« SKAM », une série réaliste sur les adolescents

Le lycée, une période qui peut-être difficile, sauf si on a la meilleure bande de copains ! Depuis le 25 février 2018, l’adaptation de la série norvégienne « SKAM » est diffusée sur France 4 et la plate-forme France TV Slash. Une série sur les adolescents et les aléas du quotidien.

« SKAM », la série événement retraçant l’histoire de plusieurs adolescents, fait un carton à l’international. Si depuis quelques années, les séries mettant en avant les folles aventures d’un groupe de jeunes se multiplient – « Gossip Girl », « Elite », « Sex Education », « Stranger Things », « 13 Reasons Why », « Riverdale » – « SKAM » est l’une des rares à se différencier de ces dernières. On oublie les combats contre les monstres étranges, la prise de pouvoir pour faire fortune, les adolescents détectives qui tentent d’élucider un meurtre…

« SKAM », ce sont des adolescents lambda avec des problèmes souvent proches des nôtres ou de ceux que nous avons pu connaître durant notre jeunesse. Chaque saison retrace l’histoire de l’un d’entre eux et évoque les complications qu’il rencontre face à la vie, la société, ses amours… Des aventures que vous pouvez suivre en « temps réel », grâce à un contenu transmédia. D’où le sens des dates et les horaires qui dynamisent les épisodes.

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Des séquences de quelques minutes sont diffusées sur la page Facebook officielle de la série et sur France TV Slash, la nouvelle plate-forme de France Télévisions pour les jeunes de 18 à 30 ans. Des extraits relayés à la fin de la semaine sous forme d’épisodes complets, disponibles le vendredi à 18h30 sur le site et le dimanche à 19h50 sur France 4.

Les « looseuses » du lycée

Qui n’a jamais rêvé de faire partie du groupe le plus populaire du lycée ? Vous savez celles et ceux que l’on regarde avec envie, que l’on admire et avec qui on souhaite tellement être ami(e). Si, pour les adultes, ce concept est totalement incompréhensible, pour nos adolescents, c’est l’une des choses les plus importantes. C’est une période où l’on a besoin de se sentir entouré et regardé. D’où le fait que l’on ne veut pas être considéré comme le « looser » du lycée…

C’est le combat que vont mener Daphné (Lula Cotton-Frapier), Emma (Philippine Stindel), Manon (Marilyn Lima), Imane ( Assa Sylla) et Alex (Coline Preher), qui se considèrent comme les filles les moins populaires. Quatre jeunes filles aux caractères bien différents : Daphné, qui prend toujours les choses à cœur et se perd souvent dans sa naïveté ; Emma, tête en l’air, qui aime « faire la tête » et se noie dans ses aventures amoureuses ; Manon, livrée à elle-même depuis son plus jeune âge, qui sait comment protéger ses amis, sans trop se dévoiler ; Imane, qui dit les choses comme elle le pense, sans filtre. On peut parfois penser qu’elle n’a pas de cœur, mais bien au contraire. Enfin Alex, la plus créatrice, la plus punk et ouverte d’esprit sur tout ce qui l’entoure.

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Ensemble, elles mettent en place de nombreuses stratégies pour devenir les filles les plus « cool ». Mais au-delà de ça, elles cherchent des ami(e)s, sur qui compter pour se sentir soutenues. On peut prendre Emma en référence. La saison 1, consacrée à son histoire, montre une jeune fille seule, à qui les meilleures amies ont tourné le dos pour une histoire de garçon. On la sent triste, sans aucune envie de se rendre au lycée, jusqu’au jour où elle rencontre Manon, Daphné, Imane et Alex. Elle se métamorphose. La Emma sans vie retrouve le sourire, avance, prend des décisions et quitte son petit-copain afin de se construire d’abord en tant que jeune adulte.

La chose la plus importante, c’est de sentir aimé par de véritables amies. Une réalité soutenue par Daphné, lorsqu’elle crée un espace, « le foyer », qui est un véritable vivier de rencontres. Un lieu sans frontières où l’on ne juge plus sur qui est qui. Seulement de la bonne entente et de l’amour.

« J’aime qui je veux ! »

« SKAM » évoque aussi l’homosexualité et la bisexualité. Deux sujets malheureusement encore délicats au 21e siècle. Si Alex assume totalement le fait d’aimer les garçons comme les filles, ce n’est pas le cas de Lucas, un personnage qui se montre macho et fort à l’image de ses copains hétéros. Mais petit à petit, on comprend que Lucas est une personne sensible et complexe. Il fait partie de ces adolescents qui gardent au fond d’eux un « secret », jusqu’à se torturer l’esprit, s’angoisser et ne plus pouvoir respirer, laissant le spectateur impuissant face à cette vérité inavouée à sa bande de potes. Il fait semblant de s’intéresser aux filles, de sortir avec elles. Mais lorsque ces dernières veulent plus qu’un simple bisou, le prince charmant s’échappe.

