Barbara Probst : de femme/enfant à l’actrice dévouée à faire bouger les lignes

Barbara Probst, Le code, Missions, OCS, France TV, Mathilde Dandeu, PressEyes

Barbara Probst (Crédit photo Angela Harrington)

Lorsque Barbara Probst se trouve dans un lieu, on ne peut que la remarquer. Elle est de celles qui émanent une classe naturelle dont on ne peut décrocher le regard. S’ajoute à ça, son sourire radieux et sa gentillesse. Mais cette beauté lui a parfois mis des bâtons dans les roues pour accéder à des rôles où les femmes doivent un peu se salir. Passionnée par son métier, elle a su révéler qui elle était et s’imposer. Pour PressEyes, elle me raconte son combat en tant que femme au coeur du cinéma et de la télévision. 

Le cinéma, le théâtre, la musique, ont rythmé le quotidien de Barbara Probst, bien avant qu’elle ne sache parler ou marcher. La comédienne vient d’une grande famille d’artistes, les Casadesus, et se rappelle “n’avoir jamais voulu faire autre chose“ que de devenir actrice. Elle se remémore ce temps, où elle découvrait pour la première fois des rétrospectives au cinéma, ou même des cassettes en VHS, tout en soufflant elle souligne : “Oh lala ça indique à quel point je suis vieille“, puis elle laisse échapper un petit éclat de rire avant de mentionner “Peau d’âne“ ou “La belle est la Bête“, avec Jean Marais, qui lui ont donné le goût du déguisement : “C’est la période ou ma mère faisait beaucoup de théâtre classique, avec des grandes robes. C’est la première chose qui m’a attirée.“ En grandissant, c’est de la force des textes dont elle tombera amoureuse. 

 
 
 
 
 
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Mais avant de se lancer dans une carrière de comédienne, sa mère veut qu’elle prenne de la maturité, pour qu’elle soit certaine de son choix. Une relation entre les deux femmes, que je devine fusionnelle. Oui, Barbara Probst ne peut s’empêcher de montrer son admiration pour “sa maman“ , comme elle dit, sans jamais oublier de mentionner que “c’est une très belle comédienne“. 

Un clan féminin 

L’actrice est entourée par des grandes du Théâtre : sa grand-mère Gisèle Casadesus, sa tante Martine Chevallier et sa mère Catherine Chevallier. Une grand-mère qu’elle décrit comme très pudique sur son métier. “On a échangé sur ses dernières années de sa vie autour de très belles discussions, qui m’ont beaucoup portées.“ Une des grandes fiertés de Gisèle Casadesus, était d’avoir construit “empire familial“, cette grande lignée d’artistes. Barbara Probst l’assure, elle était “ toujours à l’écoute et là pour tous, elle ne s’est jamais permise de se mêler des uns ou des autres. Elle n’aimait pas donner de conseils.“ 

 
 
 
 
 
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Avec sa mère c’est différent. Elle se sent libre de parler du jeu d’acteur et de venir chercher son avis, même si elle a mis beaucoup de temps à trouver cet équilibre entre la mère, et la pédagogue : “Je pense que l’on a eu les plus grosses disputes  de notre vie quand elle m’aidait à passer le conservatoire. J’avais 17 ans, je voulais qu’elle me considère moins comme son élève et elle, elle voulait que je la considère comme une prof et non comme ma mère. On a fini par trouver cette balance. Maintenant, ce ne serait pas vrai de dire que je ne peux pas travailler sans elle, car il y a certains rôles où je ne sens pas un besoin de le faire, mais en tout cas, pour une grande majorité de mes castings et des rôles que je prépare, je lui demande son avis et on travaille ensemble.“ Désormais, Catherine Chevallier peut aussi compter sur sa fille, qui par son expérience l’aide à son tour à préparer ses castings. “Je suis  hyper touchée, car elle me demande de faire la même chose avec elle, d’être là pour elle.“ Une petite séquence émotion, comme on les aime. 

Se remettre en question 

Cette frénésie familiale autour du cinéma a amené Barbara Probst à se recentrer sur elle-même et se poser les bonnes questions. Une fois ses diplômes en poche, elle est prise de doutes : est-ce qu’elle veut vraiment devenir actrice ? Ou est-ce un choix induit par sa famille ? “J’ai pris le temps de vraiment faire une introspection et de savoir pourquoi je voulais faire ce métier et comment : de la même manière que mes parents ? Différemment ? Et comment le faire mien ?“. Un univers dont il faut prendre en compte toutes les difficultés. Si le public ne voit que les strass et les paillettes, Barbara Probst tient à montrer les coulisses parfois compliquées. Un métier qui évolue vite, tout comme l’humain évolue à grande vitesse. “Je ne suis pas de ceux qui disent que c’est l’un des métiers les plus difficiles, car je suis consciente qu’il y a des métiers beaucoup plus pénibles que celui-là. Mais, d’un point de vue psychologique : avec une attente parfois longue pour décrocher des rôles, le rejet, les critiques… tout ça existe et il faut être solide.“ Des remises en question qui reviennent chaque année, parfois chaque mois ou chaque semaine. Des interrogations qui l’aident à avancer dans ce qu’elle a envie d’affiner pour son métier et surtout être toujours en phase avec qui elle est. Des questions essentielles, auxquelles les acteurs, les actrices font face pour accepter ou non un rôle : pourquoi ce personnage et pas un autre, en quoi ils aiment les interpréter. 

