Ben l’Oncle Soul : la renaissance d’un artiste jamais oublié

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Crédit Photo : Parsa

De Soulman à la reprise inoubliable version soul de Seven Nation Army, en passant par Petite Sœur, Ben l’Oncle Soul a bercé la génération des années 1990 qui aimait à l’écouter avec son précieux MP3.  Aujourd’hui, il revient avec un nouvel album “Is It You” :  une œuvre très personnelle, à travers laquelle il guide ses auditeurs vers une quête de soi pour trouver la lumière. Rencontre.

J’ai 16 ans la première fois que je découvre Ben L’Oncle Soul et son fameux titre Soulman que tous les adolescents de mon âge écoutent en boucle. En soirée, elle est la chanson qu’il faut passer à tout prix, sans compter Petite sœur, qui étant la seule fille de ma fratrie raisonne en moi et bien plus encore aujourd’hui avec une meilleure compréhension des paroles. Douze ans plus tard, me voilà chanceuse de pouvoir rencontrer l’artiste pour parler de son nouvel album “Is It You”, mais aussi de son parcours et de son amour pour la musique.

Sous son groove de soulman, se révèle la douceur d’une voix et d’un homme. Ben l’Oncle Soul, de son vrai nom Benjamin Duterde est une personne assez réservée, loin du personnage à lunettes et pantalon à bretelles dont il nous a habitués dans les années 2000. Peu bavard et démonstratif de ses émotions, telle une carapace qu’il brise lorsqu’il est sur scène. “Je reste dans le fun avec les gens la plupart du temps. J’ai un ou deux bons amis avec qui on peut aller plus en profondeur sur certains sujets, mais je ne suis pas quelqu’un qui débat. La musique c’est vraiment ce qui me permet de m’exprimer.

La passion d’une mère

Cette passion pour l’art musical et plus précisément pour la soul, il la doit à sa mère qui tombe sous le charme de ce genre au lycée. “Mes grands-parents travaillaient dans un lycée à Tour et elle a eu un correspondant Afro-Américain. Quand il est venu chez elle, il a ramené dans son sac des compiles formidables connues dans le soul / soul funk : Aretha Franklin, Ray Charles, James Brown…” Séduite, elle ne cessera d’écouter la musique noire de Ray Charles à Stevie Wonder et en fait la culture musicale de son fils, sans se douter qu’elle en ferait un bel artiste.

 

 
 
 
 
 
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La musique prend une grande place dans le quotidien de Ben L’Oncle Soul, qui du haut de ses dix ans décide qu’il en vivrait après la découverte d’une pochette de Vinyle. “Vouloir faire ça de ma vie et le garder comme passion, je l’ai compris quand j’ai regardé l’intérieur de la pochette de Stevie Wonder. Je me rappelle de cette image où il est au milieu de ses claviers dans son studio et pour moi c’était un peu le magasin de jouets, la caverne d’Ali Baba. J’ai vu cette photo et je me suis dit c’est trop bien, il a une chambre et pleins d’instruments de musique et c’est devenu un de mes objectifs de vie.” Déterminé, il est l’exemple même que l’on peut croire en ses rêves et les réaliser.

Tomber le masque

C’est donc en 2010 que le public découvre un jeune homme à lunettes Wayfarer ou clubmaster au pantalon à bretelles, avec une voix unique et singulière. Un personnage haut en couleur, qu’il tend désormais à mettre de côté. “Rentrer dans ce personnage m’a beaucoup aidé, car je ne suis pas quelqu’un d’extravertie à la base. Je peux facilement faire le clown, mais pareil c’est une facette ou une façade pour pallier au malaise, ça m’a beaucoup aidé pour monter sur scène.

Ben l’Oncle Soul a grandi en tant qu’artiste, a muri en tant qu’homme et est enfin prêt à enlever tous ces artifices. Il veut se sentir libre de ses créations et ne plus se cacher par l’art du déguisement pour être au plus proche de son public.

 

 
 
 
 
 
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Un public qui lui est resté fidèle, mais aussi un public d’une toute nouvelle génération qu’il a réussi à conquérir. Les jeunes d’aujourd’hui chantent ses titres les plus mythiques, comme Soulman repris par Julien l’un des élèves de la promotion 2022 de la Star Academy.

Je ne savais même pas qu’un élève de la Star Academy l’avait chanté“, se confie-t-il avec un grand sourire avant d’ajouter “C’est génial et c’est valorisant que l’on est au moins une chanson qui touche les gens. C’est comme une carte de visite, qui fait que je remplis sans doute des salles de concert.”

Ben l’Oncle Soul peut être heureux et fier de son parcours, car combien d’artistes ont eu la chance d’être étudiés en cours ? “C’est quelque chose qui me touche vraiment de savoir que ma musique est enseignée.” Lui qui voulait devenir professeur d’Arts Plastiques est devenu sans le vouloir, une figure de l’enseignement musical. Une musique forte avec des textes d’une grande signification poussant à la réflexion. “Je me suis toujours intéressé a beaucoup de choses et je trouve ça cool, sans avoir fait le chemin de l’éducation nationale de me retrouver dans les écoles à balancer Muhammad Ali, Charlie Chaplin.” Maintenant reste à savoir si son prochain album sera mis en application dans les cours de philosophie ?

