L’évolution de l’image de la femme au cinéma

À l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, l’équipe de PressEyes a souhaité évoqué l’évolution de celles-ci sur le grande écran. Si elle est plutôt positive, il reste encore un long chemin à parcourir.

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Deux icônes du cinéma français : Michelle Mercier et Brigitte Bardot. ( crédit photo : capture d’écran Instagram)

Mettre en lumière l’image de la femme à travers le cinéma, c’est également  parler des princesses de Disney. Elles sont les premières femmes à être admirées par les petites filles. Elles grandissent « ensemble », c’est à ce moment-là que vos enfants peuvent se forger une idée de ce qu’est la vie d’adulte, la vie d’une femme… Il est important de bien leur apprendre à ne jamais se comparer à la première génération – « La petite sirène », « La belle aux bois dormant », « Blanche Neige », « Cendrillon » – qui constitue l’archétype même du « sois belle et tais-toi ! ». Des princesses un peu « nunuches », dont le but ultime est de se confier à des animaux. Un destin qui débute par une tragédie devant se résoudre grâce à l’intervention du prince charmant.

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Néanmoins, un net changement apparaît dès les années 1990. Les princesses sont intelligentes et n’ont pas peur d’affronter les hommes, comme Mulan, Pocahontas ou encore Belle. Elles agissent face à leur destin et ne se laissent pas abattre.  Parfois même, ce sont elles qui sauvent le prince charmant des griffes du méchant, comme dans la « La Belle et la Bête ». Le prince est toujours présent, mais elles ne dépendent plus de lui. Elles prennent leurs propres décisions pour s’en sortir seules. Un constat qui reste dans cette lignée avec « Rebelle », « La reine des neiges », « Vaiana ». On s’éloigne de ce stéréotype de la princesse belle mais bête, soumise à l’homme auxquels elles sont promises.

Une évolution visible dans les films d’animations de Disney, que l’on peut également constater dans les longs-métrages classiques.

La femme fatale et destructrice

Longtemps, les femmes avaient des rôles de personnages féminins obéissant à des clichés : elles devaient être belles, plantureuses, et la plupart du temps en détresse pour mettre en avant le rôle fort de l’homme qui vient à son aide.

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Dans les années 1960-1970, naît « La nouvelle vague », avec des cinéastes comme Resnais, Vadim, Chabrol, Godard, Truffaut, Roehmer, Melville … Des films d’auteurs qui remportent des prix au festival de Cannes. Un cinéma qui donne une toute nouvelle image à la femme, celle d’une femme libre , provocatrice et même destructive. Dans « Jules et Jim » (1962), de François Truffaut, Jeanne Moreau dans le rôle de Catherine, est montrée comme le fruit du destin. Une fin où elle amène Jim vers la mort. Dans « À bout de souffle », de Jean-Luc Godard en 1960, Jean-Paul Belmondo, dans le rôle de Michel Poiccard se retrouve abîmé, torturé moralement par Patricia Franchini,  interprétée par Jean Seberg. Elle le trahit pour se prouver à elle-même qu’elle ne l’aime pas. Une trahison, qui finira par le tuer.

Coup de projecteur sur la femme hollywoodienne

Le cinéma américain est aussi touché par cette vague de femmes fatales hollywoodiennes. La bande-annonce de « Double Indemnity », réalisé par Billy Wilder,  montre que l’homme est sous l’emprise du charme féminin. Il a un regard attendri, aveuglé par sa beauté. Elle est en haut des marches, lui en bas. Une posture qui met en évidence qu’elle est supérieure et qu’il est soumis. « La dame de Shanghai » d’Orson Welles, est un film dans lequel est mis en avant la notion du double, de dualité. Un personnage féminin qui cache certaines de ses facettes et qui révélera peu à peu d’autres aspérités. La femme n’est pas ce qu’elle semble être.

Coup de projecteur sur la femme hollywoodienne
“La femme de Shangai” (crédit photo : capture d’écran Instagram)

« Basic Instinct » de Paul Verhoeven, dont l’affiche du film montre une femme, Sharon Stone, comme animalisée, sur laquelle elle enfonce ses « griffes », dans la peau de Michael Douglas. Elle a un regard perçant, déterminé, avec des cheveux semblables à une crinière. L’homme, lui, est fragilisé.

Une période où la femme est un personnage subversif, qui va pervertir, influencer et manipuler la gente masculine. Une femme fatale, glamour, qui permet de mieux établir ce contraste entre innocence et manipulation. Elle donne une fausse image d’elle pour réussir à obtenir ce qu’elle veut.

