Pi Ja Ma : la discrétion d’une artiste qui fascine la toile

Pijama, chanteuse

Crédit Photo : Antoine Hénault

Elle chante, elle dessine, Pauline, aka Pi Ja Ma, se laisse porter par la vie et son lot de surprises. Devenir une grande Star pourquoi pas ? Un jour peut-être ou peut-être pas… La jeune femme ne se pose pas vraiment la question. Portrait d’une artiste qui aime faire les choses à son rythme dans sa chambre, entourée de ses plus proches collaborateurs ou ami-es.

Petite, Pauline passe des heures à dessiner, ça l’anime, la rend heureuse. Elle aime aussi écouter de la musique, parfois même elle chante, mais en cachette. “Je me rendais compte que par rapport à certaines personnes, j’aimais vraiment la musique et que ça me procurait des émotions et des sensations assez fortes.” Si l’idée de devenir illustratrice lui plaît, chanteuse n’est pas vraiment dans ses projets, sauf pour ses copines qui vont en décider autrement. Vers ses 15-16 ans, l’adolescente ose enfin dévoiler la douceur de sa voix à ses amies. Sous le charme, elles décident de l’inscrire à la Nouvelle Star. “J’ai fini troisième de l’émission et suite à ça je me suis rendu compte que j’aimais chanter et que – pourquoi pas un jour je pourrais écrire des chansons.” Très vite, Pauline fait des rencontres. Elle s’associe avec des gens qui lui écrivent des textes et prendra son nom de scène Pi Ja Ma.

 
 
 
 
 
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L’art des idées

La jeune femme n’a pas pour autant oublié le dessin et sort deux albums pour enfants : “Le cri de Zabou” et “Minimichel” aux éditions de l’Etagère du bas. La musique, le dessin font partie de sa construction en tant qu’artiste et ne peut se passer de l’un ou de l’autre. Ils sont comme complémentaire : “Avant, je dissociais le dessin de la musique, de l’écriture, de la production, de la vidéo… Maintenant je me rends compte que parfois j’ai juste des idées ou des concepts et ils vont être traduit par de la musique ou par le dessin, mais ce n’est pas si différent. C’est juste qu’il y a eu une idée à la base dont j’ai envie de parler ou une phrase que j’ai entendu dans le métro, une dame qui par exemple va dire : ‘oh ce n’est pas ma journée aujourd’hui’ et je vais avoir envie d’en faire toute une BD ou toute une chanson en reprenant cette phrase.” Des dessins qui prennent vie lorsque Pauline dessine ses pensées, une tenue de scène ou ses clips : “Pour le dernier clip de Bisou, on s’est posés avec mon ami Hugo et on a un peu cherché ensemble. Lui, il passe par les notes et par l’oral. Moi je dessine, c’est un peu ma façon de m’exprimer. Tu te rends compte que dans la rue ou n’importe où dès que tu as un pictogramme, un dessin, n’importe qui peut comprendre :  que ce soit un enfant, un adulte ou quelqu’un qui ne parle pas ta langue. Avec le dessin il y a un truc immédiat et c’est assez fou. Parfois il y a trois lignes et tout le monde peut comprendre le même message, alors que c’est un peu abstrait, c’est vrai que c’est pratique pour expliquer ses idées.” Et des idées elle en a pleins !

 
 
 
 
 
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Échanger, partager

Il lui arrive de se lever en plein nuit pour gribouiller, composer, se connecter sur Instagram et faire partager son nouvel univers, imaginé à 4h du matin : “Les gens sont connectés H24, c’est hyper facile d’avoir du répondant. Les gens te posent des questions et vont te dire ‘Ah oui je me sens de la même façon’. Je pense que pour faire de l’art et de la musique, c’est de se dire ‘Ah je ressens ça, je me pose cette question, je vais l’exprimer d’une certaine façon et d’autres personnes vont te dire moi aussi je ressens ça.’ Après tu vas te coucher et tu te dis, je ne suis pas toute seule en fait.” Créer, se renouveler, Pauline aime expérimenter de nouvelles choses, comme avec ce single Bisou, sorti le 14 février dernier. Habitué à l’entendre chanter en anglais, ses fans ont eu la surprise d’un morceau tout en français. Portée par la musique des années 1960 et 1970, Pauline a voulu se libérer de ses influences pour apporter un nouveau souffle à sa musique. “Je me suis dit : ‘ce qu’il serait intéressant c’est de voir comment tu te libères toi, qu’est-ce qu’il sort de toi et c’est ce qui a fait naître Bisou. C’est vraiment une chanson que j’ai cherché avec ma guitare en dix minutes et les paroles me sont venues. Je n’ai pas vraiment voulu y retoucher après. J’ai de la chance de pouvoir bosser avec Axel Concato qui est mon binôme depuis six ans. Je lui ai apporté la maquette de Bisou qui était un petit peu un truc expérimental et lui avec son savoir-faire, il a ajouté une ligne de base, une boite à rythme.”

