Emmanuelle Bouaziz : l’artistique des mots à l’émotion corporelle des maux

Portrait de la comédienne Emmanuelle Bouaziz

De l’amour de la danse, de la joie des plateaux au bonheur de vivre de ces deux passions, Emmanuelle Bouaziz dresse à travers ce portrait un beau message d’espoir et d’encouragement. Pour PressEyes, elle se confie sur son parcours et sa persévérance à croire en ce qu’elle entreprend. 

Il y a certaines personnes qui dès les premières minutes dégagent une belle énergie. L’actrice et danseuse Emmanuelle Bouaziz en fait partie. De sa jolie voix cassée pleine d’entrain, je l’imagine sourire à travers le téléphone lorsqu’elle m’évoque son parcours de ballerine et de comédienne. L’idée de devenir danseuse ? “Tout de suite“, répond Emmanuelle Bouaziz. Du haut de ses trois ans et demi, elle prend son premier cours de danse : “Normalement le début c’est quatre ans. Mais quand la professeure m’a vu et elle a dit ‘non, mais je vais la prendre il n’y a pas de problème’. Je dansais tout le temps, je dansais à la maison, dans la rue, ma mère disait que je dansais même dans son ventre quand elle était enceinte, dès qu’il y avait de la musique je bougeais beaucoup.» Fascinée par cette discipline, elle chorégraphie ses petites sœurs et apprend tous les ballets du spectacle de fin d’année par cœur. Mais très vite, elle prend conscience qu’elle va devoir se battre pour faire sa place dans ce milieu : “J’avais une professeure de danse classique qui m’a un peu condamnée. J’ai eu un premier prix à l’âge de 7 ans et juste après elle m’a dit que je ne serais jamais danseuse parce que je n’avais pas la morphologie pour“.

 
 
 
 
 
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Changement de mentalité

Une réflexion qui aujourd’hui horrifie la danseuse. De quel droit certaines personnes se permettent de briser des rêves ? Elle souligne qu’il y a eu du chemin parcouru vis-à-vis de la danse. Les mentalités changent peu à peu pour laisser le droit à tous les corps, les genres ou la couleur de peau s’exprimer : “ Les codes sont vraiment en train de se casser et je trouve ça fabuleux. Je pense à Misty Copeland aux États-Unis qui est la première ballerine, danseuse étoile – même si ça ne s’appelle pas étoile- Afro-Américaine à l’American Ballet Théatre qui est juste sublime. Elle a un corps très athlétique, pas du tout dans une forme de longélinisme, si je peux utiliser ce mot-là ( rire ) qui est fabuleuse. Je pense à plein de danseuses que l’on peut voir dans des émissions de télévision, dans des clips… Les codes se cassent, les publicités de lingeries, les défilés de modes, mais merci ! C’est vraiment chouette, car il n’y a pas un stéréotype de corps de danseuses, il n’y a pas un stéréotype du corps de la femme tout court. “ Emmanuelle Bouaziz prône l’acceptation de soi et surtout de continuer à croire en ce que l’on aspire à devenir. La jeune femme ne s’est jamais laissée déstabiliser : elle sera danseuse et entrera à l’école de danse Rick Odums à Paris où tout a commencé.

Du corps aux mots

Emmanuelle Bouaziz se décrit comme “une boulimique du travail“. Curieuse, elle a envie de faire plein de choses à la fois et c’est ainsi qu’elle se dirige vers l’acting. Un monde où le corps est aussi important que la danse, mais qu’elle va devoir apprendre à se mouvoir différemment. “Finalement c’est en partant sur la comédie musicale Roméo et Juliette, que je me suis dit, ‘mais c’est ça aussi qui me plait dans la danse. C’est de raconter des histoires, c’est l’interprétation, plus que la prouesse technique’, et je me suis décidée à ce moment-là. Je pense que c’est quelque chose qui existait chez moi enfant, mais je m’étais justement acharnée sur la danse en me disant : je vais me prouver que je peux le faire“. Ses premiers cours de théâtre sont assez compliqués pour la jeune femme. L’actrice en devenir, doit apprendre à transmettre ses émotions non plus par son corps, mais par la parole. Un exercice difficile pour celle qui avait l’habitude de s’exprimer sans les mots. “ Il a fallu chercher autre chose et c’était assez puissant à vivre, parfois douloureux. Ça réveille certaines choses et en même temps ça m’a appris aussi à rebondir assez rapidement et à switcher de la fiction à la réalité. C’est vraiment tout un processus, toute une découverte de ce que j’avais au fond de moi sur mes premiers cours et j’en ai d’excellents souvenirs. “ Avide d’apprentissages, elle part à Londres pour découvrir une nouvelle façon d’aborder le théâtre et le cinéma.

