Victoria Monfort : entre (en) jeu et réalité

Victoria Monfort, Moi je joue, Théâtre, Hugo Cremaschi, Mathilde Dandeu, PressEyes

Crédit photo : Sarah Salazar

Animatrice, journaliste, comédienne, productrice, auteure… Victoria Monfort n’a pas encore dit son dernier mot. Une artiste accomplie et pourtant elle a cette soif d’apprendre, d’observer et de découvrir pour continuer à surprendre et se révéler là où l’on ne l’attend pas. Entourée de ses amis, elle s’est attelée à l’écriture d’une pièce de théâtre :  “Moi je joue”, une mise en scène emplie d’humour, mettant en lumière la face cachée du métier d’acteur et d’actrice. Pour PressEyes, Victoria Monfort s’est confiée sur sa vision du cinéma, du jeu et de la télévision.

Victoria Monfort n’a pas réfléchi de longues années pour savoir le métier qu’elle voulait exercer plus tard. Du haut de ses 10 ans, les pieds déjà sur les planches, elle rêve de devenir comédienne. “Enfant, j’aimais faire des spectacles, inventer des histoires, me créer des personnages. J’ai gardé cet amour pour le jeu jusqu’au lycée où j’ai pu passer un bac de théâtre.” Le BAC en poche, direction l’école de… Journalisme !

 
 
 
 
 
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Vous pensez qu’il y a une incohérence entre son envie de devenir comédienne et celui d’être une journaliste ? Pas vraiment, puisque ses études de journalisme lui a donné goût à l’écriture. Aussitôt sa journée de cours terminée, Victoria Monfort allait retrouver non pas son prince charmant, mais le conservatoire de l’acteur. “C’est là que j’ai appris le travail face caméra, l’improvisation. En même temps, je jouais aussi au théâtre.

Le goût de découvrir

Journalisme, théâtre, cinéma… des disciplines parallèles qui se rejoignent par l’écriture, l’amour des mots, du jeu et du public. Au-delà de ça, il y a pour Victoria Monfort l’importance en tant qu’artiste de se confronter à plusieurs expériences : “Le théâtre, le travail à l’image, la danse, la musique, le rapport au corps, le sport… pour moi tout ça fait partie du métier d’artiste.

Une curiosité essentielle, qu’elle porte en elle, notamment quand elle décrit avec beaucoup d’admiration les talents de son compagnon Hugo Cremaschi “On partage la scène ensemble, mais il est également auteur, compositeur et j’adore le regarder. Je suis fascinée par la rapidité qu’il a de créer une musicalité, moi j’en suis incapable. Mais ça fait partie du métier d’artiste, même si on n’en est pas apte, il faut quand même observer et s’intéresser à tous les arts.

 
 
 
 
 
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Devenue comédienne, elle aurait rêvé faire une carrière dans la danse. “Je viens d’avoir une petite fille et j’aimerais qu’elle en fasse, car je trouve que c’est un art complet. Il y a une véritable discipline avec un vrai rapport au corps, à la scène.”  Mais il n’est jamais trop tard pour entamer une nouvelle carrière. Puis, l’actrice peut désormais compter sur le prochain casting de Danse avec les stars, pour tenter sa chance et danser sur une rumba avec Christophe Licata.

Pour en revenir sur le parcours de Victoria Monfort, vous avez pu remarquer, qu’elle n’a pas eu une double vie, mais une triple vie ! Le choix d’une bosseuse, pour trouver sa propre voie.

Se trouver

Ses débuts au théâtre se tournaient vers des comédies. La comédienne devait toujours avoir en elle cette “bonne vibes”, comme diraient les jeunes aujourd’hui ou être dans un état de joie permanent pour les personnes plus âgées. La formation en cinéma lui a permis de canaliser toute cette énergie. “Ils me demandaient d’être moins dans l’excès, mais plus dans l’introspection et dans le regard. Je devais faire ressortir des émotions personnelles. Je voyais ça comme deux choses vraiment très différentes.

“Ce moi” qu’elle a dû faire ressortir, lui a donné envie de jouer des pièces à son image, comme sa pièce “Moi je joue”. Une œuvre loin du Boulevard, dans laquelle elle laisse à son public une petite fenêtre ouverte, sur des choses qu’elle a pu connaître, se heurter. “J’aime écrire sur du vécu, des choses qui me touchent, qui me procurent des émotions. Avec ‘Moi je joue’, on s’est écrit des rôles proches de nos personnalités.

 
 
 
 
 
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La naissance de “Moi je joue” remonte à mai 2022, inspirée d’un programme court, réalisé par Hugo et baptisé “Selftape”. “C’est une autodérision aux castings que les comédiens ont pu passer en tape lors du COVID.” Pour ce programme, le réalisateur pense à plusieurs comédiens, dont Victoria Monfort, qui doit jouer une actrice qui passe le casting pour la série de France Télévisions “Bardot”. Un personnage que l’on retrouve d’ailleurs dans “Moi je joue”. “J’ai eu l’idée de prendre certains personnages de ‘Selftape’ et de créer une histoire autour d’eux.”

