Jean-Luc Guizonne : l’incarnation du rêve et de l’espoir

Jean-Luc Guizonne, Le Roi Lion, Chronik Fiction

Crédit Photo : Candice Nechitch

Depuis 12 ans, le comédien Jean-Luc Guizonne parcourt le monde entier avec le spectacle musical Le Roi Lion. Dans la peau de Mufasa, le roi le plus emblématique de Disney, il fascine les petits et les grands. Pour PressEyes, il se confie sur son parcours et nous dévoile son tout nouveau rôle dans la série L’Avocat, de Chronik Fiction, à retrouver sur YouTube.

Je retrouve le comédien Jean-Luc Guizonne pour un échange virtuel, auquel on commence malheureusement à s’habituer… Casquette gavroche sur la tête et moustache, le comédien a l’allure charismatique des personnages que l’on retrouve dans la série Peaky Blinders.

Un charisme sans doute insufflé, dès son plus jeune âge, par un environnement artistique.

Une éducation musicale

Jean-Luc Guizonne grandit dans une famille chrétienne où les dimanches sont de véritables rassemblements pour se diriger vers l’église. Mais au-delà des prières, ce sont des artistes qui se rencontrent pour faire vivre ce moment à travers le chant, la danse et la musique. ” Avec les jeunes et les moins jeunes de l’église, on avait cette habitude de chanter, de faire de la musique, de faire du théâtre par le biais de petites scènes que l’on mettait en place. ” Bercé par cette vie d’artiste, la scène devient son lieu de prédilection. Chacune des prestations est comme une renaissance.

Au début des années 1990, il participe à la création d’un quatuor vocal, nommé Essentiel. Une expérience qui lui permettra de rencontrer des artistes internationaux comme Jimmy Cliff ou  Yannick Noah. Des incontournables du monde de la musique l’invitant à faire la première partie de leur concert. Une visibilité qui lui ouvre les rideaux de la comédie musicale.

Artiste complet, il décroche en 2007 le rôle de Mufasa dans la comédie musicale de Broadway Le Roi Lion. Un personnage qu’il affectionne tout particulièrement pour leurs nombreuses similitudes.

 
 
 
 
 
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Le Roi du show

Sa tendresse pour Mufasa remonte à l’adolescence et plus particulièrement à la sortie du Roi Lion de Walt Disney au cinéma en France. ” Le jour de mes 16 ans, le 9 novembre 1994, je vais voir ce film pour la première fois, ado prépubère, et je me prends une claque énorme. C’est le premier dessin animé qui me fait pleurer tout simplement. Je n’ai même pas pleuré devant ‘Bambi’. ” Se glisser dans la peau de ce roi quelques années plus tard est pour ce père de famille une consécration.

Pour honorer ce personnage qu’il admire, Jean-Luc Guizonne le travaille de façon à être le plus juste possible dans son interprétation. Il veut faire vibrer son public à chacune des représentations. Il se remémore le dessin animé, observe son mentor, Samuel E. Wright, qui incarne Mufasa dans la version originale de Broadway de 1996. ” C’est le premier Mufasa qui va donner le ton. Il a cette stature, cette voix, c’est un vrai repère. Je l’ai beaucoup écouté pour proposer ma version française dans un premier temps et cette version actuelle, puisque je joue toujours ce spectacle en tournée au Royaume-Uni. ” Une analyse qu’il perfectionne et compose avec sa propre personnalité pour s’approprier Mufasa et lui attribuer une nouvelle singularité.

Jean-luc Guizonne lui dédie un peu de l’homme et du père de famille qu’il est, mais aussi des émotions de son quotidien pour trouver cette justesse et rendre hommage à Mufasa. ” Tant par le costume, que par sa posture sur scène, que par sa diction et son élocution, quand Mufasa parle, tout le monde l’écoute…bon sauf cet enfoiré de Scar (rire) qui va finir par me faire la peau. Je pense que ce n’est plus un spoiler pour personne.

Jean-Luc Guizonne et ce roi de la savane forment presque une seule entité, au point que le comédien dira être comme “hanté” par son âme lorsqu’en 2013 à Hambourg l’aventure s’arrête très brutalement. Il quitte la scène par la petite porte sans même pouvoir saluer le public. Une fin difficile obligeant le comédien à faire ses adieux au lion. 

