Julie Zenatti : Déclaration d’une artiste libre et pop

Julie Zenatti, Refaire Danser les Fleurs, chanteuse, France Gall, Serge Gainsbourg, Michel Berger

Crédit Photo : Slam Photography

Pour la sortie de son nouvel album, « Refaire danser les fleurs », l’auteure, compositrice et interprète Julie Zenatti s’est confiée dans une Masterclass de 45 minutes à l’auteur Kevin Elarbi.

C’est un nouveau voyage auquel elle convie son public, qu’elle transporte vers une musicalité assumée comme très pop, rythmée par des influences Berger/Gall, des artistes fondateurs, au panthéon de son ADN artistique.

Il y a déjà 21 ans sortait le premier album de Julie Zenatti, Fragile. Depuis, l’artiste n’a cessé de nous proposer des invitations dans son univers aux sonorités éclectiques : des poèmes chantés sur des airs classiques (Plus de Diva), des tonalités hispaniques (Princesse) ou encore sur des titres aux influences plus urbaines (Si le temps me le permettaitAlbum La boîte de Pandore).  L’artiste – ô combien complète – est loin d’avoir achevé sa quête musicale.  Pour Refaire danser les fleurs, c’est un registre sensiblement différent qu’elle explore, dans la composition, l’écriture, comme dans la manière de concevoir ce nouvel album.

 
 
 
 
 
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Dans cette Masterclass, en préambule d’un retour sur la création de l’album, Julie Zenatti évoque ses premiers amours musicaux, en commençant par Serge Gainsbourg, dont on vient d’honorer les 30 ans de la disparition : “Gainsbourg, avant de rencontrer sa musique, je crois que j’ai l’image d’un personnage. Quand on était petit, dans les années 80, la télévision c’était un peu le nouveau membre, très actif dès le dîner. Les émissions de variétés c’était un moment familial et donc Gainsbourg, je l’ai d’abord découvert par ce prisme“. 

Elle découvre cet artiste au physique plutôt étrange, qu’elle décrit comme “fantasmagorique”, avec de grandes mains comme “Edward aux mains d’argent“, le film de Tim Burton. 

Elle se souvient de cette voix posée et fébrile qui émet en elle une émotion particulière, à l’image de celle des compositions d’un homme écorché.

Après l’homme, elle découvre l’artiste par le biais de son père pianiste. En famille, ils jouent La Javanaise, Elisa, Bonnie and Clyde

Et puis, il y a ces femmes qui accompagnent Serge Gainsbourg, ces duos dans lesquels la passion et la séduction prennent place, qui fascinent Julie Zenatti : Gréco, Jane Birkin, Brigitte Bardot, tapissent les murs de la chambre de l’adolescente. 

L’une d’entre elles sortira du lot. Pour l’auteure-compositrice en devenir, elle sera une immense source d’inspiration : France Gall.

Rencontre artistique

“France Gall, c’est la première artiste française à laquelle je me suis identifiée, parce que très pêchue, très énergique et en même temps avec une forme d’autorité”. Elle admire ce ‘ petit bout de femme ‘, qui – avec son poing serré et – son battement de tête, réussit à ‘ tenir ‘ ses musiciens, à conduire son orchestre. “C’est elle qui donnait le rythme, le tempo, l’intention, l’émotion. Il y a pleins d’images d’archives d’ailleurs dans lesquelles on la voit avec Berger. C’est elle qui tient le piano, le compositeur, l’homme. C’est assez fou”.

Berger/Gall, un duo à la ville comme à la scène qui l’inspire pour son dernier opus Refaire danser les fleurs. Le titre Tout est plus Pop fait indéniablement penser au tube feel-good de Gall Une nuit à Paris issu de l’album Dancing Disco, pourtant sorti il y a près de quarante ans.

 
 
 
 
 
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Leur présence comme des fantômes – au meilleur sens du mot – dans les sonorités de référence de l’album n’est pas anodine. Ces artistes – icônes POP s’il en est – ont –  une nouvelle fois – bercé l’enfance et  l’adolescence de Julie Zenatti. 

Une construction artistique qui mène comme une évidence au très abouti Refaire danser les Fleurs, un album coloré et enjoué, mais aussi très personnel, notamment dans les titres qui forment ‘ l’outro ‘ de l’album.

Un album intime

Chacun des titres reflètent une tranche de vie : Et Pourquoi pas, est le fruit d’une rencontre avec un jeune artiste, Alban Lico. Deux générations différentes, mais avec la même vision d’une société patriarcale pleine de clichés. Rien de spécial fait écho aux énergies opposées de Julie Zenatti et de l’artiste Rose. Un titre dont elles ont longuement parlé pour ‘ ne rien dire de spécial ‘ – justement – et en faire un duo à part et inattendu. Pour Leçon de moi, l’inspiration – genèse originale – vient de la préparation d’un plat de pâtes troublée par une buée de larmes … “Quelques jours plus tard, je bosse avec Barbara Pravi et je lui confie avoir l’envie d’écrire une chanson d’amour et que dans cette chanson il y ait cette phrase : – Je me sers de mes larmes pour faire bouillir l’eau des pâtes. Finalement, le plus important, c’est la vraie vie. Ce n’est pas le reste. Et ma vraie vie, pour moi, reste celle avec mes deux boubous et mon mari”.