Une composition authentique et pourtant sans le vouloir, Bisou fait voyager à travers différentes influences comme celle de Jane Birkin : “C’est vrai que c’est une artiste que j’ai beaucoup écouté, mais par contre, jamais de la vie quand j’ai écrit Bisou j’ai pensé Jane Birkin, c’est rigolo. Je suis contente, parce qu’avec ce morceau il y a plein de gens qui me disent ‘ça me fait penser à ça’ et c’est des choses auxquels je n’y avais pas pensé et je trouve ça chouette.” Le morceau est également accompagné d’un clip où l’on y retrouve la Pauline dessinatrice avec à l’image des pastilles de ses dessins. Il est à la fois décalé, très pop et coloré et nous transporte dans les années disco. Bisou est à consommer sans modération surtout pour les petits cœurs qui flanchent.

Fidèle à elle-même

Si l’univers musical de Pauline est empreint de couleur et de gaieté, la jeune femme souligne qu’il n’est pas toujours facile de trouver sa place au sein de cet industrie. Un monde parfois compliqué quand on est jeune et qu’elle explique dans « Radio Girl ». Un morceau qui dénonce cette société, qui précipite les nouvelles générations devant le feu des projecteurs pour en faire des stars les plus rapidement possible. “Quand je chantais cette chanson, Radio Girl ça me faisait marrer, parce qu’à cette époque-là les gens m’avaient un peu oublié par rapport à la Nouvelle Star. Je redevenais un peu une personne “lambda”, qui passait son bac et qui faisait ses études d’illustration. À chaque fois que je chante cette chanson, je la prends un peu au second degré et même Axel, à l’époque il l’avait écrit un peu dans ce sens, parce qu’il savait que je n’étais pas une immense star et je n’aspirais pas à ça, tout comme lui. On n’a jamais rêvé d’avoir des trophées, on est beaucoup plus ours, à vouloir rester chez nous, à faire des albums tranquillement.” Pauline ne veut pas tomber dans cette course aux abonnés ou faire de la musique à la mode pour plaire à tout le monde. L’artiste veut simplement que son art puisse vivre comme elle l’entend et avoir cette chance de lui donner vie sur scène avec ceux qui apprécient sa sincérité et ce qu’elle dégage.

 
 
 
 
 
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Prudence d’une artiste

Comme tout le monde, la jeune femme a des ambitions et des rêves, mais hyper-sensible, elle préfère prendre du recul sur ce “star système”. Elle ne veut pas se retrouver déçue ou modeler par des gens qui veulent construire son image de A à Z, sans prendre en considération ses aspirations en tant qu’artiste et femme. “Je n’avais pas envie d’être dans un trop gros label, une trop grosse machine. C’est important pour moi justement, que les personnes avec qui je travaille n’effacent pas complètement que je fais du dessin, qu’ils soient en accord si je leur parle de féminisme et qu’ils ne me disent pas ” Tageul, ça nous saoul”. Pauline a ce besoin d’être comprise et si parfois elle se demande pourquoi elle fait partie d’un label, elle se rend vite à l’évidence : “Si je voulais faire de la musique dans ma chambre, je n’aurais pas signé avec un label et personne n’aurait vraiment écouté ma musique.” Elle avoue qu’il est parfois reposant d’avoir une épaule, voire des épaules, sur qui compter dans sa création artistique.  

 
 
 
 
 
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« J’ai tendance à vouloir toujours rigoler un peu tout le temps » 

C’est entouré de son équipe bienveillante que Pauline arrive avec de nouvelles surprises : “Il y en a plein comme tu le vois avec mes yeux fatigués” ( rire ). Là je prépare la sortie du deuxième single de cet album. Ce sera une chanson en français et en anglais, qui commence par un guitare voix et qui évolue vers un rythme assez disco.” Le titre, accompagné d’un clip sortira courant juin a-t-elle précisé.

On la retrouvera également en tant qu’illustratrice pour son troisième livre jeunesse, qu’elle réalise cette-fois-ci avec une amie. Curieuse, Pauline s’est essayée au cinéma dans un court-métrage. Une toute nouvelle expérience pour la jeune femme, qui lui a demandé de sortir de sa zone de confort : “Il y a avait des scènes ou je devais pleurer, d’autres ou je devais être hyper sérieuse alors que moi j’ai tendance à vouloir toujours rigoler un peu tout le temps.” Si elle a pris du plaisir à être comédienne le temps d’une semaine de tournage, Pauline préfère pour le moment se donner complètement à la musique et au dessin. “Je suis hyper contente sur ce projet là, mais je me demande si je pourrais faire un autre de la sorte. Pour l’instant je me dis le dessin et la musique c’est déjà pas mal, on ne va peut-être pas non plus en faire trop. En plus je suis dans une situation où je fais plein de projets et j’adore ça, mais c’est vrai qu’il y des moments où je suis complètement épuisée. Je me dis qu’il faut aussi privilégier sa santé mentale et sa santé physique.” Une énergie débordante qu’elle va donc consacrer pour la sortie de son album en 2022.

Discrète, Pauline se libère à travers son art, une jeune femme pleine de prouesse qui lorsqu’elle n’a pas ses crayons ou sa guitare pour s’exprimer, parle avec son cœur et authenticité.

Retrouvez la conversation dans son intégralité dans le podcast “Les Rencontres de PressEyes”