Hélène Mannarino, la journaliste au regard humaniste

Hélène Mannarino n’a pas peur du travail. De sa chronique culturelle sur LCI, en passant par « Appels d’urgence » sur TFX ou encore « Le portrait inattendu » sur Europe 1, la journaliste est toujours en quête de l’humain et de ce qu’il peut lui apprendre. Elle se confie à PressEyes sur cette envie du vivre ensemble.

Aujourd’hui, nous partons à la rencontre d’Hélène Mannarino. Il est 11h56 quand je pars de chez moi pour la rejoindre en terrasse au Café M, rue Maubeuge, à Paris. Je l’aperçois assise à une table, avec Marion Motte, son attachée de presse et amie. Toutes les deux m’accueillent avec un grand sourire. Hélène Mannarino nous fait part de son bonheur de retrouver enfin les terrasses parisiennes et de voir la vie reprendre son cours « normalement ». Je ne peux que confirmer ses dires et me réjouir de cette première interview post-confinement au soleil. 

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Après ce petit égayement face à la vie, nous nous plongeons dans les souvenirs de la journaliste. « À Valenciennes, d’où je viens, il y a avait un festival du film avec des acteurs qui venaient. Il y avait beaucoup de journalistes. J’observais un peu ce qu’il se passait de loin : les interviews, les échanges… Tout ça m’a beaucoup interpellée. J’avais 12 ans et j’ai très vite compris que je voulais m’intéresser aux autres, à ce qu’il se passait dans le monde pour le comprendre, informer les gens, discuter, échanger, apprendre à connaître sur tout ce qui nous entoure. » 

Hélène Mannarino est bercée par les informations dès son plus jeune âge avec des parents ancrés dans cette culture de l’actualité. Ils sont au rendez-vous du 20h tous les soirs. Elle se souvient aussi de son papa installé dans le canapé, lisant « La Voix du Nord ». Pourtant, même si ce monde du journalisme lui plaît, ce n’est pas une évidence. Hélène Mannarino veut faire un métier en rapport avec l’humain. C’est à 14 ans, lorsqu’elle se rend sur l’émission de Marc-Olivier Fogiel « dont j’admire le travail et le parcours», qu’elle découvre cette envie de devenir journaliste. « J’étais une ado, j’observais et je me disais ‘oui je veux être journaliste’ Les émissions d’Anne Sinclair aussi m’ont donné envie de faire ce métier. »

Une profession qui, pour elle, est l’un des meilleurs moyens pour être au plus proche de l’humain que ce soit pour informer son public sur ses différentes émissions avec ses chroniques culturelles dans la matinale de LCI, « Le portrait inattendu » sur Europe 1 ou encore « Appels d’urgence » sur TFX, ou pour apprendre à connaître toutes ces personnes qu’elle reçoit sur ses plateaux.  « Moi j’aimerais être humaniste comme métier ça existe ? (Rire) L’humain, c’est hyper important. Mes parents sont dans des métiers tournés vers l’autre, d’aide. Mon papa est dans le social et ma maman est une ancienne professeure des écoles qui travaille aujourd’hui auprès des jeunes et des retraités.  Ils sont des sources d’inspirations pour moi par rapport à leurs valeurs »

La curiosité bienveillante 

En tant que journaliste, elle a cette envie de comprendre le monde à travers la vie des gens et les mettre en valeur, qu’ils soient artistes ou non, mais qui ont un impact positif dans notre société.« Je me suis toujours nourrie des expériences de chacun. Je vis beaucoup avec les conseils des autres. Je n’ai jamais pensé toute seule, je ne me suis jamais dit ‘Allez, vas-y, tu prends ta décision seule’, non non ! J’ai vraiment ce besoin de connaître les gens. Là par exemple, on est en terrasse, et j’ai très envie de savoir ce que le monsieur à côté de nous fait dans la vie. » Je me retourne discrètement pour voir ce monsieur, un homme  d’un certain âge  avec un chapeau, des lunettes de soleil, les jambes croisées, un café sur la table.

