Charlie Faron : l’artiste ancré dans une vérité qui rassemble

Charlie Faron, Interprète, auteur, musique, Mathilde Dandeu, PressEyes

Crédit photo : Mitchell Sturm

Charlie Faron est un artiste multiple. Il compose de la musique, écrit ses propres textes et laisse sa créativité s’exprimer à travers la broderie pour sa marque Encré. À l’occasion de la sortie de son deuxième EP, “Super Positions” qui est une analyse de l’âme humaine à travers le prisme de la société, l’interprète et créateur s’est livré sur son parcours. Rencontre.

Un père qui lui inculque une forte culture musicale, un oncle et un cousin qui ont un studio d’enregistrement. Charlie Faron était-il destiné à faire de la musique ? Peut-être bien. D’ailleurs, quand il reçoit sa première guitare à l’âge de 10 ans, il sait qu’il veut être musicien et il le deviendra.

Mes parents sont très terre à terre et ils savaient me remettre les idées en place. Parfois, on a un peu des rêves de gosse où à 15 ans on se tourne vers une autre voie. Mais mon envie de faire de la musique mon métier n’est jamais partie.

 

 
 
 
 
 
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Un univers dans lequel il baigne et qui lui insuffle un sentiment de liberté : celui de pouvoir s’exprimer sans cette peur d’être jugée. “Je trouve que le jugement est beaucoup plus faible quand on se permet de parler à travers l’art.” Bien que des paroles de certains artistes aient fait l’objet de grands débats, Charlie Faron souligne cette réalité : “De manière générale je pense que l’on peut s’exprimer plus facilement. Le fait de se dévoiler artistiquement donne plus de légèreté pour défendre son discours.

Un discours qu’il tient lui-même à écrire, pour véhiculer ses propres messages, ce qui l’anime et ce qui le touche.

Jeu de mots

Interpréter des chansons d’autres artistes, n’intéresse pas vraiment Charlie Faron qui aurait “l’impression de seulement réciter un texte“. L’artiste aime l’idée de pouvoir défendre ses propres combats ; mais aussi jouer avec la langue Française pour en montrer sa richesse, sa splendeur et ses complexités.

Avant, j’écrivais beaucoup en anglais et je ne m’attachais pas vraiment aux paroles. L’anglais est moins écouté et moins interprété par les autres. Mais écrire en français, c’est devoir écrire correctement et c’est une difficulté en plus. Tu peux écrire de manière sublime en français, mais si c’est mal interprété ça ne ressemble à rien. Et tu dois pouvoir trouver les bons mots pour les bonnes sonorités.

Tout un art calligraphique, qui lorsqu’il est à ses prémices, Charlie Faron aime l’entremêler à des notes. “J’aime écrire les paroles une fois que j’ai la base instrumentale.” Une base qui au départ ne lui sert que de démo, avant de se rendre en studio avec toutes ses bandes sons. “J’ai besoin de poser les paroles sur de la musique. J’ai toujours plein d’idées et pour moi, c’est la sonorité qui va jouer sur le sens des mots.” Mais il précise une chose : “ça ne doit pas prendre plus d’une heure pour écrire un morceau.” Charlie Faron serait-il un artiste impatient ?

 

 
 
 
 
 
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Un artiste qui a peut-être ce besoin de vivre à 100/h, pour explorer au mieux toutes les problématiques de sa société. Une société qui au-delà de ses différences, rassemble plus qu’elle ne divise, comme il l’expose dans son nouvel EP “Super Positions”.

Accepter la similitude

Nous les êtres humains, aurions-nous plus de similitude qu’on ne le pense ? Une problématique à laquelle tend de répondre Charlie Faron à travers ces superpositions. “Dans la vie on peut avoir son avis, ses propres pensées sur un sujet. Mais il y a des choses qui sont inéluctables : tu ne peux pas penser que battre une femme c’est quelque chose que tu as le droit de faire, tu ne peux pas penser que les filtres d’Instagram te rendent plus belle ou plus beau. Tu ne peux pas penser qu’aucun homme n’a jamais eu de souci d’érection qui touche 90% des mecs…

Pour le musicien, on est tous similaires, qu’on le veuille ou non… Après l’écoute de son EP, il est difficile, si ce n’est impossible de nier cette vérité. “Chez les mecs on ne va pas forcément exprimer ses faiblesses ou ses fragilités. Pourtant, c’est important de le dire, car on va pouvoir apporter un peu plus d’égalité homme/femme. Je ne suis pas là pour dire nous les hommes on a des soucis aussi, c’est juste pour essayer de dire qu’il y a beaucoup plus de gens qui ont des points communs.” Un album qui se veut presque rassurant, avec ce message : “Tu n’es pas seul.e.

