TOMA : l’artiste amoureux d’un temps que “les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître“

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TOMA ( Crédit Photo : David Delaplace)

Lycéen déterminé, il savait déjà qu’il ferait de la musique son métier. Depuis, il s’est promis une seule chose : écrire jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tenir une plume entre ses doigts et ce, malgré les tempêtes qu’il devra braver pour se faire une place dans cette industrie. Aujourd’hui, il se raconte et vous raconte, dans son EP “Entre Nous“ sorti le 9 mars. 

Il y a des adolescents à l’âme d’artiste qui rêvent de devenir de grands musiciens, comme TOMA l’était. Si beaucoup se voient rire au nez par leurs parents et leurs professeurs considérant que c’est seulement un loisir et qu’il est difficile de s’y faire un nom, TOMA a eu la chance d’être poussé pour réaliser ses rêves. “Je suis allé voir ma prof principale pour lui dire que je ne voulais pas continuer l’école et que j’avais envie de faire de la musique. Ma demande était tellement carrée, qu’elle m’a même encouragé, alors que je n’étais pas un cancre ( rire), mais elle m’a dit que si c’était mon souhait, il fallait que je fonce.“  Sa première expérience en tant que musicien sera la batterie au conservatoire. Puis, il se lance dans le rap et sillonne de groupe en groupe avant de monter sur scène. “À partir de là, quand j’ai goûté à la scène, c’était impossible de faire autre chose.“ Avec le temps, la maturité, TOMA ne s’est pas seulement contenté d’être interprète. Pour être libre de sa musique, il s’est attelé à l’écriture et à la composition. 

Sans costume et sans masque 

À travers ses textes, l’artiste “aime pouvoir exprimer une vision du monde avec une certaine poésie.“  TOMA n’a pas peur de se mettre à nu face à son public. Les histoires qu’il leur raconte sont pour le plus grand nombre les siennes : “Les petites leçons que je retire de la vie.“ Il aime partager avec une certaine émotion, mais surtout “interpréter les choses avec précision“. Les mots, l’interprétation lui offrent cette opportunité de vivre plus intensément et avec plus de profondeur ce qu’il ressent dans la vie. Dans son nouvel EP “Entre Nous“, il se livre sans fioritures, avec des messages emplis de pureté. 

Une musique pure 

Il est de moins en moins commun d’écouter de la musique dénuée de tout arrangement mixée ou programmée,  mais juste entendre la beauté des notes d’un piano, la corde des guitares grattées ou encore un bâton de pluie. “Je ne voulais pas que l’on puisse me classer dans une époque. Je ne voulais pas que ça ressemble à tout ce que tout le monde fait“, se confie TOMA qui s’excuse de se faire un café tout en parlant. Selon TOMA, Charles Aznavour est l’un des artistes qui représente au mieux l’essence même de ce que devrait être la musique : “Quand j’écoute du Charles Aznavour avec 40 cordes derrière, ça me bouleverse toujours autant. C’est de la musique qui ne vieillit pas, elle n’est pas datée dans une époque.“ Et lorsque l’on se laisse porter par les morceaux d’“Entre Nous“, on ne peut que penser à Aznavour, Brel ou encore Cabrel… 

La puissance des mots

À cette assimilation, je sens TOMA quelque peu touché… “Ce sont des très très grands dont tu parles“ et avec pudeur il assure qu’il a “encore beaucoup de chemin avant de pouvoir être comparé à eux“. Mais si on ressent cette forte influence de ces artistes dans “Entre Nous“, ce n’est pas vraiment anodin. Ces messieurs, il les aime, et il a pu passer des heures, des jours, des semaines à s’enfermer seul avec eux dans leur univers. “Ça m’a permis d’accéder à une certaine structure pour mes textes, à mieux les construire. En les écoutant, j’ai appris où se situait leur poésie pour petit à petit trouver la mienne, qui même si je pense l’avoir trouvé évolue toujours, sans perdre sa sincérité.“ Un album aux textes d’une véritable puissance, où la musique ne prend pas le dessus sur l’interprète. Elle sait se taire quand TOMA raconte son histoire, lui laissant ce moment d’intimité avec son public, pour mieux repartir et se joindre à eux quand il le faut. 

