Gil Alma : l’acteur clown qui sait faire pleurer

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Gil Alma dans César Wagner ( Crédit photo : EP)

Il a égayé le foyer des Français durant cinq longues années dans “Nos chers Voisins”, diffusé du lundi au vendredi sur TF1. Et s’il continue à nous faire rire avec sa pièce de théâtre “Gil et Ben”, le comédien a pris un tout autre tournant à la télévision. Avec “César Wagner” ou encore “L’abîme”, le comédien nous dévoile sa face cachée : celle plus dramatique.   

Rendez-vous à l’hôtel Hoxton à Paris pour rencontrer le comédien Gil Alma. Sur place, j’attends quelques minutes qu’il termine l’interview précédente… La journaliste se lève et lui serre la main, c’est bientôt mon tour. Grand, brun, le regard ténébreux, il fait un petit peu moins cool que derrière l’écran. Mais je vous rassure, dès les premiers mots échangés, on comprend qu’il l’est tout autant, si ce n’est plus. Il part commander un thé : “Tu veux quelque chose ? Ici ils ne prennent pas les commandes“. Je décline, n’ayant pas d’envie particulière. Sa boisson chaude commandée, il s’installe sur le fauteuil en velours vert prêt à répondre à une énième longue liste de questions.

Le jeu du hasard

Devenir comédien, n’était pas vraiment dans les plans de Gil Alma, qui était plutôt prédestiné à devenir poissonnier, comme son grand-père ou son père. Il n’a aucun lien avec le milieu du cinéma et ses parents ne lui inculquaient pas vraiment une grande culture cinématographique. “Comme tout le monde on allait au cinoche de temps en temps et le théâtre je ne connaissais pas plus que ça.” Il n’avait aucun indice, à cette carrière d’artiste qu’il s’est construit et pour laquelle il se bat aujourd’hui, pour continuer à faire rêver son public. C’est peut-être grâce à ses camarades de classe, qu’ il doit cette envie de faire du théâtre.

 

 
 
 
 
 
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Ce que je faisais avant de prendre des cours de théâtre, c’était le con. C’était la base du bonhomme. Je me suis calmé, mais en cours je n’arrêtais pas.” En classe, ses copains ne peuvent contenir leur rire face à ses blagues et ses mimiques proches de celles de Louis de Funès. Pour eux, il est une évidence que Gil doit se faire connaître et ils le poussent ainsi sur les planches.

Quand j’ai débarqué au théâtre, sans vraiment savoir où je mettais les pieds, j’ai vu dans les yeux de mon professeur de la confiance.”  Un regard qui rassure Gil Alma et le réconforte : il a enfin trouvé sa place et se donnera les moyens de réussir dans ce domaine, lui qui s’imaginait se lever tous les matins pour enfiler gants et bottes pour se rendre à la poissonnerie et perpétuer la tradition familiale.

Faire sa place

Gagner sa vie en étant comédien ou vouloir être le prochain Louis De Funès, Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon, n’est pas une mince affaire et encore moins quand on débarque dans ce milieu sans un nom ou une connaissance. Gil Alma ne se décourage pas pour autant, son objectif premier est de gagner de l’argent, peu importe par quel moyen tant qu’il joue, qu’il s’amuse et qu’il fait le clown. “J’ai fait pas mal de bêtises et je voulais avant tout rassurer ma mère, en ayant mon statut d’intermittent et gagner de l’argent. C’était mon objectif premier.” Gil Alma se déguise alors en Père Noël pour émerveiller les enfants, vend des bouteilles de Martini en tête de gondole dans les supermarchés pour rendre les soirées des gens plus folles, il fait de la figuration. “On est très loin de Shakespeare…” Une démarche loin du grand cinéma, mais à ce moment-là, Gil Alma ne se doutait pas qu’il entrerait tous les soirs dans les foyers des Français pour les faire rire, avec “Nos chers voisins”, diffusé sur TF1 de 2012 à 2017.