La comédienne en parle à Hugo, puis à Julien. Les garçons adorent l’idée et l’aident à créer la pièce. “Si Selftape sort et c’est notre prochain objectif, l’idée est de faire une mise en abyme entre les deux : il y a les quatre personnages sur scène, puis après on va les voir évoluer dans cette fiction. Dans ‘Selftape’, mon personnage Adèle est enceinte, tout comme je l’étais. On veut faire un lien entre les deux projets.” Si vous ne comprenez pas pourquoi cette maternité est importante dans l’histoire d’Adèle, il faut aller voir la pièce au théâtre du Marais à Paris !

Décrire une réalité

“Moi je joue” ne parle pas d’une comédienne enceinte. Mais contraint le public à être confronté à la réalité du métier d’acteur. Être acteur, actrice, ce n’est pas être en tournage tous les jours, ce n’est pas être en tête d’affiche, ce n’est pas décrocher des super seconds rôles à chaque projet, ce n’est pas le tapis rouge du Festival de Cannes… Alors oui, il y en a qui ont cette chance d’avoir le téléphone qui retentit plusieurs fois dans l’année, mais il y a aussi ceux qui doivent bosser deux fois plus, se démarquer pour réussir à décrocher LE rôle qui lancera leur carrière et pour ça, tous les acteurs sont passés par là, même les plus grands.

On voulait montrer avec beaucoup d’autodérision, qu’il y a beaucoup de désillusions. C’est un métier qui peut être très difficile, pas tendre aussi bien pour les filles que pour les garçons et en même temps, on aime tellement ça.” Victoria Monfort prend alors en exemple le personnage d’Alisson, une jeune femme brune, qui malgré le fait qu’elle ne ressemble pas à Bardot tente sa chance au casting. “Elle y croit tellement que ça en devient hyper touchant“, confie la comédienne. Une pièce qui évoque leur vécu, mais avec beaucoup de romance, comme tient à le préciser Victoria Monfort “Je n’ai jamais été une ado star sur Canal J, mais ça me plaisait de montrer que l’on peut avoir un rôle important, des projets, puis d’un coup plus rien…” 

Une pièce de théâtre qui ouvre à de nombreuses questions comme l’évolution de la télévision française, sur l’importance du physique des acteurs et des actrices. Quel acteur ou quelle actrice, n’a pas reçu un casting mentionnant : un homme de couleur… une femme un peu ronde, un homme d’une certaine taille, une femme blonde… Pour Victoria Monfort, ces facteurs commencent peu à peu à s’effacer. Elle revient sur le casting de la série sur Brigitte Bardot, pour lequel ils ont laissé la chance à de nombreuses filles et même celles  “qui ne lui ressemblent pas “, affirme l’actrice : “C’est là que l’on voit que les choix ont évolué et que l’on n’est pas obligé d’être le sosie pour être choisi, bien qu’ils aient fini par prendre une fille qui lui ressemble beaucoup.  Mais ce qui est important de comprendre, c’est que l’on ait le rôle ou non, ça ne dépend pas de nous. Ça peut se jouer à un détail, à une lumière, à un vêtement que l’on porte, à l’imaginaire du réalisateur… ça peut se jouer à rien et tant que l’on n’a pas compris ça on peut être malheureux.

“Moi je joue”, souligne une autre problématique ou du moins, mène à la réflexion : le choix du cinéma français, mais aussi de la télévision de ne prendre aucun risque en rappelant toujours les mêmes visages. Un fait que Victoria Monfort ne peut que confirmer, mais qu’elle nuance par quelques réalisateurs qui osent prendre des noms inconnus : “Les opportunités sont plus rares, mais elles existent. D’ailleurs, l’actrice qui a été choisie pour Bardot, si elle lui ressemble énormément, elle n’est pas connue.

L’espoir

Les nuances, les constats de Victoria Monfort donnent ainsi l’espoir aux jeunes comédiennes et comédiens, de s’accrocher pour décrocher un jour Le rôle de leur vie.

Des mots réconfortants pour la nouvelle génération, qui ont aussi pour but de faire bouger les choses. Pour cela, il est crucial de se soutenir entre artistes, se rendre au théâtre pour y voir ses confrères, comme s’installer au théâtre du Marais, un dimanche après-midi pour donner de la force à Victoria Monfort, Hugo Cremaschi, Julien Grange et Jessica Anneet. “L’idée est de faire vivre la pièce en province et pourquoi pas en tournée. On a aimé monter cette pièce de A à Z, on a aimé la produire, lui donner vie, Hugo a fait la musique. C’est vraiment un bébé. Ce qui est important de dire, c’est que chacun à un rôle sur mesure, ce qui n’est pas toujours le cas quand on joue au théâtre, car on reprend souvent une mise en scène. Là ce n’est pas le cas et c’est pour ça qu’il faut faire connaître la pièce.

 
 
 
 
 
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“Moi je joue” est une pièce autant pour les professionnels du cinéma, les heurtant à ces comédiens qui méritent leur chance, qu’aux amateurs, aux amoureux du cinéma, pour une prise de conscience que les acteurs et actrices ne vivent pas seulement de strass et de paillettes. Autour de ce message, la pièce offre un moment suspendu, où l’on oublie tous nos soucis pour rire avec les comédiens sur scène, proches de leur public. Et ça, ça n’a pas de prix.


“Moi je joue” tous les dimanches au Théâtre du Marais à Paris, jusqu’au 18 décembre.