Interpréter pour donner vie 

Barbara ne voit pas ses personnages comme des personnages. Ils sont de véritables êtres humains à qui elle donne vie. Puis, c’est aussi cette capacité à pouvoir se glisser dans la peau de personnes totalement différentes : “Ça rejoint un peu ce que je disais sur l’enfance :  j’avais envie de devenir comédienne; c’était un fait et en même temps j’avais envie de tout faire. Je me souviens petite fille de dire que je pourrais être none un jour et prostituée le lendemain ( rire).“ Un grand écart, que ses rôles lui ont offert cette année avec “Missions“, diffusée sur OCS, qui est une série de science-fiction à la découverte de Mars, et “Le Code“, sur France 2; une série judiciaire suivant le parcourt d’un cabinet d’avocats Lillois. Pour être au plus proche de chacun de ses personnages, Barbara n’hésite pas à faire des recherches. Elle aime se perdre dans son imagination et sur toutes les informations qu’elle a pu trouver, pour créer une atmosphère propice à son rôle. 

Au-delà de l’interprétation, ce qu’elle aime dans ce métier de comédienne c’est le côté humain. “Toute cette préparation en amont est faite pour arriver sur le plateau de tournage ou sur scène pour le théâtre, le jour J pour jouer. Être dans cette équipe et voir cette effervescence, les tournages ça me… ( elle secoue la tête pour montrer l’émotion que lui procure les plateaux). Je peux voir un camion de tournage dans la rue et être émerveillée. Il y a un côté ruche où chacun travaille sur son poste, tout va vite, tout se met en route. Tu enlèverais une personne, ça déraillerait.“

 
 
 
 
 
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Barbara éprouve un profond respect pour les équipes techniques. Elle les compare même au public qu’elle peut retrouver lorsqu’elle est sur scène au théâtre : “C’est pour eux aussi que l’on joue tous les jours sur le plateau. C’est eux qui nous supportent tous les jours et à tous les points de vue d’ailleurs : nous aider, nous porter ou juste subir les fantaisies de certains… donc ce n’est pas seulement créer un personnage, c’est lui donner vie sur le moment et le voir évoluer dans le tournage même, dans le présent.“

Ce qui nous amène à parler des femmes qu’elle incarne à l’écran, de “Speakerine“, en passant par “Missions“ ou encore dans “Le Code“. 

L’évolution de la femme 

Il y a de grandes discussions qui se mettent en place dans notre milieu ces dernières années et justement sur le fait de repenser les rôles féminins, d’essayer de faire en sorte que les femmes ne soient pas que de belles plantes qui viennent servir les rôles masculins… On m’a proposé ces rôles-là (Speakerine, Missions, Le Code) qui sont sur le papier, hyper bien
dessinés. J’ai été très gâtée.“
Vous l’aurez compris, ces femmes elle les aime. 

Elle prend un petit temps de réflexion, pour faire une description juste de ses personnages : “Dans Speakerine Isabelle, il y a un côté très ‘All about Eve’, un film des années 1950 : c’est une actrice au sommet de sa gloire jouée par Bette Davis. Elle doit avoir une cinquantaine d’années, une star de théâtre et tu as cette jeune femme qui vient la voir tous les soirs au théâtre. Un soir, elle arrive par une manigance dans sa loge pour la rencontrer et cette actrice va la prendre sous son aile au risque de se faire prendre la place sous les projecteurs . C’est vraiment cette transition de comment on laisse la place à la jeunesse, mais en même temps comment la jeunesse peut complètement bouffer…“ Une arche narrative qu’elle a retrouvée dans “Speakerine“, où elle a pu explorer le chemin d’une jeune femme qui sous des apparences très naïves fait preuve d’une grande ambition et va vouloir peu à peu dépasser son idole… une émancipation rapide quitte à se perdre dans la folie. Des traits de caractère qu’elle retrouve dans “Missions“ et dans “Le Code“ : “Dans beaucoup de mes rôles, il y a cette transition de jeune femme à femme. C’est drôle, car c’est un sujet qui m’a toujours intéressée et même d’un point de vue personnel. J’ai toujours la sensation de ne pas me sentir femme, parce que c’est quoi être femme ?“ 