Dévoiler ses sentiments

Plus jeune, Gil Alma aimait se faire remarquer par ses blagues ou son attitude de rigolo. Ses premières années de théâtre, il les prend comme une récréation, un amusement, avant de se confronter à la formation Pygmalion qui enseigne l’actors studio. “On apprend l’intériorité, la vérité, les sentiments, les émotions.

 

 
 
 
 
 
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Gil Alma s’ouvre un peu plus et accepte d’apprendre à se connaitre, mais surtout à libérer ses émotions et être le plus sincère possible. “Je me suis rendu compte qu’il y avait des choses extraordinaires à faire. Je pouvais vivre des expériences que je ne pouvais pas vivre dans la vie, tout en étant dans une grande sincérité et au service de mes émotions.” Une authenticité sur laquelle il s’appuiera pour jouer au cinéma ou à la télévision, contrairement au théâtre où il exagère sa gestuelle et grossit les traits. “A la télévision, au cinéma, il y a les caméras mais on les oublie. On doit être sincère avec la personne que l’on a en face. Le théâtre pour moi, c’est du sport, car on bouge sur scène, on transpire. C’est un aboutissement d’une grande récréation que l’on offre aux gens dans laquelle on prend énormément de plaisir et c’est ça qui fait du bien aux gens.

Oublier les caméras, exagérer la gestuelle, mais surtout réussir à se glisser dans la peau de personnages.

Se libérer du texte

Chaque acteur à sa propre méthode : certains marchent dans les rues pour s’inspirer du comportement des passants qu’ils croisent, d’autres s’imprègnent du milieu des personnages qu’ils vont incarner, lisent pour se renseigner sur un corps de métier, une période donnée… Puis, il y a les comédiens comme Gil Alma qui jouent par intuition. “Ça va peut-être être prétentieux, mais je ne les travaille pas beaucoup. J’essaie de bien apprendre mon texte.” Lui, qui petit détestait apprendre ses poésies.

Pour être au plus proche de son personnage, Gil Alma veut se libérer de ce script qu’il tient entre les mains, pour laisser place aux émotions. “Quand tu regardes quelqu’un dont tu es amoureux, il peut y avoir quelque chose qui se passe, si l’autre nous rend malheureux, tu pleures… quand tu arrives à te libérer complètement du texte, il ne reste plus que les émotions. Tout devient fluide, sincère et simple.

Bosseur et l’envie de réussir, Gil Alma a tracé sa route comme il l’entendait : gagner de l’argent, avant de se faire réellement plaisir dans ce qu’est le “véritable” métier d’acteur. L’humour, son domaine de prédilection, il se fait remarquer pour intégrer des séries, des films dans lesquels il fait rire. Mais avec le temps, Gil Alma a besoin de montrer qu’il peut aller plus loin et qu’il peut être multiple. L’acteur décide de ne plus se complaire dans la comédie humoristique.

Faire ses preuves

La télévision, le cinéma est un monde peu évident, dans lequel les acteurs ont parfois du mal à se sortir d’une case, qu’on a décidé de leur attribuer, parfois à leurs dépens… la faute d’un rôle marquant.

Après cinq années dans “Nos chers Voisins”, Gil Alma doit faire ses preuves :  il n’est pas seulement un acteur qui fait rire. “Quand tu fais cinq ans dans ce genre de programme et que tu as 5/6 millions de téléspectateurs tous les soirs, tous les pros qui y jettent un œil, tu te coupes de la moitié du métier, parce que les mecs se disent que c’est un rigolo.

 

 
 
 
 
 
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Gil Alma veut prouver le contraire et les fera taire avec brio grâce son interprétation dans la série “César Wagner” sur France 2.

Elle est un peu sa série, puisqu’il y incarne le personnage central, prénommé tout simplement César Wagner. Capitaine de police, ce programme dramatique suit les enquêtes de cet homme, anxieux, hypocondriaque et muté à Strasbourg, sa ville natale. Il essaie de s’imposer dans cette nouvelle brigade avec à ses côtés Elise Beaumont, médecin légiste assez burlesque et décomplexée.