Tout bascule le jour où il croise le regard d’Eliott, un brun aux cheveux ébouriffés et aux yeux pétillants. Ce nouveau lycéen ne laisse pas Lucas indifférent. Progressivement, les deux jeunes hommes se rapprochent. Lucas tombe littéralement sous le charme d’Eliott, plein de vie et souriant. Mais derrière cette façade, se cache une fragilité, un adolescent imprévisible qui laisse parfois Lucas sans nouvelles ou avec des dessins illustrant un raton laveur et un hérisson pour communiquer. Deux animaux qui symbolisent leur amour, les Lucas et Elliott d’un univers parallèle.

Ils se déchirent, pour s’aimer à nouveau. Lucas (Axel Auriant) tombe dans une spirale infernale : l’incompréhension du comportement d’Eliott (Maxence Danet-Fauvel) et le fait de ne pas assumer son homosexualité face à ses camarades. Il ne supporte plus, craque et finit pas avouer la vérité à ses amis sur son orientation sexuelle. Une liberté gagnée, il apprend que son petit-copain souffre de bipolarité et qu’il devra l’aider à surmonter ses crises « minute par minute ». Les deux garçons réussissent à surmonter les tempêtes qui les entourent, des tempêtes qui ont construit un amour complice, fort et passionnel.

 

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Cette saison 3 fait prendre conscience à quel point nous vivons dans une société cruelle, obligeant certaines personnes à s’enfermer dans un mutisme tout comme Lucas, craignant la réaction des siens. Des épisodes nous aidant à ouvrir les yeux sur certains points : l’importance de se confier, chose que Lucas ne fait pas malgré des amies comme Manon qui le poussent à parler.

L’homosexualité ne doit en aucun cas être une honte, on a pas le droit de souffrir parce que l’on aime une personne du même de sexe. Nous sommes libres d’aimer qui l’on veut, d’où l’expression « tomber amoureux » : on « tombe », on ne choisit pas.

Solidarité et amour

Protection et vérité sont deux mots qui définissent « SKAM ». Les personnages se protègent mutuellement. Emma, Manon, Daphné, Imane et Alex sont toujours là l’une pour l’autre, tout comme les garçons. Lucas n’est pas mis à l’écart lorsqu’il avoue qu’il est homosexuel. Bien au contraire ses amis ne le jugent pas et rien ne change entre eux.

Manon tente de protéger Daphné vis-à-vis de Charles (Michel Biel) dont elle est éperdument amoureuse. L’adolescente prend son courage et avoue à la jolie blonde qu’elle et Charles s’aiment. Une vérité qui permet à Daphné de ne pas se sentir trahie et d’endosser au mieux cette nouvelle. De son côté, Charles préserve Manon face à son frère Nicolas (Roberto Calvet), violent et manipulateur, tout en s’assurant du bien-être psychologique de son aîné.

Il ne faut jamais oublier que se dire les choses est essentielle pour préserver une relation saine. Les mensonges, les non-dits, finissent toujours par éclater au grand jour avec parfois de lourdes conséquences. La vérité, c’est tout simplement protéger les siens, comme le rappelle Charles au début de la saison 2.

Une famille aux couleurs différentes

« SKAM », c’est également la tolérance envers les différentes cultures, apprendre à s’accepter que ce soit par rapport à son orientation sexuelle ou sa religion. C’est notamment le cas pour Imane, musulmane, qui décide de porter le voile. Elle est souvent incomprise par ses amies qui pensent qu’elle est obligée de porter le hijab, qu’elle n’a pas le droit d’aimer ou d’embrasser un garçon. Face à ces pensées, Imane se sent différente, seule et peut-être pas à sa place au milieu de ces « blanches qui se ressemblent toutes», comme le disent les jeunes filles de son quartier. Des propos qui soulignent cette fissure culturelle lié à une société conflictuelle. Dans laquelle personne ne prend le temps de se connaître.

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Imane se sent perdue face au garçon qu’elle aime, qui est athée. Elle pense qu’il est impossible qu’ils puissent s’aimer et se comprendre. Comment pourrait-il approuver le fait qu’elle ait besoin de faire ses prières chaque jour ? Et elle, comment pourrait-elle envisager qu’il n’ait pas la foi de croire en Allah ? Elle prend alors ses distances avec cet amour impossible. Mais ses amies l’aident à prendre les bonnes décisions, à écouter son cœur, à peser le pour et le contre. La jeune fille admet qu’il faut sans doute sauter le pas, savoir parler avec ce jeune homme pour qu’ils puissent s’aimer tout en respectant les choix de chacun.

Cette saison 4 de « SKAM » met en avant le fait que nous vivons dans une société dans laquelle des clivages se créent entre les générations culturelles par manque d’informations et de discussions . Grâce au personnage d’Imane, non pouvons réaliser qu’il suffit juste de prendre le temps de partager, d’expliquer et que le plus important – encore une fois – est de se soutenir, de s’aimer et de ne pas faire attention aux critiques méchantes et non fondées des autres. La dernière scène souligne, avec des cultures mélangées, que l’on peut tous s’entendre, être en harmonie grâce au respect , à la non-violence et à l’ouverture d’esprit.

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Si la date de diffusion de la cinquième saison est pour le moment inconnue, il est certain que nous retrouverons bientôt nos adolescents à travers dix épisodes de 21 minutes. Selon le post du réalisateur de la série,  David Hourrègue, la nouvelle saison se concentrera sur le personnage d’Arthur, incarné par Robin Migné.


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