Du désert au building

Jean-Luc met beaucoup de temps à se reconstruire, à réaliser qu’il ne pourra plus vibrer sur scène avec ce personnage, cette troupe, ce spectacle que formait « Le Roi Lion ». Il n’y a pas un jour où il ne pense pas à Mufasa. Tout est sombre autour de lui. L’homme et l’artiste ont perdu le goût de l’art et n’ont plus la force d’auditionner.

Jean-Luc Guizonne prend du temps pour lui. En 2018, il décide de se ressaisir et se console auprès du célèbre avocat Billy Flynn dans la comédie musicale Chicago. Produite dans 35 pays et traduite dans 12 langues, elle fera son entrée au théâtre Mogador à Paris pour une toute nouvelle version. Tirée d’une histoire vraie, elle nous plonge dans un Chicago des années 1920. Dans une ambiance sulfureuse, elle retrace le premier grand procès médiatisé aux États-Unis. Une affaire qui inspire dans un premier temps Bob Fosse à l’origine de la comédie musicale créée en 1975. Puis, le scénario sera repris par l’un des plus grands réalisateurs : Rob Marshall en 2002, avec Richard Gere dans la peau de Billy Flynn.

 
 
 
 
 
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Contacté par Rabah Aliouane, le directeur de casting, Jean-Luc Guizonne n’est pas convaincu par le rôle. S’il n’y a pas de contrainte d’ethnicité pour remplacer Richard Gere à l’affiche, le comédien est persuadé que le milieu artistique français ne lui donnera pas cette chance d’incarner Billy Flynn. ” On a un réel manque de diversité dans la culture et dans l’artistique en France. Pour le coup, je pensais vraiment que c’était impossible que Billy Flynn soit interprété par un comédien noir, en France. Ça été le cas aux États-Unis, Usher a joué Billy Flynn à Broadway, Cuba Gooding Jr., que l’on ne présente plus, l’a joué à Londres. Il y a vraiment cette diversité où les gens ne se posent pas plus de questions que ça, outre-Atlantique et dans nos pays voisins, mais malheureusement, en France, on est en droit de se poser encore la question. 

“Permettre à une minorité de jeunes acteurs, de jeunes comédiens de se reconnaître

Lors de son audition, il est le seul noir, le comédien ne se fait pas d’illusion, mais tout bascule lorsqu’il apprend qu’il a le rôle. C’est une fierté pour le comédien de pouvoir devenir le premier noir français à jouer Billy Flynn. ” Une vraie claque, une vraie fierté, car non seulement le rôle était taillé sur mesure pour moi, même si je n’en avais pas connaissance avant, et puis surtout cette possibilité de permettre à une minorité de jeunes acteurs, de jeunes comédiens de se reconnaître dans ce personnage principal. Il y avait d’abord ce besoin de voir un avocat, un avocat qui soit charismatique sur scène – qui chante juste de préférence, c’est mieux – ça n’a pas toujours était le cas tous les soirs. Puis ce besoin de donner à cette minorité, à cette diversité, la possibilité de se projeter en haut de l’affiche du théâtre Mogador et ça c’est une vraie fierté.

Un premier défi relevé. Mais le comédien n’est pas au bout de ses surprises et va se surpasser pour ce show qui demande un talent de danseur et une technique vocale irréprochable pour mettre en lumière Billy Flynn. L’artiste, qui a retrouvé le goût de la scène, va vivre un moment inattendu et magique.

Les joies de la vie

Six ans après sa dernière performance dans Le Roi Lion, il apprend que la savane va à nouveau reprendre vie. ” On me donne l’opportunité de remettre le costume, de repartir sur les routes à travers le spectacle musical de la tournée du ‘Roi Lion’ au Royaume-Uni. Voilà que je suis à nouveau Mufasa et c’est absolument exceptionnel. Cette histoire est folle, cette histoire est dingue, elle est pleine de rebondissements, et moi elle me permet d’être totalement épanoui en tant qu’artiste et  à travers les retours des gens.

