“Me Too” ou le réveil d’un mouvement renforcé par les femmes

Un an après le réveil du mouvement Me Too, il semble opportun de rappeler comment les langues se sont progressivement déliées, comment la parole s’est libérée et pourquoi aujourd’hui plus encore qu’hier il est nécessaire de dénoncer les violences sexuelles et sexistes, mais aussi le harcèlement.

(PressEyes)

La première fois que vous avez entendu les deux syllabes Me Too résonner dans la bouche de quelqu’un, c’était quand ? Pour les internautes, ces quelques lettres sont apparues sur Twitter, juste en dessous du nom de l’actrice Alyssa Milano, le 15 octobre 2017.

Elle avait écrit : « si vous avez été harcelée ou agressée sexuellement écrivez me too (moi aussi) en tant que réponse à ce tweet ». Le but était de « donner aux gens une idée de l’ampleur du problème ». C’est grâce à des femmes telles que Rose McGowan, Rosanna Arquette, Cate Blanchett, Salma Hayek, Lena Headey, Léa Seydoux, qui ont partagé leur souffrance que les actions du producteur américain Harvey Weinstein ont pu être révélées au grand jour.

Ce mouvement – qui s’est renforcé et s’est épanoui au-delà des rangs hollywoodiens – a permis la création d’une fondation de lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles. Time’s Up a vu le jour le 1er janvier grâce à une lettre ouverte signée par 300 actrices et femmes scénaristes. Une initiative décrite comme « un appel unifié pour le changement lancé par les femmes de l’industrie pour les femmes à travers le monde ». Entre la restauration, l’hôtellerie, les hôpitaux et les usines, toutes les professions étaient concernées. La douleur d’aucune survivante ne devait être ignorée.

Pour cela, chaque robe noir et chaque rose blanche aperçue lors d’un événement (ultra)médiatisé constituait la bannière de ce nouveau combat, qui remonte pourtant à des décennies voire des siècles avant l’année dernière. Lors de la 90ème édition des Oscars, le présentateur Jimmy Kimmel avait déclaré : « nous ne pouvons plus laisser passer ce genre de comportements. Le monde nous regarde et nous devons montrer l’exemple “.

La création d’une plate-forme dédiée aux survivantes

La première à avoir officiellement lancé Me Too a été Tarana Burke, une activiste féministe américaine, en 2006 sur MySpace. Aujourd’hui, elle veille à ce que le mouvement respecte sa principale mission : connecter les survivantes d’agressions à des ressources dont elles ont besoin pour guérir.

Selon le New York Times, elle a même prévu d’officialiser de nouvelles initiatives, notamment un site web qui tend à s’ériger en tant que la plate-forme principale pour les survivantes (et non les victimes). Il est également important pour elle de dialoguer avec les écrivains du cinéma pour pouvoir préciser la représentation des abus sexuels sur le grand écran.

Ces idées ont permis de provoquer une onde de choc à travers le globe et tous les secteurs de travail. Sans Me Too, Christine Blasey Ford aurait-elle pris la parole contre la nomination de son agresseur (présumé) Brett Kavanaugh à la Cour Suprême, la plus haute institution des Etats-Unis ? Amanda de Cadenet, Glennon Doyle, Tracee Ellis Ross, America Ferrera se seraient-elles associées à Tarana Burke pour lui rédiger une lettre de soutien ?

Le 10 octobre dernier, le renforcement de cette solidarité paraissait évidente. « Nous vous avons vu honorer votre devoir pas en tant que super-héroïne mais comme une femme complètement humaine. Vous nous avez montré qu’une nouvelle héroïne est une femme affrontant la patriarchie sans aucune autre arme que sa voix, son corps et sa vérité », ont écrit les actrices.

Une émotion toujours forte

Stormy Daniels aurait-elle osé tenir tête au président américain Donald Trump sur Twitter et dans un livre intitulé « Full Disclosure » ? Une actrice aussi talentueuse et diversifiée qu’Alyssa Milano se serait-elle permise de publier une vidéo d’elle-même s’adressant à sa fille ?

Le 15 octobre 2018, date anniversaire du tweet emblématique, elle a partagé un clip de quelques minutes, enregistré en début d’année, afin d’expliquer à son nouveau né comment est apparu Me Too et pourquoi il est nécessaire de prendre la parole. Émue aux larmes, elle a avoué avoir peur pour sa petite fille.

Sans oublier la déferlante qui a embrasé tous les milieux socio-professionnels en France, que ce soit à travers des lettres ouvertes, des pétitions, une loi contre le harcèlement de rue ou les premières condamnations pour ce type de chefs d’accusation. Inspirée par cette puissance féminine, la comédienne Muriel Robin avait même organisé le samedi 6 octobre dernier une marche pour condamner et éliminer les violences conjugales et s’était glissée dans la peau de Jacqueline Sauvage, grande héroïne de cette cause.

Marie Boetti

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