Yassine Azzouz, l’acteur qui rêve d’un cinéma qui rassemble

Crédit Photo : Laurianne Gouigoux
Yassine Azzouz n’aime pas seulement jouer. Il est un passionné de cinéma. Un cinéphile aguerri, qui sait où il veut aller en tant que comédien, producteur, réalisateur et scénariste. Pour PressEyes, il s’est livré à cœur ouvert sur sa vision du 7e art.
Yassine Azzouz découvre le cinéma aux côtés de son père, fan des grands films hollywoodiens, il aime partager ce moment cinéma avec son fils. C’est ainsi, dans l’inconscient le plus total, que le petit garçon qu’il était, rêvait lui aussi de raconter des histoires, d’être un cow-boy, avant de pouvoir se glisser dans la peau d’un astronaute. “Je regardais les films 20 ou 30 fois pour connaître les répliques par cœur.” Puis, il y a cette fiche du passage du CM2 à la 6e, évoquant ce que les futurs élèves veulent faire plus tard. C’est sans une once d’hésitation, que Yassine Azzouz dira à sa mère d’écrire “acteur”.
Bien plus qu’un métier, c’est pour Yassine Azzouz une passion : “Quand ça fonctionne tu n’as pas l’impression de travailler.” Mais il avoue tout de même, que c’est beaucoup de travail pour “être le plus juste possible“. Dans la peau de ses personnages, le comédien ressent cette liberté que peuvent avoir les enfants lorsqu’ils s’amusent. “J’ai le sentiment de me glisser dans les chaussures d’un autre.” Des personnages auxquels il donne vie et en deviennent des personnes à part entière, qu’il essaie de comprendre pour faire croire à une fausse vérité aux spectateurs. Malheureusement, ce rêve de devenir comédien, devenu réalité, a aussi un prix : celui de l’attente et de rôles parfois redondants.
La limite de l’imagination
Au cours de sa carrière, Yassine Azzouz a interprété deux terroristes : “J’ai joué deux recruteurs Islamistes. Je pense que la palette d’émotions de l’être humain, n’a pas de couleur de peau, ni d’origine…” Si ce n’est un reproche de ce cinéma français qu’il aime tant, il en est un constat, d’un cinéma qui enferme parfois ses comédiens et ses comédiennes dans des cases “par manque d’imagination.” Quand le téléphone ne sonne pas pour des rôles qui ont un sens pour lui, Yassine Azzouz écrit, produit et réalise. Il ne veut pas dépendre du désir des réalisateurs. “Écrire ses propres scénarios met du temps. Mais je veux inclure tout le monde dans mon cinéma, avec une vraie authenticité.“
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Toutefois, Yassine Azzouz revient sur un point : ces deux rôles de terroristes, que ce soit dans “Désintégration” ou dans “Djihad”, il a aimé les jouer. “Ce que je regarde dans un scénario c’est l’histoire. Comme disait Alfred Hitchcock : ‘Pour faire un bon film, il faut trois bonnes choses : 1 une bonne histoire, 2 une bonne histoire et 3 une bonne histoire.“
Des personnages qui demandent un véritable travail de recherche, pour en connaître toutes les origines : “Il faut savoir ce que l’on peut dire, ce que l’on ne peut pas dire… Il est important de se poser les bonnes questions, pour ne pas faire de mal à une communauté.” Des rôles d’une grande délicatesse sur le plan politique, géoculturel ou encore sur la dynamique sociale. Rien ne doit être laissé au hasard, l’expertise du rôle doit être vu à la loupe que ce soit de l’écriture au scénario, à la réalisation en passant par l’interprétation. La maîtrise doit être totale. Pour le comédien, il est certain : tout le monde ne peut pas s’atteler à un tel sujet.
Yassine Azzouz est un bosseur. Quand il s’agit de cinéma rien ne lui fait peur et veut offrir le meilleur de lui-même. Des qualités qui lui ont permis de décrocher un rôle aux États-Unis, dans “Redemption Day”.
Sur les routes du cinéma américain
Sorti aux États-Unis le 8 janvier 2021, le film est resté durant des semaines dans le top 10 d’Apple TV et Amazon Prime. Disponible en France sur Canal VOD, le comédien ne peut pas vraiment parler de son personnage au risque de spoiler. “Je joue un personnage qui a un cliffhanger intéressant.”
D’après le synopsis, le film raconte l’histoire de Brad Paxton, dont sa femme fait une découverte majestueuse au Maroc : celle des premiers ossements de l’humanité. Un séjour qui va tourner au cauchemar, puisque l’historienne se voit enlevée par des terroristes qui demandent une rançon de 10 millions de dollars en échange de sa libération. Le capitaine de marine décoré, va donc se lancer dans une course contre la montre pour sauver sa femme. Une opération sauvetage des plus difficiles, à laquelle s’ajoutent les vieux démons de son passé.
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Un film que Yassine Azzouz a eu le plaisir de partager avec des grands acteurs, qu’il admirait étant enfant : “J’ai eu le privilège de partager une scène avec Martin Donovan que j’ai beaucoup aimé dans ‘Tenet’, c’était un honneur de travailler avec lui, mais aussi avec Andy Garcia. Ce sont des acteurs que je regardais quand j’étais plus jeune, avec qui j’avais secrètement envie de tourner.” Force de travail et de persévérance, le petit garçon qu’il était a réussi l’un de ses paris.
“De désintégration” à “Les derniers Parisiens” ou encore “Redemption Day“, on peut souligner une filmographie plutôt dramatique. Un genre qu’il apprécie, dans lequel il se sent à sa place, mais s’oppose à sa personnalité.
Savoir dire non
“Tout mon entourage professionnel dit que je suis une personne très rayonnante dans la vie, très solaire et très drôle et qu’en comédie, je pourrais surprendre.” Mais ce qu’aime Yassine Azzouz, c’est interpréter toutes les facettes du drame, avec de l’intensité, de la profondeur, sans oublier l’action. “C’est le cinéma qui me fait rêver.” Néanmoins, L’acteur reste ouvert à des personnages et des histoires plus légers, mais avec des conditions : “Il faut qu’il y ait de la finesse dans l’écriture, que ce ne soit pas quelque chose de pointue et d’accessible, comme dans le cinéma des frères Cohen . Je suis un amoureux du cinéma. J’ai envie de jouer dans des films où le scénario me plait, me parle. Je respecte trop le 7e art pour aller à la facilité ou parce que c’est tendance.“
Intègre à lui-même, il préfère refuser que s’illustrer dans un projet qui ne l’anime pas. Patient, il privilégie la stratégie pour faire des choix qui lui ressemblent et être fier de sa filmographie. Yassine Azzouz fait donc partie de ces acteurs, dont leur carrière artistique et l’image qu’ils ont envie de dégager, prime sur le portemonnaie.
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Prochainement, on le retrouvera dans un projet inédit, ce qui ne surprend plus vraiment après cette longue conversation. Il sera à l’affiche de “GURU”, distribué en NFT, donnant la possibilité aux spectateurs de participer à l’aventure en matière de production, un modèle innovant et totalement disruptif ouvrant un nouveau paradigme . “On met le film à disposition du public, que l’on a coupé en plusieurs parties et ça c’est exclusif.” Il arpentera à nouveau les routes américaines dès le mois de janvier, pour un film d’action dont il ne peut “rien dire“. Mais surtout, il vient de “finir l’écriture de (son) premier long-métrage“.
Un passionné, tout aussi passionnant, qui porte un beau regard sur le cinéma et qui en tant que réalisateur et acteur, n’en fera qu’inévitablement bouger les lignes.