Effacer le genre féminin 

Une réelle question, qui permet d’aborder Alice, un de ses personnages très différent des autres. De par son prénom et ses attributs féminins, il n’y a pas de doute; c’est bien une femme :  “Mais on aurait juste traduit ça en masculin ça fonctionnait, il n’y avait aucun attribut dit féminin et c’était un luxe.“ Pour la première fois, Barbara n’est pas juste vue comme la jolie poupée, gentille et polie. Le rôle est enfin une brèche pour révéler qu’elle est plus que sensuelle, qu’elle est autre chose qu’une simple image du stéréotype de la féminité : “Tout d’un coup, j’étais juste là, juste Alice et je pouvais construire mon axe.

Que ce soit dans “Speakerine”, dans “Missions” ou “Le Code”, Barbara s’épanouit dans la peau de ces femmes qui évoluent au gré des saisons, avec une rythmique et des énergies différentes au sein d’un même projet. Une complexité qui pousse Barbara à toujours se surpasser, pour montrer les nouvelles facettes de ces personnages qu’elle incarne. Une approche intéressante avec ses spectatrices, qui peuvent au départ se retrouver dans ces rôles, pour petit à petit s’y perdre ou au contraire, voir qu’elles ont évolué de la même façon. 

Une introspection du féminin dans le cinéma français (et la télévision), nous mène à aborder le souci de la diversité que ce soit encore une fois chez les femmes par rapport à leur âge, mais aussi sur la couleur de peau. 

Un manque de liberté 

On sent dans sa voix non pas de la colère, mais de l’incompréhension à ne pas voir les choses bouger assez vite chez certains cinéastes. Elle se désole de remarquer, qu’encore aujourd’hui, il y a trop peu de travail pour les comédiennes plus mûres : “C’est terrible de voir que passé un certain âge, les femmes sont sous représentées sur nos écrans. Les femmes de plus de 50 ans représentent la moitié de la population féminine française pour seulement 6% des rôles dans le cinéma français (selon une étude de cinégalités et du collectif 50/50) … Pourtant, ce n’est pas un gros mot de vieillir ! Bien au contraire !

Elle regrette qu’il n’y ait pas plus de liberté en France et met en avant celle du Royaume-Uni, où les rôles sont plus variés et laissent à beaucoup plus de personnes l’accès au cinéma : des personnes en situation de handicap, des personnes aux cultures différentes, des femmes qui ont des rôles d’hommes… sans jamais les enfermer dans des cases. Elle prend en exemple la série “Sex Education“ , qui est pour elle le référence en terme de mise en lumière de la diversité : “La série montre qu’il y a cette liberté et cette possibilité d’ouvrir la porte, quel que soit le genre, la couleur, l’âge… Quand je dis ça j’ai l’impression que ça pourrait ne pas être mon combat, car je suis une jeune femme cis blanche, mais en fait ça l’est, car si moi de mon côté en tant que jeune femme cis blanche je ne me questionne pas là-dessus, je joue le jeu de ce qui existe et de ne pas participer à cette évolution.“  

Mais la comédienne remarque tout de même qu’heureusement, la télévision française évolue dans ce sens, notamment dans “Le Code“ porté par Daniel Njo Lobé : “Quand j’ai découvert le scénario, je tournais les pages en attendant tristement le moment où ils allaient expliquer pourquoi il est noir, parce qu’on est habitué à ça. Et pour une fois, rien ! Enfin ! hourrah ! C’est juste un avocat qui a son parcours, qui a une vie, qui a des traumatismes… J’ai adoré. Mais c’est encore trop rare.. 

Une longue conversation, durant laquelle on s’est parfois perdues sur des raisonnements presque existentiels. Barbara Probst révèle l’importance du cinéma, qu’elle voit comme un témoin de notre temps : il est le reflet de notre société ancrée dans un tas de stéréotypes, peu ouverte à la diversité. 

Alors oui, Barbara Probst est un peu trop jolie, un peu trop gentille, un peu trop polie… mais elle est avant tout une femme solide, avec ses convictions, ses combats qu’elle n’est prête à abandonner. Et c’est avec un beau sourire, et une discussion d’1h15 qu’elle s’excuse aussi d’être “un peu trop bavarde“.

Retrouvez Barbara Probst dans : 

– “Le Code“  aux côtés de Daniel Njo Lobé, Christiane Millet, Naidra Ayadi – Tous les épisodes sont à voir en replay sur France TV et sur la plateforme SALTO

– “Missions“ – saison 3 – à partir du 23 décembre sur la plateforme OCSMax ( saison 1 et 2 déjà disponible)

– Prochainement au cinéma à l’affiche du film “Silent Roar“, réalisé par Johnny Barrington