 

 
 
 
 
 
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Prochainement, il sera également le premier rôle d’une série baptisée “L’abîme“. “C’est l’histoire d’un mec dont sa femme disparaît. Il est complètement achevé, il croit qu’elle est morte, mais il s’aperçoit qu’elle lui a menti pendant 20 ans sur son identité.” Si Gil Alma vous a fait pleurer de rire, préparez-vous à pleurer tout court. Mais pas d’inquiétude, il ne délaisse pas son humour pour autant avec sa pièce de théâtre “Gil et Ben”.

Amis sur les planches et dans la vie

Gil et Ben c’est l’histoire de deux meilleurs amis, dont l’un, Gil est sur le point de se marier. Un mariage qui s’annonce haut en couleur, avec des anecdotes croustillantes, sans compter les invités aussi farfelus les uns que les autres. Sur scène, Gil et Ben enchaînent les histoires, se déguisent, mais surtout ne perdent pas le rythme et offrent un fabuleux spectacle, où l’on oublie tout. On est dans le moment présent avec eux et rien d’autre.

Dans la pièce Gil et Ben jouent deux meilleurs amis et partagent sur scène une belle complicité. Une authenticité pas vraiment anodine, puisqu’ils le sont réellement dans la vie. “Avec Ben on s’est rencontrés il y a 12 ans sur un téléfilm pour France 3 qui s’appelait ‘I love Périgord’. On faisait des gendarmes homosexuels et on est tombés amoureux tous les deux. Je trouvais le mec super, on a beaucoup rigolé, on a fait la fête et on ne s’est jamais lâchés, il habite à Pau, moi je suis à Paris, il vient pour mes anniversaires.

Ben fait savoir à Gil qu’il a envie de se produire sur scène. Gil ayant une boîte de production, lui offre alors sa chance.  “C’est un mec du sud, ils mettent du temps avant de se lancer (rire), ils parlent beaucoup. Je lui ai dit ton idée de spectacle fais là, je te donne une date à Avignon.” Gil Alma invite 100 personnes et par grande surprise, tous se lèvent et applaudissent son ami. “J’ai versé ma larme“, confie avec admiration le comédien. Avec un ami d’un tel talent, Gil Alma n’hésite donc pas une seconde pour monter une pièce avec lui sur le mariage.

Sous l’humour un beau message

Gil Alma promet que ce n’est pas sa séparation qui l’a inspiré pour aborder ce thème, mais que cette idée vient de Ben. “On s’est dit que l’on allait prendre son idée de base et se l’approprier pour tous les deux et trouver une histoire.”  Même s’il n’est plus avec sa compagne, le comédien porte un beau regard sur le mariage : “C’est beau. Les jeunes ne veulent plus s’engager, c’est la débandade. S’engager, c’est une preuve de force et de courage.”

Une pièce, dont le but premier est de faire rire, mais qui cache de beaux messages comme la tolérance et l’acceptation des autres. “Le petit message de notre spectacle c’est qu’il faut s’assumer tel que l’on est, il ne faut pas se cacher. On est deux bons mecs avec Ben et on accepte les gens tels qui sont, on n’est pas raciste, homophobe. La différence, au lieu de se battre contre, il faut l’accepter, c’est compliqué pour les gens qui ne sont pas habitués… on essaie d’ouvrir les esprits.

Au cours de cette rencontre, Gil Alma me fit part de cette phrase : “Même si je suis artiste, je suis très terre à terre. Pour moi, comédien c’est un peu comme gagner au loto finalement, il y a peu d’élus, il y a plein de gens qui veulent devenir comédien et être connus.” Cette loterie, il a su la gagner en rapportant avec lui plusieurs lots : la simplicité, l’authenticité et la gentillesse, qu’il partage pour réunir les gens.


Gil et Ben partent en tournée : toutes les dates ici : “Gil et Ben

L’abîme : prochainement sur France 2 avec Sara Mortensen, Gil Alma et Christopher Bayemi.