Après plus de 2000 représentations, les deux âmes sont à nouveau réunies et forment un “duo” incontournable depuis 12 ans. Un Mufasa qui évolue tout comme son interprète qui mûrit en tant qu’artiste et homme. Il ne fait pas de ce lion un être figé dans le temps, mais le réinterprète chaque soir. “On est sur un orchestre vivant également. On n’est pas sur une bande-son. L’intensité, la vélocité et la façon dont un instrumentiste va jouer le mardi, ne seront pas les mêmes le mercredi, ni le jeudi, à quelque chose près. Tout ça fait aussi que l’on se retrouve avec des accidents, mais des accidents qui font la beauté de ce spectacle et qui ravissent les spectateurs semaine après semaine.

Si Mufasa lui colle à la peau, Billy Flynn n’y est pas loin non plus… Depuis le 20 février, Jean-Luc Guizonne est la tête d’affiche de la nouvelle série de Chronik Fiction, L’Avocat, diffusée sur YouTube. Un tout autre registre, dans lequel le comédien a pour rôle de défendre les plus grands méchants du cinéma dans une chronique de 7 à 10 minutes.

L’Avocat : la chronique révélation de YouTube

Une mini-série dont la qualité artistique et scénaristique n’a rien à envier à certaines grandes séries que l’on peut trouver sur les plateformes de streaming. L’Avocat nous embarque dans le bureau majestueux de celui qui fera trembler les “gentils” du cinéma. Verre de gin à la main, Jean-Luc Guizonne nous expose ses arguments pour mettre en lumière que la méchanceté n’est pas innée. Il sème ainsi le doute chez les cinéphiles de cet ennemi imposé par le scénariste et le réalisateur. “On a une grosse qualité cinématographique. Les gens sont absolument bufflés et pètent les plombs à chaque fois qu’ils arrivent sur un nouvel épisode. Nous n’avons pas les moyens d’une grosse production hollywoodienne, mais nous n’avons rien à leur envier. Il existe de la grosse qualité sur YouTube et Chronik Fiction l’a réalisé.

Par son éloquence, portée par une voix suave et une allure imposante, voire de showman, Jean-Luc Guizonne captive notre attention dès les premières minutes. Le comédien fait resurgir son côté théâtral pour ne pas seulement lire ce texte de la défense, mais le jouer et réussir à convaincre ses spectateurs.

Distraction et culture

Entouré d’une équipe passionnée par le 7e art, c’est une plaidoirie complète qu’il nous expose sur ce premier épisode qui défend Terence Fletcher (J.K Simmons) du film Whiplash, réalisé par Damien Chazelle. Les créateurs Mike Zonnenberg et Fabio Soares reviennent sur la genèse et l’après du film. “Il y a une recherche très précise avec beaucoup de voix off sur toutes les parties où les images du film sont montées. Ma voix commente chaque fait et geste. Chronik Fiction, en plus d’avoir besoin d’un comédien, a également besoin d’une voix. Elle est vraiment la signature qui vient ficeler ce personnage.” L’Avocat est une assignation à renforcer sa culture cinématographique.

 
 
 
 
 
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Les aficionados de Chronik Fiction attendent avec impatience la suite avec des demandes précises sur les prochains méchants à disculper. “Je prends le temps de lire les commentaires, de mettre un petit pouce, parce qu’à titre très personnel, à défaut de ne pouvoir être sur scène et d’aller à la rencontre du public après une représentation, on a aujourd’hui dieu merci la possibilité d’échanger même si ça reste virtuel. Étant un artiste du théâtre, je le prends comme une sortie des artistes. Chaque commentaire, chaque partage, chaque appréciation, bonne ou moins bonne, je prends ça comme quelqu’un qui attend à la sortie des artistes et qui me donne un petit peu ses impressions, son ressenti sur ce qu’il a pu voir.” Une série qui permettra peut-être au comédien d’élucider le comportement cruel de Scar…

La discussion se poursuit dans le podcast “Les rencontres de PressEyes” avec celui qui se considère comme un “lion” en cage, impatient de refaire à nouveau rugir sa voix sur les planches. Vous y découvrirez également quel grand méchant a marqué Jean-Luc Guizonne.