Nicolas Anselmo : l’artiste à la créativité explosive

Nicolas Anselmo
Nicolas Anselmo est une bombe artistique à retardement. Danseur, comédien, loin de là l’idée de se restreindre seulement à ces deux activités. Il a envie de se nourrir de tous les arts existants pour dévoiler son LUI à son public. Rencontre avec un artiste à l’énergie débordante.
Après des semaines, même des mois à se courir après pour réussir à se trouver un petit moment libre, Nicolas Anselmo et moi-même sommes parvenus à trouver un créneau dans notre agenda ministériel respectif. L’acteur qui figure dans “Ici tout commence“, tourne du lundi au vendredi et n’a pas vraiment une minute pour lui. Heureusement, on lui donne quelques moments de répit. Un instant précieux qu’il m’a accordé.
Une vie pour mille projets
Installé confortablement sur son lit, les jambes en tailleurs, Nicolas me raconte sa rencontre avec l’art qui a débuté “dans le ventre de (sa) mère“, dans lequel il dansait déjà. “Je n’ai jamais vraiment pensé qu’être danseur ou comédien serait mon métier. C’était assez inné.“ Dès son plus jeune âge et grâce à ses parents qui lui offrent une véritable ouverture artistique, le petit garçon qu’il était a pu explorer la musique, la danse, le théâtre, pour faire partie aujourd’hui de cette nouvelle génération d’artistes aux talents prometteurs.
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Nicolas Anselmo ne se qualifie pas de danseur et comédien, car il trouve “triste de s’enfermer dans une seule chose.“ Il part du principe que l’être humain est capable de tout faire : “Il faut simplement s’écouter et avoir confiance.“ J’apprends alors que Nicolas peint, qu’il fait de la musique et qu’il créer des sons techno : “J’aimerais aussi réaliser, écrire…“ Il prend une grande respiration avant de lancer : “ça fuse tellement.“ Le comédien veut tout faire, tout mélanger et “tout faire exploser“. Mais pour cela une seule vie va-t-elle suffire ? Telle est la question… à cette réflexion, Nicolas se met à rire : “Tu as raison… je ne sais pas avec tout ce que j’ai envie d’explorer si une seule vie va me suffire, mais je vais essayer“, et nous on va l’encourager !
Mais avant de le voir exceller, dans l’écriture ou la réalisation, on peut l’admirer dans l’interprétation : sur scène quand il danse ou à la télévision quand il joue.
Silence et puissance
Nicolas Anselmo prend le temps d’expliquer ce qu’il aime dans chacune de ces interprétations, si différentes et pourtant complémentaires : “Quand je suis sur scène, je me sens bien, je me laisse porter par la musique. Ce que j’aime particulièrement, c’est donner au public et sentir qu’il y a un réel partage.“ Le danseur révèle également qui lui est arrivé d’avoir des “frissons partout en dansant“, mais aussi de lâcher totalement prise jusqu’à ce les larmes coulent sur son visage. Sur scène, le temps est comme suspendu, pour laisser place à la magie des mouvements. “La danse c’est divin. Le corps n’est presque plus, c’est l’âme qui danse.“ C’est aussi véhiculer des émotions à travers une gestuelle, parfois plus puissante que des mots. Et c’est ce silence, que Nicolas Anselmo aime lorsqu’il est face à la caméra.
