« Five Feet Apart » : un combat face à l’amour
Réalisé par Justin Baldoni, « Five Feet Apart » est une réelle prise de conscience sur l’importance de pouvoir toucher et sentir la personne que l’on aime. Des gestes banals qui prennent pourtant tout leur sens après cette comédie dramatique sur la mucoviscidose.
Inspirée de la vie de Claire Wineland, une adolescente touchée par la mucoviscidose, « Five Feet Apart », réalisé par le comédien Justin Baldoni (Jane The Virgin) en 2019, est une véritable ode à l’amour, mais aussi un message de force et de courage face à cette maladie incurable.
Un courage dont fera preuve Stella( Haley Lu Richardson ) . Atteinte de la mucoviscidose, elle décide de ne pas se lamenter et, au contraire, de se battre pour rester vivante. Elle crée une chaîne sur laquelle elle publie des vidéos et raconte son quotidien. Mais au-delà de ça, elle y évoque aussi ses doutes, ses peurs et ses réflexions. L’une d’elles sera fondamentale à cette comédie dramatique : pourriez-vous envisager de ne plus toucher une autre personne ? Le toucher prend tout son sens quand la jeune fille énumère son importance. Il permet d’être rassurée quand on est pas bien, quand on a peur, il permet de se sentir en sécurité, notamment à travers le premier peau à peau que l’on a avec ses parents… Mais surtout il offre cette chance de pouvoir tenir la main de la personne que l’on aime. Des choses qui sont pour les gens en bonne santé des gestes du quotidien auxquels on ne fait pas vraiment attention.
Stella, elle, doit sans cesse être vigilante à tout ce qu’elle manie pour éviter d’être en contact avec des bactéries qui pourraient la tuer et lui être fatales comme Will ( Cole Sprouse ), un garçon également affecté par la mucoviscidose à un stade plus avancé, ayant contracté le Burkholderia Cepacia, un microbe pouvant mettre Stella en danger.
Un amour inconscient
Au départ, tout les éloigne. Will veut seulement profiter de la vie sans forcément prendre sérieusement son traitement. D’une mère fortunée, il fait l’objet d’un nouvel essai clinique. Stella, ne vit que pour son traitement et attend avec espoir une greffe. Pourtant, des liens vont se créer, des compromis vont s’installer. Elle autorise Will, passionné de dessin, à la dessiner. Lui accepte de suivre son nouveau programme médicamenteux.
Une distance de deux mètres les sépare, pourtant l’amour est plus fort. Will et Stella n’échappent pas à leurs sentiments. Pour se sentir plus proche, la jeune fille utilise une queue de billard donnant l’illusion de se tenir la main.
Cet amour impossible reflète les plus grandes histoires d’amour du cinéma, comme celle de Jack et Rose dans « Titanic ». D’ailleurs, certaines scènes peuvent y faire référence comme la scène où il la dessine. Stella est assez gênée, mais essaie de plaisanter, nous faisant penser à l’attitude de Rose lorsqu’elle pose nue. Will, assis, ne parle pas vraiment. Il sourit, se concentre et lui répond brièvement, tel Jack.
Une autre scène nous ramène également à « Titanic ». Un soir de neige, l’adolescente décide de quitter l’hôpital pour aller voir la ville sous les lumières. Elle se retrouve avec Will dans cette nuit glaciale et s’aventure sur une grande plaque de glace. La caméra se rapproche sur les amants. Les spectateurs peuvent voir leurs lèvres bleues et tremblantes, face à face, frigorifiées, comme dans cette dernière scène entre Jack et Rose dans l’eau glacée.
Stella et Will rappellent aussi l’histoire de « Roméo + Juliette » de Baz Luhrmann. Ils se cachent de leurs parents et de Barb, une infirmière qui s’oppose à cet amour, connaissant les causes. Un combat non pas autour de leur condition sociale, ni une lutte entre des parents ennemis, mais un combat contre une maladie qui fera tout pour les séparer et les confronter à la mort.
Changer par amour
Une comédie dramatique d’1h56 qui propose une véritable évolution de ses personnages. Stella, perfectionniste, ne s’autorise pas la moindre erreur. Dans ses vidéos, elle se montre forte, dévouée à sa guérison pour vivre le plus longtemps possible. Une caméra permettant au spectateur de se sentir actif au sein de l’histoire. Stella ne s’adresse pas seulement à un public ancré dans le film, mais à nous ! On ressent son obsession de toujours bien faire les choses et de ne pas décevoir, oubliant finalement de profiter de ce que la vie a à lui offrir. Sa rencontre avec Will dévoilera une jeune fille qui au-delà de sa mucoviscidose souffre de voir des gens de son entourage partir avant elle. Une injustice de la vie qui la pousse à ne commettre aucun faux pas. Amoureuse, elle lâchera prise par rapport à certaines choses. Elle apprend à aimer ce que chaque seconde ou minute peut lui apporter.
Will est l’opposé de Stella. Il ne veut pas être encombré par la prise de médicaments. Il se considère condamné et ne se donne pas la peine de vivre pour son traitement. Le jeune homme se laisse porter au jour le jour. Le garçon change de comportement pour Stella. Il ne veut plus seulement profiter du moment présent, mais continuer à vivre et être à ses côtés.
Si la mort est constante tout au long de « Five Feet Apart », on aime cette fin douce et amère. Stella réussit à obtenir une greffe des poumons. À son réveil, Will a fait installer toute une panoplie de lumières. Les lumières qu’elle voulait tant voir. Elles reflètent la vie, celle qui attend Stella avec ses nouveaux poumons. Mais elles sont aussi le reflet du paradis, celui de Will, l’ange qui aura finalement sauvé sa bien-aimée.