 
 
 
 
 
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Puis, il y a Plein Phare, La mélodie du bonheur, Nuage où la puissance vocale de Julie Zenatti s’impose, mais reste au service de ses textes, forts, notamment Plein Phare.

L’album, enregistré ‘ avec les moyens du bord ‘ suite à la crise sanitaire et au confinement a donné lieu, à l’instar du dernier opus de Kylie Minogue – Disco -, a des ingéniosités cocasses. Julie Zenatti s’amuse à expliquer que dans certaines des pistes, on peut entendre ‘ la vie ‘ de chacun des auteurs et des musiciens qui ont participé à la création du disque. 

De la composition à l’enregistrement, l’album est un récit, un journal de bord, celui du voyage de Julie Zenatti.

Casser les codes

Refaire danser les fleurs est né du besoin de Julie Zenatti de s’exprimer librement. Elle quitte son label pour créer le sien, porté par le succès du single Les amis issu de son album Blanc

Elle peut ainsi se débarrasser de clichés improbables qu’on lui attribue depuis le tourbillon Notre-Dame de Paris. Une envie de bousculer les codes et de mettre en lumière son talent et – peut-être – des paris d’autrices et de compositrices non exploitées jusque-là. Force est de constater que le pari est gagné, avec un album à la signature très forte, qui se différencie de toutes les dernières ‘ tendances ‘ diffusées en boucle en radio.

Quant à ses vidéos-clips, Julie Zenatti continue la signature musicale enclenchée par l’album. On ne peut qu’adorer leur côté queer, pop, pailleté et seventies, mettant en lumière le souffle nouveau apporté par la décennie du disco. 

Des images en écho immédiat aux textes et une énergie rappelant celle de l’album. C’est une Julie Zenatti pétillante, souvent drôle, et au sourire communicatif qu’offrent les déclinaisons vidéos de l’album.

À défaut de pouvoir sortir danser toute la nuit, l’artiste nous donne l’alternative de vouloir pousser les meubles et vibrer en famille, entre ami-es ou seul-e chez soi (oui, promis, c’est – encore ! –  permis).

Impossible de ne pas penser à la scène à l’écoute de l’album – comme pensé pour des versions live – à l’instar de son public – très – fidèle depuis des années. “J’ai cette chance : je sais que le public qui me suit n’est pas snob. Il est tout à fait capable d’écouter Angèle, Djadju, Damso et d’écouter Julie Zenatti. Il n’aura pas ‘honte’. La chance que j’ai, c’est qu’il a toujours été curieux, et donc bienveillant. Ils a tantôt beaucoup aimé, tantôt beaucoup moins mais ils m’a toujours laissé  ‘le droit à l’erreur’ comme le dirait Amel Bent”.

Humaine

Pourtant, Julie Zenatti pourrait donner l’impression qu’elle ne se le laisse pas vraiment, ce ‘droit à l’erreur’. On ressent comme une certaine exigence – artistique – auto-infligée ou subit. Sur scène, elle ne chante pas seulement pour son propre plaisir. La scène, pour elle, est tout sauf égoïste. C’est un partage.

 
 
 
 
 
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Celle qui disait il y a 20 ans que “la vie fait ce qu’elle veut“, adage bien visionnaire, prend le temps quand elle occupe l’espace d’un Olympia ou d’une Cité des Congrès, d’observer son public, pour mieux les embarquer avec elle dans un voyage enivrant. “Dans les concerts il y a la personne qui a vraiment envie d’être là et puis l’accompagnant, le mari ou la copine. Ces gens-là, ce sont toujours des gens que je repère dans la salle, que je cherche. Ce qui m’intéresse, c’est de les toucher, les émouvoir. Réussir après une heure et demi ou deux passées avec moi à se dire qu’ils ont passé un bon moment” et c’est en rigolant qu’elle lance  “Je suis un peu maso”.  

Masochiste ou plutôt bienveillante ? À l’image d’une artiste restée humaine, qui scandait en 2005 qu’il ne ‘ sert à rien d’être quelqu’un d’autre ‘ dans l’album Comme vous, un immense succès public.

Julie Zenatti est sans conteste l’une des plus grandes voix françaises, qui a pourtant su garder sa simplicité et son humilité. 

Dans cette Masterclass que nous vous proposons, c’est cette artiste emplie de douceur qui est mise en avant. Courageuse, et répondant sans détour aux questions sur la naissance de l’album, de ses titres, mais aussi de ses envies d’écrire.

C’est un voyage au cœur de Refaire Danser les Fleurs que nous vous proposons dans “Les rencontres de PressEyes”, conduit par l’auteur et animateur Kevin Elarbi.

Retrouvez Refaire danser les fleurs sur les plateformes de streaming, en édition physique, en édition vinyle collector. Julie Zenatti sera en concert le 20 Juin dans la mythique salle de La Cigale (Paris) et en tournée.