 
 
 
 
 
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Londres : son recueil artistique

Une ville qu’elle affectionne par sa vision de l’art qui est partie intégrante de l’éducation des enfants et obligatoire à l’école. “ Je pense qu’il y a une rigueur british, hyper précise – enfin moi- j’ai énormément appris à travailler avec eux et justement à être très concentrée. Ils prennent plus de temps, c’est même dans leur manière de parler, dans leur manière de vivre.“ Ce jeu anglais lui a offert la possibilité d’aborder les textes avec plus de subtilité, de ne pas sur jouer les mots, mais les faire vivre avec simplicité : “ J’ai travaillé avec une prof qui était canadienne à l’Actors Centre de Londres, elle nous faisait travailler la simplicité. La consigne était de lire une phrase, se la mettre en tête, regarder notre partenaire et lui dire la phrase.“ Un exercice qu’elle lui fait répéter plusieurs fois avant de lui dire “tu chantes“. La comédienne met des jours à trouver la simplicité : “ Une fois que l’on peut faire ça, on peut tirer le trait et aller plus loin dans le jeu et justement dans le corps. C’est ce que font les Américains où ça joue très large avec le corps, les mains, l’action, tout… Je pense qu’il n’y a pas une seule bonne discipline, une seule bonne méthode, il faut être curieux et aller chercher partout ce qui nous correspond et même ce qui ne nous correspond pas forcément, parce que c’est enrichissant. “ De danseuse professionnelle à sa soif de devenir comédienne, Emmanuelle Bouaziz mettra dix ans pour parvenir à réunir ses deux amours à l’écran avec des rôles dans : Sous les jupes des filles d’Audrey Dana, la série Chante ! et dernièrement dans la série Clem qui revient ce lundi 19 avril sur TF1 à 21h05.

L’élégance de la femme séductrice

Attention ! Emmanuelle Bouaziz insiste sur l’heure avec un début d’épisode qu’elle promet incroyable. Depuis la saison 10, la comédienne y incarne Alma, une professeure de salsa, qui tombe sous le charme du père d’un de ses élèves, Adrian, incarné par Agustin Galiana. Un jeu de séduction s’installe entre les personnages, tout en restant dans une certaine pudeur apportant beaucoup d’élégance. “Ah, mais merci beaucoup, ça me touche beaucoup, oui parce que parfois les gens confondent certains termes… la séduction, le charme, ce n’est pas quelque chose de poussif. Il y a une phrase dans le film La Boum, c’est l’arrière-grand-mère de Vic, le rôle de Sophie Marceau qui lui dit : ‘une femme qui s’offre ça doit être un cadeau pas une chose d’emmerdement’. Et je crois que si on veut séduire, charmer, c’est toujours avec beaucoup de subtilité, d’élégance. Séduire ce n’est pas s’imposer, c’est tout un art.“

C’est fascinant la manière d’aborder la danse dans chaque style. Ne serait-ce que la samba et la salsa, ce ne sont pas la même chose. D’ailleurs, c’est super qu’il y ait Danse avec les Stars et que l’on puisse voir ça évoluer depuis plusieurs années, c’est canon. C’est ça qui est fascinant avec la danse : elle s’adapte aux époques, elle évolue avec l’histoire du monde, avec l’humain dans chaque partie du globe. C’est tellement riche la manière d’appréhender la culture de la danse dans le monde entier, c’est une richesse rare. Pour moi c’est vraiment très important“, s’exprime-t-elle avec ardeur, avant de plonger dans une certaine mélancolie, de cette période difficile qui nous interdit d’accéder aux salles de danse : “ C’est tellement libérateur, c’est tellement sein, c’est important le rapport avec la musique, le corps, il faut que ça se libère. C’est un art sublime, très exigeant, très dur, parfois très douloureux, mais ça apporte tellement une discipline de fer. Il y a tellement d’émotions qui peuvent circuler. C’est un art que je respecte beaucoup et ce rôle-là m’a aussi permis ça et travailler avec Agustin c’était vraiment chouette. On a une très belle complicité tous les deux et j’en suis ravie. “ On veut bien croire la comédienne qu’il doit être agréable de partager une danse avec un aussi bon danseur qu’Agustin Galiana, vainqueur de la saison 8 de Danse avec les stars.

Rythmée par la bonne humeur d’Emmanuelle Bouaziz, notre discussion prend fin. Malheureusement, je n’aurais pas le droit de connaître ses prochains projets qui sont pour le moment top secret, mais nous pousse ainsi à suivre l’actualité de l’artiste de plus près.

De l’écran à la scène, du langage corporel à celui des mots, Emmanuelle Bouaziz est enfin épanouie, mais sans le moindre soupçon, elle nous réserve encore de nombreuses surprises pour continuer à assouvir sa quête artistique.

Si vous voulez connaître deux petites anecdotes sur le plateau de tournage de Clem, dévoilée par Emmanuelle Bouaziz, la conversation est à retrouver en intégralité dans le podcast ” Les Rencontres de PressEyes”.