Des femmes qui ne sont pas vraiment à notre image… et qui laissent penser que seul le charme, la séduction, comptent pour que l’on puisse avoir ce que l’on souhaite !

Des femmes qui se battent

Aujourd’hui, même si certains films, gardent ce côté séduction de la femme, elle n’est plus vue comme excentrique, folle ou tentatrice. Une autre image qui renvoie aux femmes de notre société, autrement dit des femmes responsables qui sont plus en phase avec notre ère et perd de son magnétisme.

Si auparavant la femme dépendait de son charme pour conquérir l’homme, à la fin du XXe siècle, elle n’en a plus besoin, puisqu’elle peut même se passer des hommes. On montre des femmes fortes, qui savent se battre et se défendre sans l’aide de personne. On peut prendre l’exemple de « Star Wars », avec la princesse Leila, qui est la première à montrer cette voie. Une jeune héroïne qui prend des initiatives et tient tête au sexe opposé. Dans « Harry Potter », Hermione Granger, qui n’est qu’une enfant dans les premiers épisodes, se montre déjà avec un caractère fort. Elle sait ce qu’elle veut et ne se laisse jamais influencer par les garçons. Bien au contraire, elle sait faire preuve d’intelligence et d’audace. Une belle image pour nos adolescentes, qui doivent comprendre qu’elles sont au même niveau que les garçons.

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« Le Diable s’habille en Prada » montre bien cette nouvelle image de la femme indépendante. Tant par Miranda Priestly, à la tête d’un empire de mode, que par son assistante Andrea, qui se donnera les moyens d’y arriver par elle-même. Des femmes courageuses, qui montent les échelons. Des exemples à prendre en exemple.

Récemment, c’est une vague de films qui mettent à l’honneur cette femme forte et indépendante. Des films retraçant des parcours sociaux et dans lesquels les héroïnes réussissent à mener à bien leurs combats. On peut citer « Rebelles », d’Allan Mauduit,  qui sortira le 13 mars prochain, ou encore « Les Invisibles », de Louis-Julien Petit. Trois films dont la réplique est donnée aux femmes. Aucun signe de séduction, de femmes fatales, juste elles et leurs revendications, pour vivre dans une société égalitaire.

Où sont les femmes de 50 ans ?

Depuis quelques années, une autre problématique est en ligne de mire. Celle de la représentation de la femme à 50 ans au cinéma. Si les hommes sont à leur apogée de leur carrière à cet âge–là en s’imposant comme des hommes mûrs, beaux, séducteurs, les femmes sont en général délaissées et trouvent peu leur place au sein de l’industrie. Certaines disent même qu’à 50 ans  la fin de leur carrière sonne.

Nous pouvons mettre en avant quelques films qui montrent que la femme n’est plus séduisante. Dans « Le cœur des hommes », de Marc Esposito, Gérard Darmon quitte son épouse pour vivre une histoire d’amour avec une femme beaucoup plus jeune. Un malaise que l’on a un peu de mal à accepter.

Si d’autres films ont montré qu’une femme mûre pouvait séduire les jeunes hommes comme dans « 20 ans d’écart », avec Virginie Efira et Pierre Niney, nombreuses sont celles qui revendiquent l’image de la femme à l’écran à 50 ans. Notamment Marina Tomé, qui cette année va remettre à Marlène Schiappa et au ministre de la Culture Franck Riester son manifeste pour rendre visibles les femmes quinquagénaires. « Notre premier objectif, c’était de briser l’omerta pour éveiller une prise de conscience de tous ces stéréotypes que l’on reproduit inconsciemment dans les récits », explique Marina Tomé, dans une interview donné à Challenge.fr

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Elle décrit une industrie du cinéma français, dans lequel seules les femmes entre 20 et 35 ans sont mises à l’honneur. Pour en finir avec cette inégalité, Marina Tomé a fait appel à la commission AAFA-Tunnel des 50 créé en 2015, qui réunit aujourd’hui plus de 45 membres. Il était important pour elle qu’elles se rassemblent pour dénoncer un tel sexisme social.

Quelques réalisateurs bienveillants mettent en avant des actrices magnifiques à 50 ans, tels que Safy Nebbou avec « Celle que vous croyez », où François Civil joue l’amant de Juliette Binoche. « Mon bébé », de Lisa Azuelos, qui a choisi Sandrine Kiberlain pour le rôle principal.

Si le cinéma représentent de plus en plus de femmes puissantes, il reste encore un long chemin à faire pour obtenir une image qui corresponde à la société dans laquelle nous vivons. Notamment au niveau de la communauté LGBTQ+ trop peu visible sur le grand écran ou encore des femmes noires et métisses qui restent une minorité à se faire une place dans le septième art.


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