Vincent Rottiers, Kevin Azaïs et Pauline Parigot parlent de Frères d’arme : Fraternité, amour et complicité

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Crédit photo : David CHHOUY - DESTINY FILMS

Réalisé par Sylvain Labrosse, le film “Frères d’arme” est une ode au combat et à la fraternité. Une relation passionnelle entre Emilijan (Vincent Rottiers) et Stanko (Kevin Azaïs), deux frères qui vont peu à peu se déchirer pour laisser place à un chemin différent. Emilijan trouve l’amour auprès de Gabrielle (Pauline Parigot), Stanko, lui retrouve l’amour de ses terres d’enfance. Pour PressEyes les trois têtes d’affiche se confient.  

Direction le Roch Hôtel à Paris pour rencontrer les acteurs Vincent Rottiers, son petit frère Kevin Azaïs et Pauline Parigot. Dès mon arrivée je suis accueillie par les attachées de presse qui m’invitent à prendre un peu de thé près de la cheminé, “les comédiens sont en haut pour une interview, ils ne vont pas tarder.” J’en profite pour regarder la décoration de l’hôtel à la lumière tamisée. Un des murs est couvert de livres sur le cinéma tandis que de l’autre côté se trouve un mur de glaces. Vincent, Kevin et Pauline arrivent. Nous nous installons sur un gros canapé en cuir. L’ambiance est chaleureuse, les comédiens sont décontractés et se montrent très complices.

Rencontre sur le plateau

Pauline et Kevin ajustent leur masque, tandis que Vincent, lui, préfère l’enlever avant de me raconter leur rencontre sur le plateau du film Frères d’arme. Kevin prend la parole et s’adresse à Pauline : “Je ne sais pas si je t’avais déjà vu avant, mais je crois que l’on s’est rencontrés directement sur le plateau.” Une scène sur laquelle Kevin doit secouer la comédienne. “Sympa…”, s’exprime Vincent. Vincent et Pauline qui jouent un jeune couple, se souviennent s’être vus lors d’un repas organisé par le réalisateur. “On a quand même fait une lecture tous les trois du scénario“, confie Pauline. “Ah oui c’est ça il me semblait bien !” s’exclame Kevin. Vincent s’excuse : “Désolé, ça date un peu…“, son petit frère en profite pour faire une blague : “On devait le sortir en 2017, puis en 2019… Non je rigole.

Frères d’arme relate une histoire forte, celle d’un amour fusionnel entre deux frères qui portent un lourd secret. Petits ils se sont promis : ils ne se quitteront jamais. Mais la vie en a décidé autrement. Des personnages que Kevin et Vincent ont accepté d’interpréter par cette histoire “que l’on ne voit pas souvent dans les films français“, explique Kevin, avant que son frère reprenne : “Même si on aime les films français !” “Bien sûr, on tient à préciser que l’on aime beaucoup les films français.” Kevin souligne également cette envie qu’il avait de pouvoir partager l’écran avec son frère et garder ce lien fraternel. Pour Pauline c’est le défi qu’il l’a poussé à dire oui. Au départ le réalisateur avait choisi une autre comédienne, mais un mois avant le tournage c’est Pauline qu’il décide de mettre dans la peau de Gabrielle. Vincent, surpris regarde sa partenaire de jeu : “Ah bon ?“, l’actrice réplique avec humour :  “Mais bien évidemment !” et continue son explication : “Sylvain m’a appelé et m’a demandé de jouer dans ce film-là. Je n’ai pas passé d’audition, c’était très soudain et j’ai accepté car justement j’ai bien aimé le défi de jouer un mois plus tard.

Vincent tient à élucider le mystère de cette comédienne remplacée. Tous deux ( Vincent et Pauline) se mettent à discuter à voix basse. Kevin me lance : “Désolé on en profite pour régler nos comptes.” Une phrase qui fait réagir Vincent. “Bon ce n’est pas grave, on en reparlera plus tard“, dit-il en rigolant. Nous reprenons le cours de l’interview.

La force du jeu

Malgré leurs différences, je ressens entre ces deux frères cette forte complicité qu’il y a entre eux. Kevin parle beaucoup, fait des petites blagues entre deux questions. Vincent lui est plus sur la réserve, figure du sage. Son cadet a toujours un regard envers lui lorsqu’il répond à mes questions, où l’interpelle “Hein Vince ?“, presque comme s’il attendait l’approbation de son grand frère dans chacune de ses réponses.

Un lien qui crève l’écran dans “Frères d’arme. Il offre à leur personnage une véritable authenticité de ce petit frère perdu sans la protection de son aîné. “C’était plus compliqué de jouer des potes dans La marche que des frères dans Frères d’arme“, expose Vincent. “Oui c’est ça“, confirme Kevin avant d’ajouter : “C’était difficile de retirer ce côté fraternel entre nous, c’était assez dur de le jouer. Là dans Frères d’arme il n’y avait pas besoin de jouer.