Hélène Mannarino poursuit : « Je crois que je fais vraiment ce métier pour les autres et le journalisme, c’est ça, c’est informer les autres. On ne fait jamais du journalisme pour soi. Je ne fais pas de la radio pour moi, je ne fais pas de la télévision pour moi. Les exercices que je fais dans ces différents médias, c’est toujours en échange avec les uns et les autres que ce soit les portraits, les interviews à la télévision, ça je ne veux jamais le perdre. Même « Appels d’urgence ». C’est un magazine d’information sur les pompiers, nos héros du quotidien. J’ai accepté parce que c’est une émission sur des parcours de vie »

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Des mots et des paroles qui me touchent, face à un monde devenu assez individuel  par les réseaux sociaux prônant le « Je » et le « Moi », un monde à 100 km/h où plus personne ne prend le temps de se regarder, de se sourire… On se bouscule, notre nez enfoui dans nos portables. Il est agréable de voir et d’entendre qu’il existe des êtres qui vivent pour aimer les gens et saisissent les opportunités pourobserver ceux qui les entourent, même sur une terrasse de café. Un engouement pour l’humain qu’elle transmet par « Le portrait inattendu » sur Europe 1. Quand je lui demande de me parler de son émission, Hélène Mannarino se redresse sur sa chaise, ses mains jouent sur la table traduisant cette passion frénétique.

L’histoire du « portrait inattendu »

Cette idée du portrait remonte à quelques années, quand elle débute sa première expérience à la télévision en tant que chroniqueuse chez France Ô. « Je leur ai précisé que j’étais extrêmement curieuse et que ce serait intéressant de dévoiler des éléments sur les invités que l’on ne sait pas. » Elle réussit à décrocher sa propre chronique, « Les scoops d’Hélène ». Une chronique de quatre minutes dans laquelle elle révèle trois scoops sur l’invité. « Quand j’ai fait ma carte blanche sur LCI, je me suis dit ‘Aujourd’hui, il y a énormément d’intervieweurs et d’interviewés, comment faire la différence ?’. C’est vrai et c’est tout à fait honnête, mais je suis curieuse de savoir ce que Leila Bekti prend au petit-déjeuner. Ce n’est pas juste des infos comme ça, mais j’avais ce besoin d’humaniser les gens. »

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Hélène Mannarino a cette envie de montrer aux gens, que l’on soit connu ou non, que nous sommes tous pareils : nous avons tous mangé des madeleines pour le goûter, nous avons tous un jour eu un problème de voiture, de clés, nous avons tous eu une mauvaise note à l’école… « J’adore sortir l’invité de sa zone de confort. Quand tu dis à un acteur qui a fait 25 000 interviews ‘Je sais que vous êtes tombé en panne avec votre voiture et que vous avez du faire du stop avec vos valises’ et qu’il te regarde en pensant ‘Comment vous savez ça ?’, il y a une espèce de masque qui tombe et on est égaux. On discute, ils sont libres. Ce que Thierry Ardisson et Alessandra Sublet font très bien. Bien évidemment, je ne suis pas la seule dans cette case-là. Quand j’ai eu l’opportunité de réaliser le portrait culture de Philippe Vandel sur Europe 1, je leur ai proposé de réaliser le portrait « inattendu » en dévoilant tout ce que l’on ne sait pas d’eux»

