“Noire n’est pas mon métier” : un an après !

Il y a un an jour pour jour, les 16 actrices à l’origine du livre « Noire n’est pas mon métier » montaient les marches du Festival de Cannes pour témoigner des stéréotypes.

Souvenez-vous de cette image forte : le 16 mai 2018, un collectif de 16 actrices noires montait les marches du palais du Festival de Cannes en robe Balmain scintillantes. Ces comédiennes tentaient de changer les choses dans le milieu de l’audiovisuel grâce à un livre, leur livre, « Noire n’est pas mon métier », initié par l’actrice Aïssa Maïga. « Tout a commencé trois mois avant (le Festival de Cannes), chacune de nous a reçu un message d’Aïssa Maïga pour savoir si l’on voulait participer à l’écriture d’un livre manifeste sur notre métier d’actrice en France », explique Mata Gabin. Un livre dont les thèmes étaient leur sexualité, la couleur de leur peau, leur exotisme, leur accent, leurs rapports avec les hommes, leurs agents, leurs castings, leur avenir.

https://www.instagram.com/p/BvAH9pLnTNW/

L’idée séduit immédiatement les 16 actrices contactées. Enfin, quelqu’un leur donne la parole. Elles sont libres de s’exprimer sur leur parcours, leurs questionnements, leurs réflexions sur les femmes noires dans le cinéma français et le théâtre. « Un monde dans lequel notre place est marginale, avec des rôles stéréotypés : la sans-papier, la femme de ménage, la prosti-pute comme j’aime dire », continue Mata Gabin. Des femmes et même des hommes dont les visages sont parfois oubliés sur les affiches.

https://www.instagram.com/p/BioF6BxjTC0/

Le livre, qui a vu le jour le 3 mai 2018, bouleverse les codes de l’univers artistique français. Ensemble, les actrices savent trouver l’énergie et la force pour mettre en œuvre de nouveaux projets.

Le combat est lancé !

Cannes ne représentait que le début de leur engagement. Hors de question pour les comédiennes de s’arrêter à une jolie photo prise sur le tapis rouge. Plusieurs propositions se construisent de jour en jour. Marie France Malonga, représentante d’un comité d’experts, les a réunies pour réfléchir avec elles à des solutions. Un outil d’évaluation de la fiction française a été mis en place et permet d’évaluer les films à l’aide d’un questionnaire. Ce dernier met en évidence la représentation des minorités. « L’idée du test est de pouvoir analyser un film après sa diffusion en lui soumettant des questions, sur lesquelles il faut répondre par oui ou par non. Il est organisé en trois parties, de manière ludique pour voir en un coup d’œil comment on représente ces personnages : leur visibilité à l’écran, leur représentation, les différents stéréotypes», intervient Marie France Malonga.

https://www.instagram.com/p/BiYq1ozj4zn/

« Noire n’est pas mon métier », ce sont aussi de nombreuses collaborations avec les directeurs de castings. Depuis quelques années, elles ont constitué une charte comprenant leurs droits et leurs devoirs. Ces directeurs ont répondu à l’appel et sont devenus leurs premiers alliés.

A travers ce recueil, les actrices ont pu partager les souffrances de victimes d’agressions et de violences sexuelles. Après la publication, Nadège Beausson-Diagne a créé le collectif « Même pas peur » pour dénoncer ces actes cruels et traumatiques. « C’est une question de santé publique majeure. Mais aussi pour aider les victimes à atténuer cette culpabilité après leur témoignage. L’idée est d’être solidaires pour mieux se reconstruire. Nous étions des victimes, nous sommes des guerrières », confie Nadège.

Des citoyennes avant d’être actrices

Depuis un an, elles prennent le temps de se voir dans le but de conserver la ligne directrice de leurs différents combats. Un combat qui ne relate pas le simple fait qu’elles soient importées par le cinéma, le théâtre ou la télévision, mais parce qu’elles sont avant tout des citoyennes !« Quand on marche dans la rue, que l’on sillonne les rues de ce pays, on se rend compte qu’il y a un vrai problème de représentation à l’écran qui est peut-être le reflet d’un problème plus profond d’acceptation de cette diversité qui est constitutive de notre pays », s’exprime Aïssa Maïga. Les actrices sont prêtes à mener cette bataille tant qu’il le faudra.


Les temps forts du Festival de Cannes 2018