Un voyage intérieur

Is It You est comme une invitation au voyage intérieur, en commençant par celui de Ben l’Oncle Soul, conviant son public à faire le leur et trouver leur chemin.

Écouter “Is It You” c’est se laisser transporter dans un monde presque parallèle, menant à une remise en question sur notre existence et nos véritables désirs. “La musique est une invitation à la méditation. Je sais que j’adore la musique car elle m’a toujours apaisé et j’ai toujours voulu comprendre les paroles et ce que l’artiste voulait dire.” Une œuvre que l’on reçoit comme une clé de compréhension de son propre parcours et nous plonge dans nos souvenirs ou notre vie antérieure, notamment avec le titre Sky Has Open Doors. Un titre à double interprétation : celle d’un rapport avec l’au-delà, le souvenir de ces gens qui nous ont quittés, ou celle de l’existence même, grâce à nos pensées et aux éléments de notre mémoire de ces instants de vie que l’on ne peut oublier. “J’ai visualisé ça un peu comme un plasticien fan de Magritte, comme une espèce de fenêtre au milieu des nuages, au milieu du ciel.

Cet album confère un nouveau souffle à Ben l’Oncle Soul : celui d’un grand retour sur le devant de la scène, mais aussi cette “nouvelle” vie après le covid, coupant toutes activités humaines.

Réagir et réécrire

“Au tout début du covid, pendant un mois et demi, j’étais incapable de faire de la musique.” L’artiste se perd sur cette grande médiatisation d’un virus capable de mettre le monde à l’arrêt. La vie est comme en suspend et demande beaucoup de chamboulements, tout en devant faire face aux mauvaises nouvelles. Une atmosphère triste et angoissante à laquelle l’artiste doit s’acclimater, avant de pouvoir reprendre sa plume pour écrire. “C’est l’humain qui a pris le relais sur l’artiste, je n’étais pas du tout dans la musique. J’étais vraiment dans : comment on va faire, comment on va prendre soin de sa famille, de ses potes. Puis, une fois que j’ai compris dans quoi on avait mis les pieds, j’ai décidé de commencer en me retrouvant tout seul. C’était particulier, par rapport à d’habitude où j’ai des équipes de musiciens avec qui je bosse.

 

 
 
 
 
 
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En solitaire, il se remet à faire de la musique et revoit l’adolescent qu’il était, seul dans sa chambre à créer des morceaux qui deviendront des tubes inconditionnels. “Ça faisait 12 ans, peut-être un peu plus que je n’avais pas joué seul… car même le premier album je l’ai fait avec des musiciens, donc ça remonte à mes premières maquettes.

Une solitude et une ambiance austère qui l’inspirent à apaiser les maux par une musique douce et acoustique, loin des rythmes entraînants auxquels il nous a habitués dans ces premiers albums. Avec “Is It you” on danse, mais avec son esprit en se laissant transporter dans une valse philosophique sur ce monde qui nous entoure et sur la sincérité de ce que l’on aspire vraiment.

Un roman chanté

Ben l’Oncle Soul initie son public à un nouveau voyage, tout en gardant sa patte artistique prônant l’importance de la musique, qui fait sa force depuis ses premiers pas sur scène, avec des sons bruts et authentiques qui ne vieillissent pas.  “J’aime ce côté très organique et vintage, je trouve que ça passe très bien les années. Mais même l’arrivée de l’électronique, s’il y a des sons intégrés, des effets, une musique qui est traitée, on a quand même du mal à la dater et c’est ça que j’aime également.

 

 
 
 
 
 
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“Is It You”, une œuvre de plus de l’artiste, non datée dans le temps, de par la musique, mais par les thèmes abordés qui pourront inspirer les générations futures. Un album, une nouvelle histoire qu’il faut écouter du premier titre au dernier. Il serait presque impossible de faire l’impasse sur l’un des titres ou l’écouter dans le désordre pour comprendre ce roman onirique. Ainsi, “Is It You” raconte dans un premier temps la remise en question, la spiritualité, nous portant jusqu’à la porte du paradis ou de l’enfer, un libre choix que laisse l’artiste. On devient plus grand, on commet des erreurs, avant de parvenir à la lumière. Une lumière pas toujours rassurante où les doutes s’installent, mais nous fait avancer pour ne pas vivre dans le regret. Voilà le message fort de cette bible sur le cycle de la vie. “Quand on fait un ordre de morceaux, ce n’est pas forcément l’ordre de composition, mais j’ai essayé de trouver un chemin qui raconterait une seule et même histoire. Effectivement, il y a la vie terrienne, il y a la vie aérienne, puis il y a quelque chose de plus lumineux, avec à la fin un retour à la terre avec Something New. Je trouve que c’est un morceau important dans l’album ; il relance un peu les trois morceaux de fin.”

Un album au parcours presque initiatique, comme une ascension où l’on tire le fil de chaque morceau pour mener au suivant. Une œuvre non pas figée dans le temps, mais dans un instant de vie du compositeur et musicien.

Dès ses débuts, Ben l’Oncle Soul n’a pas eu peur de se démarquer. Par son talent, il réussit à happer l’attention et l’amour d’un public qui en a fait un artiste intergénérationnel. Il s’inscrit ainsi auprès de ces artistes intemporels et éternels.