Deborah Grall, une muse dans l’imaginaire des années 20

La justesse et la vérité, c’est ce qui découle de l’interprétation de la comédienne Deborah Grall. Dans la peau de Kiki de Montparnasse, la muse des grands peintres des années 20, pour la série « La Garçonne » diffusée sur France 2, l’actrice se confie à PressEyes. 

Avec une mère assistante sur les plateaux de tournage et un grand-père comédien, la voie de Deborah Grall était-elle toute tracée ? « Pas forcément », me répond la comédienne. « Je n’ai pas envisagé un autre corps de métier que celui-là. J’aurais pu faire un rejet de tout ça : aller plus vers la réalisation ou vers la technique, mais je ne sais pas pourquoi je suis allée franchement sans vraiment me poser de questions en me disant que c’était vraiment ça qu’il fallait faire. »

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C’est cette passion que ressentaient les gens autour d’elle pour leur métier scénique qui a poussé Deborah Grall à poursuivre dans cette direction. Elle débute par le théâtre, une formation à laquelle ses grands-parents tiennent énormément. « J’ai pris des cours de théâtre et après c’est vrai que j’ai tourné, car mon père était réalisateur. Il me faisait tourner pour des petits rôles dans ses films au début. J’ai appris la caméra comme ça et après j’ai fait des castings. »

Pour la comédienne, le théâtre, la télévision, le cinéma sont des expériences totalement différentes, et en même temps similaires sur l’incarnation d’un personnage. Selon l’actrice, les distinctions résident dans la manière de se concentrer qui ne sont pas les mêmes ou la méthode de travail. « Sur scène on raconte la même histoire tous les soirs. Au cinéma et à la télévision,  les personnages ne durent que le temps d’une scène, après ils sont imprimés sur la pellicule et ne nous appartiennent plus. Pour les séries, c’est encore autre chose, parce qu’on incarne des personnages sur 12h, sur des plus longs moments, on a plus de choses à représenter et l’histoire nous emmène un peu plus loin. »

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Deborah Grall réussit avec succès des castings pour de beaux films dits d’auteur : « Les Fautes d’orthographe » de Jean-Jacques Zilbermann en 2003, « Gainsbourg (vie héroïque) » de Joann Sfar en 2010 et « Les Petits Flocons » de Joséphine de Meaux en 2019. Une direction cinématographique qu’elle n’a pas vraiment choisie. 

L’humain avant tout

Ce sont des rencontres et l’énergie qu’elle dégage qui ont conduit l’actrice vers ces films élitistes. « J’ai fait des castings pour des films ou des séries grand public, mais peut-être que mon univers ou ce que j’incarne ne colle pas (rire). C’est tout simplement la personnalité qui colle avec le personnage que le réalisateur avait en tête, c’est aussi une question de hasard. Ce sont des rencontres. Quand j’ai fait le film d’Olivier Loustau, c’est l’humain qui a fait que ça a marché. »

L’humain qu’elle considère comme central. La comédienne aime travailler avec cet esprit d’équipe et être entourée de personnes qui ont cette envie de rendre l’histoire du scénariste vivante. « Un film, une série, une pièce de théâtre part du désir d’un metteur en scène. Il veut raconter une histoire, l’écrire, l’adapter ou il a envie de raconter un classique. Faire partie d’une histoire que quelqu’un veut raconter, le faire le mieux possible, incarner le personnage au mieux avec le plus de sincérité possible et puis surtout faire ça avec des gens, faire partie d’un groupe qui expose une histoire commune à un moment précis et avancer avec eux, c’est assez jubilatoire ». Des personnages auxquels l’actrice veut donner le plus d’authenticité possible. Elle tend à refléter sa vérité, la vérité du scénariste, mais aussi leur vérité notamment quand elle incarne des personnages qui ont déjà existé comme Elisabeth Levitsky la première épouse de Gainsbourg ou encore Kiki de Montparnasse dans « La Garçonne ».