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“J’aime parler quand vraiment il y a une importance dans les mots ou les situations : quand il y a un non dit, quand il faut se justifier et que ce soit avec justesse. J’aime énormément les émotions fortes, mais ce que j’apprécie le plus dans les scènes, c’est les silences, les regards… des scènes où l’on pense qu’il ne se passe rien, alors qu’il y a tout.“ Des actes qui demandent une grande importance du corps. Car dans ce mutisme, l’acteur doit continuer à faire passer des messages. Pour cette prouesse, Nicolas confie que la danse l’aide beaucoup : “Elle permet de connaître son corps, ses émotions et avoir confiance en ses mouvements, même par rapport à la respiration à l’encrage.“
Et si Nicolas Anselmo a cette justesse face à la caméra, c’est par son exigence et sa continuité dans le jeu même quand il est hors champ : “Quand je ne suis pas dans le cadre, je continue à jouer. Quand je suis hors champ, c’est aussi là que tout se passe. Même de dos, pour donner à l’autre, pour recevoir.“
Quand les photos racontent une histoire
Cet art du mouvement se poursuit sur son compte Instagram. Même si vous n’aimez pas les réseaux sociaux, on ne peut qu’aimer le “feed“, comme on dit, de Nicolas Anselmo. On pourrait y passer des heures à contempler les photographies telles des oeuvres d’art. Des clichés figés dans le temps, et pourtant ils ont la force de nous happer. Captivé.e, on se laisse porter par son imagination jusqu’à voir la gestuelle du modèle prendre vie. Un sentiment dont je ne peux que lui faire part. Ce à quoi, le sourire aux lèvres, Nicolas Anselmo d’une voix douce et à la fois enthousiasme me répond : “C’est très beau ce que tu me dis. Je n’ai pas vraiment cherché à ce que l’on ait cette impression.“ Et c’est avec beaucoup de pudeur qu’il évoque sa facilité à prendre des photos ou à poser : “J’ai cette sensibilité à voir les couleurs, tout ce qui est symétrique. J’ai ma propre vision de l’art qui fait que je suis moi.“
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Instagram est un lieu qui dépeint une autre facette du comédien. Lui, si plein de vie, si vif, dégage une certaine sobriété à travers une palette de couleurs obscures. Mais on y retrouve sa douceur, par ces touches roses poudrées, ces paysages bucoliques. On y voit sa force, reflété par ce corps musclé qu’il n’a pas peur de montrer, dans l’ombre comme à la lumière. Mais c’est aussi sa liberté qui y est soulignée : par le ciel et ces vastes horizons.
Le regard
Danser, jouer devant la caméra, poser, c’est aussi se confronter au regard des autres, mais surtout à son propre regard qui est parfois plus cruel face à son corps ou du moins plus difficile à accepter. Nicolas Anselmo avoue que ce rapport au corps a pu être compliqué. Mais l’acteur a su dépasser ses craintes avec un beau raisonnement : “Je pars du principe que rien n’est figé, tout évolue. Le corps que l’on a aujourd’hui, il sera différent dans quelques années, alors pourquoi se prendre la tête ? Sachant que ce ne sera pas le même demain. Ce n’est pas une vérité absolue, mais c’est ma vérité : chaque être est différent, chaque être est unique, même si on est tous un. On se ressemble tous au fond, car on est des êtres d’amour avec une énergie masculine et une énergie féminine. On vient pour une grande majorité, tous d’une même chose c’est l’amour. Je pense que c’est ce qu’il faut retrouver en soi, pour le montrer aux autres, pour qu’eux même le trouvent en eux. Tout corps est beau, magnifique et précieux.“
Nicolas Anselmo voit le corps comme une oeuvre d’art, sur lequel certains artistes y ont peint un peu d’acné, laissé quelques poils, creusé des vergetures ou des cicatrices. Avec beaucoup de spontanéité le regard vers le ciel, (enfin, du plafond de sa chambre) qu’il m’évoque un de ses souhaits : “Je rêve d’un film, où l’on est tous ensemble avec une explosion de love.“ Un désir qui nous mène à discuter des cases dans lesquelles la société aime nous enfermer et qui depuis de nombreuses années s’est inscrit dans les moeurs du cinéma.
Sortir des cases
2022, et pourtant, le cinéma français est encore ancré dans bien trop d’archétypes. Pour Nicolas Anselmo il faut se libérer de ces chaînes : “J’aimerais par la suite, et c’est que j’incarne aujourd’hui, c’est d’en sortir, sans pour autant entrer dans de nouvelles cases, car souvent c’est comme ça : on en sort pour s’enfermer ailleurs. Pas du tout, il faut que l’on soit une unité, sans cadre et sans règle.“ Et Nicolas le sait, c’est l’une des plus grandes attentes de cette génération et de celles à venir. En effet, elles représentent l’espoir de faire bouger les choses. Il leur faudra sans doute du temps, mais ils devront montrer le chemin, doucement, sans affront, sans l’imposer, mais juste l’incarner et éveiller petit à petit les consciences. Et c’est en ça que Nicolas est fier d’incarner Elliott, dans la quotidienne diffusée sur TF1, “Ici tout commence“.
