Bakary : Un comédien au naturel

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Crédit Photo : Homayoun

Depuis tout petit, Bakary est passionné par le cinéma. Avec son pot de pop corn, il admire les acteurs qui déversent mille et une émotion, avec cette aisance de passer d’un personnage à un autre, pour faire rêver les spectateurs. Bakary aussi veut avoir plusieurs vies : il veut devenir un héros, il veut faire pleurer, il veut faire rire… Un rêve devenu réalité, puisqu’aujourd’hui c’est lui derrière cet écran, donnant espoir à tous ces jeunes qui comme lui veulent raconter des histoires. Rencontre. 

Rare sont les comédiens qui ont un rôle écrit sur mesure, poussé par cette folle envie du réalisateur de les avoir dans leurs films. Bakary peut se venter d’en faire partie, grâce à Fabien Marsaud, dit Grand Corps Malade, qui ne pouvait imaginer “La vie scolaire”, sans le jeune homme. “Quand je passe le casting, il n’y avait pas de rôle pour moi. Un jour je reçois un appel de Fabien qui me dit, on a pas de rôle pour toi, mais on t’en a écrit un à la réécriture.

Bakary revoit alors ce petit garçon assis dans son siège rouge de cinéma, face à ces acteurs fascinants qui lui ont donné envie de faire ce métier. Mais cette-fois, c’est lui qui sera derrière l’écran à endosser un personnage. Passionné, motivé, Bakary se lance dès la fin du tournage de “La vie scolaire” à la recherche de nouveaux rôles. Quelques temps plus tard, c’est dans “Banlieusards” que l’on pourra à nouveau voir son visage. 

Rester soi-même 

À sa grande surprise, quand il arrive sur place, une queue immense l’attend, ce qui le décourage un peu. “J’étais avec cinq copains et j’avais envie de partir, mais ils m’ont motivé à rester.” Des copains qu’il peut donc remercier… Une longue attente, pour seulement une photo, mais un de ses amis, remarquera qu’elle a été glissée dans un dossier d’une autre pile. “Quelque temps plus tard, j’ai reçu une réponse pour venir passer un casting physique.” Rappelé pour un deuxième essai, il fera la rencontre de Kery James et Leila en claquette chaussette… “Finalement le naturel a payé“, me dit-il en rigolant. 

Bakary vient de décrocher le rôle de Noumouké. Un personnage haut en couleur, tout comme semble l’être Bakary. Bien que je ne le connaisse pas, je décrypte une forte personnalité, mais surtout une personne avec laquelle on ne s’ennui jamais vraiment. “J’ai de suite aimé Noumouké. Il est drôle, attachant, impulsif et en même temps il est intelligent. Ce n’est pas un personnage tout lice, il n’est pas tout noir, ou tout blanc, il a vraiment les deux aspects.” Un personnage de composition, qui connaîtra une belle évolution entre “Banlieusards” 1 et 2. 

Dans le premier volet, le spectateur est face à un gamin qui se moque un peu de tout, qui cherche à faire comme son grand-frère (Kery James), figure de la banlieue… Sauf que Noumouké n’a pas vraiment les codes et se fait toujours prendre. Il enchaîne les bêtises, n’aime pas l’école, mais a conscience qu’il donne du fil à retordre à sa mère qui ne sait plus comment le gérer. “Pour Banlieusards 2 j’ai essayé d’être beaucoup plus dans l’émotion. Il se passe beaucoup plus de choses pour lui que dans le 1 qui était plus porté sur Soulaymann. Mais je n’ai jamais lâché et mon mot d’ordre était d’être le plus juste possible et pas dans la caricature.

Laisser apparaître la faille 

Dans “Banlieusards 2”, Noumouké fait toujours des bêtises, n’aime toujours pas l’école, mais révèle une certaine fragilité. On comprend peu à peu que cette faille est liée à l’absence de son père partie bien trop tôt. Pour rendre cette tristesse profonde de son personnage et authentique, Bakary s’est construit sa propre histoire entre Noumouké et son père, mais surtout, dès le scénario de “Banlieusards 2” en main, Bakary n’existait déjà plus pour laisser place à son personnage, mais aussi à l’improvisation. “Je suis très dans l’improvisation et j’adore ça. Après j’ai eu de la chance que Kery et Leïla me laissent cette liberté, tout en étant des appuis incroyables. Leila est bien plus qu’une grande réalisatrice, c’est une grande soeur. Kery c’est la même chose, ces films nous ont permis de dépasser le simple cadre du cinéma, on est vraiment une famille. Travailler avec les deux c’était merveilleux.

Du début à la fin de ce deuxième volet, Noumouké ne cesse de surprendre le spectateur… Par le biais de l’une de ses professeurs qui voit du potentiel dans son élève, il prend conscience des mots, leur poids et leur impact. Petit à petit, Noumouké n’a pas peur de révéler son âme d’artiste. Le Rap, la poésie, prennent de plus en plus de place dans sa vie comme pour le libérer de cette pudeur des sentiments entre ses frères et combler ce vide d’un père absent, jamais évoqué, si ce n’est à travers une photo posée sur une étagère. D’un adolescent perdu, en quête de sa personnalité, on se trouve face à un adolescent plus serein, qui a su trouvé sa voie. 

Un rôle complexe, mais c’est finalement cette complexité qui permet de mieux s’identifier. Une interview qui touche à sa fin, mais avant, Bakary a tenu à dévoiler une des phrases de “Banlieusards”, qu’il a particulièrement aimé : “La folie c’est de faire toujours les mêmes erreurs et de s’attendre à un résultat différent.”