalier noir ». Il avait su capturer la folie du personnage qu’il décrivait comme « un clown massacreur, sociopathe, psychotique » qui « n’éprouve aucune empathie », lors d’un entretien avec Allociné.


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