« Bronx » : un récit où règne la loi du plus fort

Réalisé par Olivier Marchal, le film « Bronx » disponible sur Netflix à partir du 30 octobre. Une rivalité entre gangs et flics qui ne laisse pas de place à la pitié… 

L’année 2020 est forte en actualités pour Olivier Marchal. Il s’est montré sous les traits d’un super grand-père dans le film « Papi Sitter » et revient cette fois-ci avec la casquette de réalisateur pour « Bronx ». Si l’action se passe en France, dans les quartiers nord de Marseille, le titre fait référence à cet arrondissement de New York considéré comme le plus dangereux au monde dans les années 1970. Une zone qui reste encore menaçante de par les nombreuses violences et les trafics de drogues. 

« Bronx » débute par des coups de feu, le hurlement d’une femme… puis le silence. Le ton est donné : les femmes et les hommes sont égaux dans cette marée humaine. Le film nous plonge au cœur d’un règlement de comptes du clan des Bastiani. Une tuerie durant laquelle s’affrontent deux rivaux en charge de l’enquête, Richard Vronski (Lannick Gautry) de la BRI (Brigade antigang) et Mario Costa (Moussa Maaskri) faisant partie de la BRB (Brigade de répression du Banditisme) aux pratiques douteuses. Tout va basculer après l’assassinat d’un témoin durant sa garde à vue. Les rivalités disparaissent : ce n’est plus un problème de gang à gang, mais de gangs à flics. 

Pour sauver ses camarades, Vronski prend les choses en main pour faire tomber le clan Bastiani. Entre négociations et dénonciations, rien ne va l’arrêter pour sortir indemne, mais à quel prix ? 

Lannick Gautry représente avec justesse cet engagement que certains flics peuvent avoir pour leur métier, mais aussi cette solidarité entre camarade. Il est ce flic mystérieux, qui ne laisse transparaître aucune émotion. Ce n’est que par l’intensité de son regard et de ses agissements que le spectateur comprend l’amour qu’il porte pour les siens. 

Une égalité mortuaire

Dans cet univers, la testostérone bat son plein. Pourtant, la place de la femme a son importance. Elle n’est pas soumise ou épargnée. Elle aussi baigne dans ce massacre, elle n’a pas peur de dénoncer. Elle en est même la commanditaire comme Catharina Bastiani, à la tête du clan. « Elle n’est pas une femme comme les autres », comme le souligne Vronski. 

Peu d’espace en revanche pour elles au sein de la brigade. Elles ne sont que deux, la fille du nouveau directeur inter-régional de la police judiciaire, Mr Ange Leonetti (Jean Reno), et Katia de Vrindt de l’IGPN, interprétée par Catherine Marchal. Celle-ci est engagée pour contrôler et surveiller les flics qui seraient des balances. Elle a un rôle de confiance, mais doit surtout s’imposer. Elle agit,  agace en relevant les dysfonctionnements ou les façons de mener à bien l’enquête : « Depuis quand les flics passent des accords avec un type impliqué dans la mort de neuf personnes ? »

C’est dans une atmosphère froide, sombre et pleine de noirceur contrastée par la couleur vive du sang que les affrontements vont s’enchaîner. Une musique assourdissante retentit pour souligner les feux de cette barbarie humaine. Pas de répit. Les seuls moments suspendus pour Vronski et son équipe sont ceux proches de la mer. L’obscurité est remplacée par cette vague de bleu, où le soleil brille pour laisser place à la lumière. Un souffle de vie opposant l’accalmie des Bastiani qui se dessine à chaque enterrement et la douleur leur rappelant la mort d’un proche. 

Le Marseille américain

« Bronx » est le reflet de ces paysages déserts de l’Amérique, comme dans l’une des dernières séquences entre Vronski et l’un des Bastiani. Ils se retrouvent sur une plage vide, où seul le sable remplit l’écran. Une scène qui rend hommage au genre du western que l’on peut apparenter à « Once Upon a Time… in Hollywood », lorsque Brad Pitt se rend au Spahn Ranch. Un lieu totalement isolé créant un sentiment d’insécurité, une référence à « Il était une fois dans l’Ouest ». On retrouve la même tension, peu d’échange, un jeu de regard. Le suspense est à son comble, qui tirera le premier ? 

Un scénario qui va au-delà du thriller et du drame. « Bronx » rend compte de la pression psychologique à laquelle doivent faire face ces flics. Des affaires hors normes où ils risquent leur vie et celle de leur famille, par des menaces constantes de ces gangs. Le film marque cette solidarité au sein de la brigade. Chacun se soutient pour éviter de tomber. Malheureusement, tous les hommes ne sont pas égaux face à cette influence . « Bronx » décrit la descente aux enfers de l’un des leurs, pour qui le suicide devient la seule arme de délivrance.  

Les langues se délient, les masques tombent en même temps que les hommes, tel un jeu d’échecs. Olivier Marchal nous tient en haleine jusqu’au bout. Une fin qui nous laisse de marbre.