À la vie : une oeuvre poétique sur la maternité

Critique, À la vie, cinéma, Film, Aude Pépin, PressEyes, Mathilde Dandeu

Sorti le 20 octobre dernier, “À la vie”, réalisé par Aude Pépin, suit au plus près Chantal Birman, une sage-femme libérale, féministe et au grand coeur. Un documentaire, mais surtout une oeuvre qui libère la parole sur le post-partum.

Les premières minutes du film débutent juste par des mots. On ne voit pas les deux femmes qui causent. On est figé sur leur échange. L’une à la voix qui tremble, quand l’autre essaie de rassurer… Puis vient Chantal Birman à l’écran. Sage femme libérale,  on la voit examiner les différents bébés présentés au cours du documentaire : la pesée, les réflexes, l’éveil… Mais Chantal Birman va bien plus loin, elle prend le temps de parler avec ces jeunes mamans, quittent à les faire pleurer. Ce ne sont pas des pleurs de détresse, mais de bonheur, d’inquiétude, d’amour que la sage-femme arrive à leur faire libérer. Tout comme elle prend soin des nouveau-nés, Chantal Birman prend soin des mamans en les soutenant, les rassurant, les écoutant. 

 

 
 
 
 
 
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La liberté du corps 

Féministe, la sage-femme nous embarque avec elle dans les causes qu’elle défend comme le droit à l’avortement. Oui, pour Chantal Birman la femme est libre de disposer de son corps comme elle en a envie. Puis, au fur et à mesure, elle se livre sur son propre parcours de femme et de son avortement. Chantal Birman ne pleure pas, même parfois elle rit,  non pas que cette épreuve fut facile pour elle, mais plutôt les conditions quelque peu déconcertantes dans lesquelles il s’est déroulé. Soulignons que c’était une autre époque où l’avortement n’était pas bien vu. Chantal Birman n’a pas eu droit à de cadeau, en service ce jour-là une fois l’avortement de fait, elle a dû repartir mettre au monde. Son rire fait raisonner une certaine émotion lorsqu’elle évoque cette période de sa vie, qu’elle dit “ne pas regretter“. Une révélation très intime de la part de cette sage-femme, qui semble pourtant très réservée sur sa vie personnelle. Aude Pépin n’y est peut-être pas pour rien, en réussissant à mettre toutes ces femmes en confiances. 

Au coeur de l’intimité 

La réalisatrice n’a pas eu peur de s’introduit dans l’intimité de toutes ces femmes que l’on voit dans son long-métrage. La caméra souligne les larmes des angoisses, d’un corps devenu douloureux par la césarienne pour certaines ou  encore cette poitrine meurtrie par l’allaitement. Mais c’est aussi des sourires et l’émerveillement que l’on réussit à lire sur les visages de ces mamans, quand elles portent sur elles ce petit être qu’elles ont mis au monde. Une caméra presque intrusive, mais qui a cette pudeur, mettant en lumière cette beauté qu’est de devenir mère bien que ce soit un grand chamboulement pour de longues années. 

Un long-métrage qui offre à chacune des mamans la possibilité de s’identifier par des portraits totalement différents, au parcours et aux doutes distincts comme : la peur de la mort subite du nourrisson pour l’une, l’angoisse d’une femme au passé anorexique de voir son bébé grossir, l’isolement d’une maman seule sans papiers, la peur de mal faire… Mais elles ont toutes deux belles choses en commun : ce pouvoir de donner la vie et cet amour naissant presque indescriptible qu’elles portent à leur nourrisson. 

“À la vie” est une merveilleuse mise en lumière des conditions difficiles des sages-femmes qui sont de véritables héroïnes et ce tourment de devenir maman.