“Cheyenne et Lola” : l’indépendance d’une cavale féminine

Disponible en intégralité le 24 novembre sur OCS, la série « Cheyenne et Lola » réalisée par Virginie Brac, est une ode au féminisme. Dedans, les femmes s’imposent et assument qui elles sont dans une société masculine au jugement facile. 

Deux femmes, « Cheyenne et Lola », en culottes et brassières, enfermées dans une pièce ressemblant à un abattoir. Serpillière à la main, elles nettoient le sang répandu sur les murs et le sol. Lola, jouée par Charlotte Le Bon, fait part de son mécontentement d’une paye insuffisante pour ce travail désagréable. Un aveu qui laisse le spectateur baigner dans son propre doute : est-ce du sang animal ou humain ? Le générique retentit et nous ramène à quelques jours plus tôt pour comprendre le dénouement.

Cheyenne ( Veerle Baetens ) TV – OCS

« Cheyenne et Lola », c’est l’histoire de deux femmes à la rencontre très basique… Cheyenne, tatoueuse dans l’âme dans sa caravane, travaille en tant que femme de ménage chez un couple de malfaiteurs, à l’origine d’une société donnant l’espoir aux gens qu’il est facile de connaître la gloire et la richesse. Lorsqu’elle arrive chez eux, elle découvre le cadavre de sa patronne et Lola debout, à côté du corps.

La jeune femme ment… très mal. Il n’y a aucun doute, c’est elle qui a tué la femme de son amant. Sans le savoir, Cheyenne et Lola étaient déjà liées par ces escrocs. Cette mort va obliger les deux femmes à rester ensemble pour faire face à des situations périlleuses, imposées par le plus dangereux gang de la ville.

L’ancrage d’un paysage personnifié

Ces deux personnages charismatiques s’implantent dans un western féminin que l’on pourrait croire tout droit sorti d’une bande dessinée. Deux caractères et deux physiques qui s’opposent, qui reflètent les différents contrastes des paysages présents dans la série.

Cheyenne, cheveux coupés à la garçonne, est une femme qui se dit indépendante : elle n’a besoin de personne. Elle a les traits durs, tout comme ces couleurs ternes emplies de gris et de marron qui l’entourent. Une carapace à l’intérieur de laquelle il y a de la douceur, de l’amour pour ses amies, son entourage. Cheyenne est prête à tout pour sauver ceux qu’elle aime.

Cheyenne ( Veerle Baetens ) TV – OCS

Lola est blonde et séduisante. Elle parle parfois un peu trop et donne une touche de gaieté. Des tenues toujours hautes en couleurs qui la font ressortir de ce décor grisâtre. Elle est ce soleil absent. Mais Lola est seule et se perd parfois dans ces espaces immenses. 

Cheyenne et Lola auraient pu tomber dans le cliché de la « brune et la blonde », mais les comédiennes abordent leur personnage avec une véritable subtilité et vérité. Elles dégagent à la fois de la fragilité et  de la force qui les rendent authentiques et sincères. 

Le décor dans « Cheyenne et Lola » est indissociable des personnages : avec les routes tracées par de grandes lignes vastes, l’horizontalité des mers ou encore le ferry représentant la fuite que pourraient s’octroyer les protagonistes. Un tableau de liberté contrebalancé par ces caravanes implantées dans une nature sableuse, vide, n’offrant aucune possibilité de sortie. La question se pose : quelle voie choisiront les deux femmes ?

L’égalité des genres

Une atmosphère que l’on pourrait presque comparer à ces western des années 60.  L’immensité des espaces, des suspendus dans le temps ou les affrontements dans le silence ou encore ces jeux de regards. Une série qui repense la condition de la femme dans ce genre cinématographique. Un genre où les personnages féminins n’ont pas vraiment de place. 

Dans « Cheyenne et Lola », même si elles sont soumises à des contraintes imposées par un groupe de mafieux, elles sont les seules à contrôler chacune des situations. Elles sont les maîtres du destin des hommes qui les entourent. Sans elles, ils ne sont rien. Mais sans eux, leur vie est dénuée de sens. Une série réalisée par Virginie Brac où la masculinité et la féminité s’entremêlent pour un regard plus juste et égalitaire.