Karine Ambrosio : l’actrice prête à relever tous les défis

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Crédit Sylvia Galmot

Karine Ambrosio n’a peur de rien, et surtout pas de passer d’un univers à un autre. Pour PressEyes, elle s’est confiée sur son parcours atypique, d’une femme qui se rêvait d’être actrice. Un rêve qui s’est concrétisé et lui a ouvert les portes d’une des plus grandes séries du 21e siècle : “The Crown”. Rencontre.

La famille de Karine Ambrosio n’a pas vraiment l’âme artistique, bien qu’elle porte une grande importance au cinéma et à la télévision. Les films du dimanche soir sont sacrés et les sorties sur grand écran avec Jean-Paul Belmondo ne sont pas à louper. La petite Karine s’identifie aux actrices qu’elle voit jouer et comme elles, elle veut raconter des histoires. Heureusement, sa famille est un bon public qui la laisse jouir de son imagination pour des représentations exceptionnelles lors des dîners ou les soirs de Noël…

D’animatrice radio aux cours Florent

À 14 ans elle décide non pas de s’inscrire à des cours de théâtre, mais de profiter de l’explosion des radios locales, pour se glisser dans la peau d’animatrice. “J’étais fan de musique, de rock, de pop… et quand j’ai eu cette opportunité-là j’ai foncé.” Pendant 10 ans, elle parlera avec passion des meilleurs tubes du moment, avant de tout arrêter et de tomber amoureuse.

Il est metteur en scène, réalisateur et a trouvé sa muse, tout comme elle a trouvé celui qui l’élèvera. Il voit en elle une comédienne et l’encourage à entrer aux cours Florent. “Il a été un peu mon pygmalion, puisque c’est lui qui m’a aiguillé. Quand je suis arrivée aux cours Florent, j’ai de suite compris que c’était ma voie.” Une histoire d’amour qui changera sa vie.

Aux côtés de celui qui a partagé 14 ans de sa vie, elle (re)découvre le cinéma. “Il m’a forgé à la culture cinématographique. Je voyais un film par jour avec lui (rire).”  Il l’embarque sur les routes de la dolce vita avec le cinéma italien, des films de genre avec le cinéma coréen ou la fait voyager dans des aventures folles avec le cinéma australien.

Karine Ambrosio est enfin à sa place. Un monde qui l’anime et qui l’inspire. Elle prend une feuille, un stylo et se met à écrire ce qui deviendra son One woman show.

Sa vie sur scène

Devenir comédienne c’est se confronter au parcours du combattant. Les places sont chères et il faut savoir se démarquer face à des milliers de jeunes gens qui veulent devenir le prochain Robert de Niro ou la prochaine Meryl Streep. En sortant des cours Florent, Karine Ambrosio doit faire face à la réalité, notamment des castings qui ne lui conviennent pas vraiment. “Quand je rentrais le soir, je racontais à mes amis mes auditions et les déboires de cette époque-là.

La jeune femme a ce rythme de la comédie en elle, elle sait comment raconter les histoires et ses amis ne peuvent se contenir de rire. Ils leur viennent alors une idée : pourquoi elle ne raconterait pas ses expériences sur scène ? Un projet qui ne lui déplait pas.

Comme j’avais du temps entre les castings, j’ai commencé à écrire. Ça a mis un certain temps avant que ça s’installe sur scène. C’était vraiment une surprise, parce que je ne pensais pas être capable de faire ça.” Son envie de jouer est de plus en plus forte. Elle a envie de défendre ses idées sur scène et de les porter. Une motivation palpable qui offre à son spectacle une véritable énergie. Le public est conquis, Karine Ambrosio remplit les salles et se laisse un peu dépasser : “C’était très joyeux et extraordinaire. Le rapport avec le public était juste incroyable.

Le spectacle est un tel succès, qu’elle devra changer de lieu pour accueillir plus de monde, sans compter Canal + qui est venu la recruter. “En quelques mois seulement, on est passé du Petit Palais des glaces avec ses 100 places au Trévise, qui est beaucoup plus grand. C’est effectivement là que Canal est arrivé et que l’on m’a proposé d’intégrer l’équipe de Kad et Olivier.