 

 
 
 
 
 
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Pour apporter ce sentiment réconfortant, Charlie Faron n’a pas hésité à s’ouvrir à son public, pour parler au mieux de toutes ces problématiques qui le touchent humainement, et parfois même intimement. “C’est vraiment une mise à nu. Ce n’est pas simple de parler de tout ça, mais je me rends compte que quand j’en parle à mes potes, ils vivent les mêmes expériences, quand bien même on n’a pas les mêmes caractères ou la même façon de penser. Mais je pense que c’est important de relayer tout ça.

Une fragilité qu’il assume, mais qui n’est pas toujours facile à porter, surtout quand Charlie Faron se retrouve à la tête de toute sa petite équipe pour sa marque Encré : “C’est un milieu où tu ne dois pas forcément montrer les failles.” Mais l’artiste a décidé de contourner les codes en montrant sa sensibilité et la développer pour en faire une force.

Une proximité rassurante

Une intimité artistique, qui offre la possibilité à son public de pouvoir s’identifier à certains morceaux, se reconnaître et se sentir en confiance le temps de quelques minutes d’écoute. Ils peuvent souffler et apaiser certains de leurs maux, grâce à la force des mots d’un artiste qui peut les comprendre et les soulager d’un poids.

Puis, il y a aussi ce morceau Conquistador, qui quand je l’ai écouté pour la première fois, m’a étroitement fait penser à Claire issue de son précédent EP, “Pensées”. Une analyse que l’artiste approuve : “Je n’y avais pas pensé, j’aime bien cette idée.” Il laisse un court silence, avant de reprendre : “Mais oui, c’est un peu une réponse à Claire, c’est un peu le côté antinomique de comment j’ai évolué et comment je vois la chose maintenant. J’ai un peu passé cette époque que l’on a tous, après j’assume toujours ce truc que je développe dans Claire qui est clairement et cruellement un plan cul. Dans Conquistador, il y a ce côté un peu plus animal que l’on peut prendre du côté positif comme négatif.

“Super Positions” œuvre donc pour des sujets forts et délicats, que l’artiste aurait pu harmoniser avec une mélodie aux sonorités graves, mélancoliques avec un low tempo ou cherchant une texture du son très intellectuelle. Bien au contraire, Charlie Faron, conscient que le poids de ses mots peut être pesants, il leur apporte un rythme ambiant par le biais de mélodies simples et élégantes qui retiennent l’attention. Ainsi, on a seulement envie de se laisser envoûter et partir danser jusqu’à ce que le souffle en soit coupé, tout en intégrant un message que l’on aura envie de chanter haut et fort pour faire bouger les lignes.

Une fois que les dernières notes de “Super Positions” retentissent, on ne peut que se poser la question de la place qu’occupe l’humain chez Charlie Faron, quelle importance il lui donne pour en analyser avec tant de justesse ses peurs, ses vices, son manque de confiance… et c’est en toute franchise qu’il me répond : “Je ne sais pas. Je pense être assez solitaire et même égocentré. Par contre, je prône la bienveillance et la politesse depuis que je suis tout petit. J’ai besoin de vivre dans un monde où l’on est bienveillant. Je pense que mon ultra sensibilité fait que j’ai besoin de ça.

Une bienveillance, qu’il porte également par le biais de sa marque Encré, où là encore, créer une collection lui demande de penser à l’autre, pour répondre au schéma classique de l’offre et de la demande. “Je pense que si je devais juste faire passer un message pour moi-même je m’en foutrais. Typiquement ma marque je ne la porte jamais. Je la fais pour les autres, mais pour moi, ça a moins de sens.”

 

 
 
 
 
 
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Créée il y a six ans sur Lyon et baptisée Encré, elle révèle une nouvelle patte artistique mettant en lumière la finesse de la broderie. Des pièces uniques inspirées du monde du tatouage, qui sortent de l’ordinaire que l’on pourrait comparer à de véritables œuvres d’art. Entouré d’une vingtaine d’employés, vous pourrez retrouver les collections en boutique à Lyon, à Paris et prochainement à Bruxelles. “Encré est la continuité et la volonté de pouvoir faire ce que je veux, quand je veux et de pouvoir vivre de ce que j’aime.

Charlie Faron se dit égocentrique, avec des textes qui s’inspirent de ce que lui voit, ce qu’il ressent et de ses propres expériences. Mais finalement, n’est-ce pas cet égocentrisme, qui par ses propres failles lui donne cette opportunité de mieux comprendre les autres et d’être au plus proche d’un public qui a besoin d’un artiste ancré dans le vrai.