Marie s’infiltre pour un monde plus libre !
« Marie s’infiltre », la youtubeuse qui se glisse parmi vous, toute en discrétion, afin de dévoiler la face cachée de la France, est actuellement en tournée pour son spectacle le « Show Inouï ». Elle s’est confiée à PressEyes.
Si « Marie s’infiltre » a l’art de nous faire rire, elle refuse d’être associée au monde humoristique : « C’est le théâtre, le travail de comédien, la littérature, mais ce n’est pas l’humour en soi. La satire peut m’intéresser en tant que genre littéraire, théâtrale, mais pas l’humour ».
Après avoir étudié les sciences politiques, la jeune femme essaie un cours de théâtre par hasard. Un hasard qui va bien faire les choses, puisqu’elle tombe amoureuse de cet univers. Elle se lance alors sur Youtube, avec des vidéos qu’un grand nombre d’entre nous connaît sous le pseudonyme « Marie s’infiltre ». Elle se faufile parmi les passants sous l’identité d’une journaliste, d’une esthéticienne ou d’un agent immobilier pour être au plus près des gens, les faire parler et se moquer gentiment d’eux… Une imposture qui plaît, avec plus de 175 000 abonnés sur sa chaîne.
S’infiltrer était comme une évidence. Marie aime se déguiser, interpréter des rôles, se travestir, découvrir des milieux différents. « Je suis assez curieuse. Je trouve ça très marrant de découvrir des personnes sans avoir à les juger, parce que quand tu te fais passer pour eux, tu as moins de jugement. Tu découvres comment ils fonctionnent, comment ils interagissent entre eux. J’adore m’incruster et faire les choses avec un peu de provocation ».
Un jeu dangereux
Une performance pas toujours facile. La comédienne se retrouve parfois dans des situations qui ne sont pas rassurantes, avec des gens qui peuvent être violents et qui ne supportent pas vraiment le second degré…
Dans ses vidéos, la jeune femme reprend des faits de société et d’actualité. Si l’on pourrait la comparer à une journaliste, cette dernière insiste bien sur le fait qu’elle n’a pas ce rôle et cette même étiquette. « Je ne suis pas journaliste. Le journaliste, son métier c’est d’informer, c’est éduquer et ressortir avec une connaissance et un savoir, c’est d’être neutre. Moi, par ma personnalité et mon jeu d’acteur, c’est de montrer des choses que les journalistes ne peuvent pas montrer. De montrer les facettes cachées, les facettes drôles, c’est pour ça que c’est un travail de satire, pas de journaliste ».
Marie souligne qu’il est important de pouvoir rire de tout : de la gauche, des « bobos », de la droite, des gens de la mode, des fans…
Savoir rire de tout
Ses vidéos permettent un court instant d’oublier ce monde austère dans lequel nous vivons. Ce monde sérieux qui laisse peu de place à la légèreté. Pour la comédienne, il est essentiel de se sentir libre et rire de ce qui nous entoure. Mais aussi de faire comprendre aux nouvelles générations qu’il faut arrêter de toujours se prendre au sérieux et se poser un milliard de questions avant de poster ce que l’on a réellement envie de mettre sur les réseaux sociaux. « Il y a une gravité qui est entrée dans cette façon de se prendre au sérieux en permanence, sur les réseaux. C’est devenu très fatigant, est-ce que j’ai le droit de me moquer des féministes ? Est-ce que j’ai le droit de me moquer des gens qui souffrent ? Oui on a le droit, mais on doit le faire avec raison, en étant curieux, en sachant ce que l’on fait, ne pas être dans l’ignorance. Mais oui, aujourd’hui on a le droit et il serait temps de sortir de ce ton très moralisateur et très pessimiste dans tout ».
Des vidéos à la scène
Ses créations cartonnent et lui ont même permis d’écrire son propre spectacle, « Le Show Inouï », qu’elle joue tous les mercredis soir au Bus Palladium à Paris. « Quand j’ai fait du théâtre, le plus important pour moi, c’était d’être sur scène. C’est ce que j’aime par dessus tout ». Marie nous raconte qu’elle a écrit une première version « assez catastrophique » en seulement un mois. « Ma première représentation, c’était dans une salle de 300 personnes ‘Au Théâtre des Feux de la Rampe’ à Paris. Le spectacle avait duré 2h30. Je ne connaissais pas trop mon texte, c’était un truc hyper ambitieux, il y avait 15 scènes, un milliard de personnages… J’ai eu des trous, c’était du grand n’importe quoi… C’est à partir de cette base que je me suis mise à vraiment le travailler (rires) ».
https://www.instagram.com/p/BpknHhzg_FS/
Aujourd’hui, elle peut être fière. Son spectacle de qualité met en lumière ses prouesses de comédienne, mais aussi sa façon d’aborder le public. Un public qui n’est pas uniquement là pour l’applaudir. La comédienne le fait participer en y prêtant une belle attention, même si certain(e)s timides auraient préféré échapper à son regard. Pendant 1h30, elle nous plonge dans son enfance, où l’on découvre une adolescente, une jeune fille, qui aime l’usurpation, l’incruste, être l’intrus… Un choix personnel, qui est devenu en grandissant son choix en tant qu’artiste. « Pour moi, c’était important de le présenter sur un choix personnel, pour expliquer qu’après c’était devenu une pensée, une idéologie artistique ».
Une jeune femme du 21ième siècle à la technologie des années 60
Outre son spectacle, Marie a lancé sa nouvelle émission sur Youtube, « Le journal de Turfu ». Dans la peau d’une speakerine des années 70, elle aborde l’actualité avec un regard critique encore plus fort qu’à ses habitudes. « Plus mes personnages dans les vidéos se rapprochent de moi et moins je suis libre, car ça peut être du premier degré. Là c’est à un milliard de degrés, donc on peut aller plus loin dans la critique et puis esthétiquement, c’est vraiment joli d’avoir ce personnage-là. Cette image désuète, ça change, surtout sur Youtube (rires) ».
Une jeune femme qui par le 21ième siècle pourrait être l’opposée de ce personnage, mais technologiquement parlant, pas tant que ça… Elle avoue être un peu vieux jeu avec l’acquisition de son premier ordinateur portable il y a deux ans et récemment son premier iPhone. « J’ai eu Facebook il y a trois ans », un réseau qui ne l’intéresse pas tout particulièrement. Le comble pour une youtubeuse : « Je ne vais jamais sur Youtube, je ne sais pas ce qu’il s’y passe. Je suis complètement en dehors de cette réalité-là ».
Que l’on se rassure, elle est tout de même heureuse de vivre avec son temps. « Je ne peux que me réjouir de ça, du fait que j’ai échappé à la Première et Seconde Guerre mondiale. Nous sommes beaucoup plus heureux, surtout les femmes, mais j’ai des lacunes dans la modernité ».
Une belle rencontre qui s’achève par ses futurs projets : jouer plusieurs fois par semaine dans une plus grosse salle parisienne, tourner un film et révéler une surprise dans l’écriture de son prochain spectacle !
Plus d’informations :
Lien de réservation Billetreduc : https://www.billetreduc.com/
Tous les mercredis à 20H au Bus Palladium (6 Rue Pierre Fontaine, 75009 Paris) avec son seule en scène / one woman show « Le Show Inouï ».