En 2015, elle décide d’arrêter la scène. Karine Ambrosio veut se consacrer à de nouveaux projets et n’a plus vraiment la tête à l’écriture. “Je ne voulais pas que ça devienne une obligation de monter sur scène. Quand j’ai senti que j’étais arrivée à bout de ce que je voulais faire, j’ai posé le stylo.” Un choix qu’elle ne regrette pas, quand elle observe comment il est désormais délicat de faire rire. “Quand je vois l’évolution des gens sur scène et des polémiques qu’il y a dès qu’un sujet est mis sur la table… je ne sais pas si ça m’amuserait de chercher la bonne vanne, le bon mot, le bon sujet pour éviter de faire parler. Je pense qu’avec mon tempérament ça m’énerverait très vite. Je salue tous les comédiens qui sont sur scène et qui résistent face à ça.

Karine Ambrosio se tourne alors vers la télévision et intègre de nombreuses séries, notamment Alice Nevers sur TF1 dans laquelle elle interprète Rachel Fronsac.

Une amoureuse des séries

En tant que comédienne, elle aime ce format qui offre au comédien de pouvoir développer un personnage sur plusieurs épisodes. En tant que spectatrice, c’est d’être plongée dans un univers qui la dépasse et la tient en haleine. “Quand on arrive à tenir mon attention sur plusieurs épisodes et que j’arrive à m’attacher aux personnages, tout en me laissant à chaque fois surprendre par le scénario c’est que c’est une bonne série.” Ses séries préférées ? “‘Breaking bad’, ‘The crown’, ‘Peaky Blinders’, ‘Succession’, ‘Euphoria’ sont extraordinaires. Parfois, elles sont mêmes plus fortes que le cinéma, elles sont d’un niveau exceptionnel que ce soit en écriture, en mise en scène, la photo…” On ne peut que valider ses choix. En parlant de “The Crown”, l’actrice n’aurait-elle pas fait son entrée dans la cinquième saison ?

Une interview qui révèle un trait de caractère particulier de Karine Ambrosio : l’envie de toujours découvrir quelque chose de nouveau, se surpasser dans un nouvel univers. Après la radio, la scène, les séries françaises, c’est à Londres qu’elle a envie de tenter sa chance en tant qu’actrice.

Faire ressortir ses émotions

En France, Karine Ambrosio a pu consolider sa culture théâtrale avec les cours Florent qui lui ont fait travailler les auteurs, les mises en scène. Elle a pu se sentir plus en confiance lors des castings grâce à des précieux conseils de ses professeurs… Mais ce qui lui manquait, c’était d’apprendre à jouer. Bien que cela puisse paraitre paradoxale, quand on est une actrice avec plusieurs films et séries à son actif.

Ce jeu qu’elle attendait tant, elle le trouve en arrivant à Londres. “En France, on est très cérébral. On travaille à partir du texte, on est très conscient des auteurs. Les anglo-saxons ont de vraies techniques de jeux.” Avec eux, elle apprend à travailler à partir de son corps et pas du texte. “Ils sont très ouverts, il y a une forme de liberté. Les techniques de jeu sont très organiques. Elles partent d’abord du corps, des émotions et ça apporte beaucoup de confiance en soi, puisque l’on part de ce que l’on est avant de faire venir le texte. En France, on n’est pas prétentieux, mais on a ce fantasme de l’auteur, en partant du texte, des mots.

Cette liberté anglo-saxonne qu’elle chérit tant, la pousse à rester pour tenter sa chance avec eux. Un choix qu’elle est loin de regretter…

La consécration

Après avoir tourné un petit court-métrage en anglais, il y a un peu plus d’un an, Karine Ambrosio fait la rencontre de Giles Forman, un coach d’acting dans le monde entier. Convaincu par le jeu de l’actrice, il décide de la présenter à deux agents anglais. “J’ai matché avec un des agents. On s’est de suite très bien entendu et il m’a proposé de le rejoindre dans son agence il y a un an et demi.” Une semaine après, la comédienne a des essais pour une nouvelle série pour Marvel studio et deux mois plus tard pour “The Crown“… L’actrice a l’impression de vivre un rêve éveillé. Pour autant, elle ne se laisse pas impressionner.

Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et j’y suis allée de manière très naturelle, même si j’avais travaillé le personnage.” C’est alors, très décontractée qu’elle se rend au casting. “Ce qui est très drôle, c’est que mon agent m’a demandé comment s’étaient passé mes essais et j’étais incapable de lui dire, car les directeurs de casting en France et ceux à Londres sont très différents.” Si en France ils ne laissent rien paraître, la directrice de casting de “The Crown” n’a cessé d’approuver le jeu de la comédienne toutes les cinq minutes. Mais pas de temps à perdre, son agent l’a contact pour savoir comment a été son actrice. “Quelques heures après, il m’a envoyé la réponse de la directrice de casting qui lui disait : ‘C’est ma préférée, j’attends maintenant la réponse de la réalisatrice, mais elle est en short list’“… La suite vous la connaissez.

Des gens simples

Karine Ambrosio devient ainsi Marie Luce Townsend, la deuxième femme de Peter Townsend, après que celui-ci n’est pu épouser la princesse Margaret.

Pour être la plus juste possible dans son rôle et la plus authentique, Karine Ambrosio se renseigne sur cette femme qu’elle va incarner. “Je trouvais très intéressant qu’elle arrive en deuxième noce pour Peter Townsend qui était déçu de ne pas épouser Margaret et comment elle est arrivée-là.” Les deux amants ont 20 ans d’écart, mais qu’importe ils s’aiment. L’actrice parcourt des photos de Marie Luce Townsend jeune sur google jusqu’à aujourd’hui (puisqu’elle est toujours vivante.), les photos du couple et celles du mariage. “Elle avait et elle a un charme incroyable. Elle avait cette ressemblance avec Margaret qui a dû séduire Peter Townsend.

Avec l’équipe de tournage, ils se servent de ces photos pour apporter à Karine Ambrosio le plus de ressemblance possible. L’actrice blonde, devient alors brune. “C’est une recherche sur la bonne coiffure, puis ce n’est pas Marie Luce Townsend à 20 ans, mais à 45 ans.

Du côté des costumes, Karine Ambrosio est dans un premier temps peu satisfaite des look proposés. “Les vêtements étaient très beaux, mais trop anglais à mon goût. Marie Luce Townsend est Belge et au moment du tournage, ils étaient en région Parisienne. Même si elle est mariée à un anglais, sa manière de s’habiller n’était pas anglaise.” Les costumiers écoutent attentivement l’actrice et réajustent leurs recherches. Aucun détail n’est mis de côté, tout doit être affuté. Un travail consciencieux qui fait de cette série l’une des meilleures… avec des acteurs et des actrices de haut niveau, comme Timothy Dalton, le partenaire de jeu de Karine Ambrosio, qui fût un certain James Bond. Sommes-nous jalous.e ? Un soupçon…

La comédienne savoure non pas chaque instant, mais chaque minute de ce tournage. Rien ne lui échappe que ce soit les préparatifs en amont, le moment présent ou l’après. Elle ne se laisse pas déstabiliser par le talent des comédiens qu’elle a face à elle, bien au contraire. “J’étais très excitée de travailler avec une belle équipe et j’avais l’impression de travailler avec les meilleurs, mais surtout avec des gens extrêmement humbles : que ce soit l’équipe technique, les acteurs ou Timothy Dalton, qui est un vrai gentleman, ça ne m’étonne pas qu’il ait incarné James Bond.”  Des gens d’une grande simplicité, dont l’actrice a eu la chance de rencontrer et de partager l’écran. “Ils faisaient leur travail avec soin, passion et beaucoup d’efficacité.”

“The Crown”, désormais diffusé sur Netflix depuis le 9 novembre dernier, Karine Ambrosio n’a pas décidé de se reposer. Elle a enchaîné le tournage d’une nouvelle série anglaise entre le mois d’août et de novembre, dont le titre provisoire est “The Good Ship Murder” : “Il s’agit d’une série pour Channel 5 avec Shayne Ward et Catherine Tydesley.”

Une passion qui anime Karine Ambrosio. Depuis ses débuts, de la radio à “The Crown”, elle n’a cessé de prendre des risques à s’essayant à d’autres genres. Mais n’est-ce pas la qualité d’une bonne actrice, de ne pas se complaire sur ses acquis ? Des expériences qui l’ont nourri et l’on fait grandir. Celle qui a expérimenté divers univers, a repris sa feuille et sa plume pour raconter à son tour ses histoires. Elle devrait s’apprêter à entrer en développement de son premier long métrage, dans lequel nous avons hâte de voyager.