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Elliott est un personnage non binaire, asexuel qu’il est désormais essentiel de représenter à la télévision. Un personnage que l’on pourrait qualifier d’éducatif, mais aussi qui offre la possibilité à beaucoup de jeunes, de personnes à s’identifier. “J’aime ce métier, pour toutes ces occasions de montrer aux gens ces choses nouvelles, où qui ont toujours étaient là, sous un oeil différent et novateur.“
Avec ce rôle, le comédien sait pertinemment qu’il a un enjeu très important envers son public, celui qui se reconnaît dans Elliott, mais qui n’a jamais eu la force de s’exposer, de s’accepter : “Quand ils voient Elliott, ils peuvent enfin se dire : ‘si lui le fait, alors moi aussi je peux le faire’ et c’est ce qui me plaît.“ Pour les personnes que l’on désignera de plus terre à terre, Nicolas espère que la quotidienne les fera réfléchir sur le genre humain. Toutefois, face à ces gens, il déconseille d’être dans la provocation : “Elliott est très provocateur et encore une fois c’est ma vérité et chacun en fait ce qu’il en veut, mais pour moi ce n’est pas la meilleure solution. Quand on met une énergie de violence, de haine, on appelle à la violence et à la haine. Et Einstein disait quelque chose de juste : ‘Un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé.’ Et c’est ce que je veux montrer, il faut agir avec amour : oui je suis comme je suis, je ne te veux aucun mal et je fais ce que je veux et je ne te demande rien.“
Discuter de ce personnage m’amène à revenir sur un petit point. Plus haut Nicolas m’évoque l’énergie masculine et féminine, quelque chose qui m’intrigue assez.
L’équilibre entre le féminin et le masculin
Quand je lui demande de m’expliquer, Nicolas se redresse, lève les yeux et prend une grande inspiration “Alors … je ne sais pas si je vais être clair, car c’est assez limpide dans ma tête, mais je ne sais pas si ça va être le cas en l’expliquant“, et il se met à rire. Le comédien tient à préciser que ce n’est pas du tout une remise en question de la masculinité ou de la féminité, mais une image très subtile et surtout énergétique et encore une fois il tient à souligner que c’est “sa vérité“.
“On ne peut pas dire que la sensibilité est féminine, parce qu’elle peut très bien être masculine, mais ce sont deux énergies complémentaires.“ Selon le comédien, on a toujours référé la féminité à tout ce qu’il y a de léger : la sensibilité, l’empathie, la mère, la maternité, les émotions… A contrario, le masculin c’est ce qui résulte de l’action. “Il y a des hommes cigenre, qui se sentent hommes, qui ont comme moi pendant très longtemps même encore aujourd’hui, même s’il y a plus d’équilibre, eu une énergie féminine beaucoup plus dominante qu’une énergie masculine. Du coup, quand on est trop dans le féminin, il n’y a rien de concret, parce qu’il manque ce côté pragmatique pour mettre dans la matière. C’est totalement énergétique. L’énergie féminine et masculine ce n’est pas forcément que l’émotion… C’est quelque chose qui n’est pas palpable, mais qui sert à tous quand on s’y intéresse.“
Une vision qui est l’essence même de ce que la société doit se nourrir pour continuer à évoluer et faire oublier le patriarcal ou l’énergie masculine domine, même encore quelques fois… Le comédien se désole de voir que l’on en parle pas assez et d’entendre que des parents disent à leur garçon qu’il ne faut pas pleurer, parce que les hommes, ça ne pleure pas. “C’est comme ça que les petits garçons ferment leur sensibilité, et ils avancent en réprimant leur côté féminin et leurs émotions. À l’inverse, il y a des filles qui mettent de côté leur féminité. Il faut savoir trouver l’ équilibre et être capable de valser entre les deux, ne pas se mettre de règle et faire ce qui nous plaît.“
Un monde presque utopique : “Le monde c’est nous. Il suffit juste que chaque être humain l’incarne et ne réprime pas ses émotions. Il faut accepter ce qu’il vient et ce qu’il faut laisser partir, c’est la fluidité de la vie.“
Ainsi, Nicolas Anselmo met en lumière l’importance de ne plus se prendre la tête pour des choses insignifiantes. L’artiste invite à prendre le temps de regarder les paysages qui nous entourent, la nature, l’art et les fleurs. Et moi je vous invite tout simplement à suivre cette personne, qui est l’une des figures artistiques dont les générations nouvelles comme précédentes ont besoin pour avancer et comprendre certaines choses… Pour terminer, je dirais que Nicolas est de ces rencontres qui élèvent l’âme, par sa délicatesse, son aisance et cette ouverture qu’il révèle chez l’autre. Après une heure de discussion, il a cette capacité à donner du sens à notre propre chemin.
02/03/2022 @ 22 h 09 min
♥️♥️♥️
03/03/2022 @ 21 h 53 min
merci beaucoup on n’en sait un peu plus sur nicoas qu’on adore