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Deborah Grall se documente, lit des histoires autour de ces personnalités, mais surtout se laisse porter par l’atmosphère du plateau de tournage qui participe à 70% du travail des acteurs et des actrices : « Pour ces rôles d’époque, ce sont des femmes certes d’une époque différente, mais je pense qu’une femme en 2020, en 1920 ou en 1980 reste une femme, bien que les problématiques auxquelles elles sont confrontées à cet instant sont des choses assez spectaculaires, car dans « Maison Close », c’étaient des meurtres, des enquêtes. Pour Gainsbourg, une histoire d’amour et, pour Kiki, c’est une rencontre avec le personnage qu’incarne Laura Smet. Il y a des recherches à faire sur l’époque, mais tout ce qui est costume, décor, plus la musique qui va avec fait que l’on n’a pas besoin non plus de pousser les recherches au maximum. Je n’ai jamais fait de serial killeuse ou de flic. Je n’ai pas eu encore le bonheur de jouer ces rôles qui méritent énormément de recherches ou d’immersion dans un milieu. Pour le moment, ce sont des rôles qui demandent de l’imagination ou un peu de documentation pour m’aider à les incarner. »

Elle confie que les rôles d’époque sont plus compliqués à interpréter lors des castings sans cette ambiance tout autour. « Dans un milieu très précis d’époque, on a l’imaginaire qui va avec. On essaie de se visualiser dans ce moment. Mais un casting, c’est quand même une caméra, une pièce et un mur, c’est assez difficile. »

Des castings qui pour le moment lui réussissent, notamment pour celui de la série «  La Garçonne », diffusée en ce moment sur France 2. 

L’iconique Kiki de Montparnasse 

Deborah Grall incarne Kiki de Montparnasse aux côtés de Laura Smet. Le scénario relate l’histoire d’un Paris dans les années 20, dans le milieu du 36 quai des Orfèvres. Laura Smet incarneplusieurs personnages et l’une de ses facettes va être confrontée à la nuit parisienne et celle des artistes où elle rencontrera la muse des peintres de ce temps, Kiki de Montparnasse. « Elle était la muse de Man Ray entre autres et de beaucoup d’artistes de cette ère, elle est partout ! C’est aussi l’incarnation de la femme libre, même si elle dépendait beaucoup des hommes pour vivre, mais c’est une figure féministe de cette époque-là. Elle est indépendante, libre sexuellement, libre dans ses pensées. »

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Un personnage surprenant que beaucoup connaissent à travers l’œuvre de Man Ray « Le Violon d’Ingres » où, de dos, elle symbolise l’instrument. Une figure majeure que l’actrice veut absolument interpréter. « Quand il y a eu le casting pour faire ce rôle déjà physiquement ça pouvait marcher, car elle était un peu, comment dire ça (rire), c’était une bonne vivante, donc elle avait des seins, des fesses. Pour une fois qu’un personnage en a, ça pouvait marcher avec moi. J’étais hyper contente de passer le casting pour pouvoir faire Kiki de Montparnasse et ça a marché. C’était exceptionnel, j’étais très heureuse. »

Pour découvrir Kiki de Montparnasse et le jeu de Deborah Grall, on se plonge bien confortablement dans son fauteuil ou son divan devant son poste de télévision pour suivre les folles aventures des protagonistes de « La Garçonne ».

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Deborah Grall sera également de retour sur les planches du 15 au 26 septembre au Théâtre CADO d’Orléans. La comédienne joue dans la pièce « Mademoiselle Julie » aux côtés de Sarah Biasini. Une pièce mise en scène par Christophe Lidon et qui sera également représentée si tout va pour le mieux au Théâtre des Halles à Avignon. On croise les doigts pour que les conditions sanitaires ne viennent pas interférer dans l’investissement artistique d’une actrice enivrée par son art.