Hélène Mannarino la redoutable 

Un portait qu’elle ne fait pas seule, vous l’aurez compris Hélène Mannarino aime être entourée. La journaliste prend le temps d’appeler les proches de ses invités. Quand je vous dis, elle prend le temps, c’est qu’elle ne se contente pas d’une petite heure et c’est dans la poche ! Non, elle est à leur entière disposition. Pour elle, il est essentiel qu’ils puissent la rappeler si besoin ou de rester plusieurs heures ensemble au téléphone. « Je le fais vraiment main dans la main avec les proches. Hier, je suis restée une heure trente-cinq avec la sœur de Bob Sinclar que je reçois demain. Je n’ai pas une liste de questions. On est vraiment dans l’échange et j’essaie de comprendre. Je leur dis toujours ‘Vous me racontez des anecdotes, je sais où est ma limite, si vous pensez que vous êtes allez trop loin vous pouvez me rappeler pour me le dire et je l’enlève’. Je parle souvent de la femme de Julien Clerc,  de Maxime Le Forrestier, la sœur de Cali, qui m’ont été d’une aide précieuse… j’ai des moments avec l’invité, mais aussi avec les proches qui se livrent.Nos échangent peuvent presque partir dans un cas psy, où ils vont se confier, parce qu’un artiste quand il devient très connu, il amène tous ses proches avec et eux aussi ont des choses à dire, car ils l’ont vécu différemment. Ce sont de vrais gages de confiance. »

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Des invités qui redoutent Hélène Mannarino à chaque émission, mais qui ont cette curiosité de connaître comment leur entourage les perçoit. Un portrait qui nourrit Hélène Mannarino avec ces narrations singulières. « Je suis toujours excitée avant l’antenne de savoir comment ils vont réagir. Parfois, ils ne réagissent pas et se laissent porter. Parfois, c’est beaucoup de réactions, parfois, il y a des larmes, des fous rires… je suis là où ils ne m’attendent pas. »

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Je lui demande si elle a un portrait qu’elle a préféré ? Mais Hélène Mannarino est incapable de me répondre… « C’est tellement fort humainement dans ce que l’on me raconte. En tant que journaliste et humaine, je suis une éponge, je prends tout. C’est très compliqué d’en choisir un. » Elle me citera tout de même celui de Julien Clerc qui est symbolique à ses yeux : « Mon père est très fan de Julien Clerc. Je m’appelle Hélène suite à la chanson de Julien Clerc. J’ai grandi avec Julien Clerc et je savais que mon père m’écoutait. Bon, c’est normal, c’est mon père, il m’écoute tous les matins, mais la symbolique était particulièrement forte et a rendu le moment d’autant plus intense. »

La tristesse d’une solidarité emblématique 

Cette sensibilité envers l’autre rend la journaliste triste face aux événements actuels : les violences policières et le racisme qu’elle condamne fermement « Je suis très peinée par ce qu’il se passe et je suis peinée que l’on voit le mal partout. Je ne veux pas que l’on résume notre monde à toutes ces formes de racisme : envers les noirs, les blancs, les homosexuels… Aujourd’hui, tout analyser, voir le mal partout, pointer du doigt des choses que l’on n’avait pas pointées, que des gens doivent s’excuser comme pour la réalisatrice de « Friends », qui n’a pas mis de noir dans sa série, que des débats apparaissent comme ça, je trouve ça triste. »

Elle comprend difficilement comment encore au 21e siècle certains magazines peuvent titrer « Pour la cinquième saison du Bachelor, le Bachelor sera noir » ou d’entendre « C’est bien qu’aux États-Unis, ils aient eu un président noir ». « Ces réflexions-là, elles ramènent encore une fois à une marque de différence et c’est affligeant. Sur ce qui se passe sur les violences policières, Adama Traoré, je suis triste d’être contente de cette solidarité-là. Tout le monde se mobilise et c’est normal, mais que l’on en arrive là ça me rend triste. » 

Cette magnifique discussion avec la journaliste au joli chemisier fleurie et aux couleurs éclatantes prend fin. Un chemisier qui finalement reflète Hélène Mannarino. L’animatrice représente toutes ces jolies fleurs, pleine de couleur, et de poésie évoquant l’espoir. Des fleurs qui représentent la vie tout comme Hélène Mannarino aime rassembler les vies humaines et révéler l’importance de chacun dans ce monde.