Pauline au milieu des garçons s’est enfoncée au fond du canapé pour leur laisser la parole. Une place sur le sofa qui par un pur hasard, reflète sa place en tant que comédienne dans le film : d’avoir dû s’immiscer entre ces deux comédiens. “C’est le rôle perturbateur. C’était le défi à la fois de comédienne et du personnage de trouver la place entre les deux frères. Ça tenait debout dans mon travail de comédienne car c’était clairement la réalité. C’était effectivement un peu un combat de trouver la place entre les deux frères et réussir à trouver une relation amoureuse dans un film de gangster.

L’emblème décoratif

Un film de gangster empli de poésie apporté à la fois par le jeu des comédiens, et celui du paysage de Brest, qui parfois ne fait qu’un avec les personnages. Il souligne leurs peurs et les non-dits. Après un petit moment silencieux : “À trois c’est difficile de savoir qui va parler en premier” rigole Kevin qui finalement s’en empare. Il me fait part de l’importance du décor dans la construction de leur rôle. “Après ce qui aurait pu en effrayer d’autre et en bloquer d’autre, mais qui m’a beaucoup poussé, je ne sais pas pour vous, c’est que l’on n’avait pas beaucoup de temps pour faire les choses. Tu as envie de te donner à fond de suite et de faire les choses biens. On ne va pas se mentir, Sylvain il aime bien recommencer, sauf que des fois il faut savoir s’arrêter pour ne pas s’épuiser et parfois il faut pouvoir continuer car on n’a pas ce que l’on veut. Quand tu rajoute à ça le fait que l’on n’ait pas beaucoup de temps et que l’on n’est pas seulement un personnage principal mais trois personnages principaux. Je pense que ce n’était pas simple de gérer tout ça. Quand j’étais sur le plateau pour des scènes où il fallait pleurer, se mettre en colère, je tenais à tout donner de suite. C’est Vincent qui me disait ‘ça va tranquille, on va le refaire après’.” “C’est vrai que l’ambiance système D du plateau elle aidait vachement à donner de la tension à des scènes et le rapport entre les personnages.” précise Pauline.

Pour incarner Gabrielle, l’actrice à trouver sa force dans la langue des signes. Le langage prend une grande place au cœur du long-métrage. Il y a le Serbe la langue maternelle des deux frères. Elle représente la nostalgie de l’enfance pour Stanko, alors qu’elle est la langue d’un passé douloureux pour Emilijan. La langue des signes est révélatrice d’amour et d’un nouvel avenir. “La  langue des signes m’a permis de nourrir mon personnage. Tout le long Gabrielle attend qu’Emilijan lui dise les choses, mais il reste mutique donc ça a nourri mon personnage qu’elle est à la fois un père sourd et muet et de l’autre côté un mec qui n’arrive pas à dire les choses alors qu’il a la capacité de la langue.

Du meilleur au pire

Frères d’arme a été pour les acteurs un tournage aux doux souvenirs : “Le moment avec les huitres, quand Sylvain nous a payé des huitres” se souvient Kevin en rigolant. Vincent lui met en lumière la scène du braquage : “C’est un petit truc dans le film, mais c’était imposant. Le film était fini, on est revenu exprès pour tourner sur le vraquier. Il y avait cette ambiance sur le port avec le vraquier, j’ai bien aimé.” Pauline, évoque la séquence en famille qui a réunie tous les acteurs : “C’est le repas de famille. Tous les acteurs et tous les personnages étaient réunis. Pour ma part c’était intéressant d’être dans une contre émotion par rapport à un collectif qui se retrouve, qui est content et d’être dans une longue gêne. C’était super à jouer. En plus c’était un bon moment à tourner.

Mais concernant Vincent et Kevin ce sont aussi des scènes très fortes voire complexes à jouer étant liés par les liens du sang. “Même si c’est du jeu, tu as quand même un flingue braqué sur la tempe de ton frère et ton frère lui à un flingue braqué sur sa tempe par son petit frère. C’est assez spécial.” Vincent ajoute : “La scène aussi quand je le jette de la voiture et que je lui dis que je ne veux plus le voir et qu’il court derrière. Ce n’était pas forcément des bons souvenirs, c’était difficile à faire.” De sa voix grave émane une grande sensibilité lorsqu’il évoque ces passages déchirants.

La discussion avec Kevin, Pauline et Vincent prend fin. Ils prennent le temps de me remercier de ce petit instant avec eux avant de s’échapper pour la suite de leurs aventures. Trois artistes à connaître tant par leur jeu à l’écran que par leur simplicité et leur humilité.