L’amitié sincère 

L’oeuvre qui se veut telle une confidence, s’est conçue à l’abri de l’agitation parisienne. TOMA a pris quelques affaires et sa guitare sous le bras, il s’est exilé là où tout est plus paisible : la campagne. Sous le regard bienveillant de la nature et des chants des oiseaux, accompagné “d’un bon verre de vin, avec un petit truc à manger“, il compose avec son ami Julien venu l’aider dans sa quête artistique pour ce nouvel EP. TOMA décrit Julien comme son reflet, celui qui le guidait dans sa création. Une oreille offrant à l’artiste une ouverture de ce qu’il pouvait faire ou non. “On pouvait passer deux jours à écrire une chanson, parfois une semaine ou parfois deux heures.“ À la nuit tombée, alors que tout le monde dort, TOMA lui s’isole… Sa gratte entre les mains, il chante “d’un trait“ :  “Il fallait que ça tienne comme ça. Si ce n’était pas le cas, s’il y avait besoin d’artifice dans la production, je jugeais que ce n’était pas une bonne chanson.

Dans la conception d’“Entre nous“, il peut compter sur son autre acolyte : Florian Rossi, qui en tournée avec Stromae est aussi le directeur musical de Soprano. Quand il s’agit de ses amis, ou d’artistes qu’il admire, TOMA n’est pas avare de compliments. Ainsi, il dépeint Florian Rossi comme “un musicien hors pair, doté d’une intelligence rare“. Un homme qui semble d’une grande sensibilité et qui a su déceler celle de TOMA et lui donner la force de mettre fin à ses doutes et ses craintes. Des artistes, mais surtout des frères de coeur qui ont l’un pour l’autre un grand respect et ont su garder une grande pudeur.  

 
 
 
 
 
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Une production que l’on peut désigner de familiale, apportant à “Entre Nous“ une véritable véracité, où chacune des chansons ramènent TOMA à un souvenir bien précis. 

La sagesse de l’homme

On y perçoit de la douceur, de la tendresse et l’image d’un homme qui s’est assagi : Celui qui jeune aimait bomber le torse ou séduire, se dévoile ici en toute délicatesse et sérénité. Désormais, il n’a plus rien à prouver, si  ce n’est de continuer à offrir de l’amour à son entourage et son public. TOMA, c’est aussi un nostalgique du temps qui passe et qui s’inscrit dans certains de ses morceaux comme : Entre Nous, qui raconte l’histoire de deux êtres qui après des années à s’aimer sont sur le point de se séparer. Mais TOMA offre cette possibilité pourquoi ne pas réessayer ? Et nous plonge dans ce passé si heureux, de ces deux amants passionnés. “Cette chanson met en évidence qu’il ne faut pas laisser un être que l’on aime s’échapper et tout perdre… Elle est un peu différente d’une chanson de rupture où l’on pleure sa séparation, en espérant retomber amoureux. C’est vrai que ma chanson, elle est triste et pas triste à la fois…“ puisque l’on garde l’espoir que l’amour peut renaître. Un passé que l’on retrouve dans Deuxième mi-temps, d’un homme qui s’interroge sur ses rêves d’enfant et s’il leur a été fidèle. 

Le musicien avoue qu’il est un grand nostalgique de ce temps qui passe, mais qui s’illustre dans son présent avec ces jeunes s’imprégnant de la mode des années 90. “Je suis un mec d’une quarantaine d’années qui contemple un peu ce qu’il a fait et j’ai appris qu’il est bien de se projeter, mais on vit moins dans le moment et on peut souvent être déçu. On se projette dans des choses que l’on ne contrôle pas. Je ne sais pas ce qui va se passer demain…“ Pour lui, le passé construit les êtres humains, par le biais de ce que nous avons vécu et de nos traumatismes : “J’aime beaucoup le passé, la réminiscence, la mélancolie, c’est des émotions que je préfère.

TOMA est un artiste accompli. Mais plus important, il est désormais en paix avec l’artiste qu’il est devenu. TOMA veut continuer à chérir ceux qui le suivent depuis ses débuts, et leur dire des mots doux, pleins d’optimisme.