Maë Defays sa musique, son Océan d’amour

Maë Defays, chanteuse, album, musique, Mathilde Dandeu, PressEyes

Crédit photo : BD

Maë Defays incarne la douceur de par sa gestuelle ou encore sa voix. Une voix qui dès qu’elle chante s’éraille un peu, monte dans les graves, descend dans les aigus, pour un moment jazzi qui nous transporte à travers diverses influences. Rencontre avec cette musicienne qui offre un peu d’espoir à ce monde parfois anxiogène. 

Une mère danseuse, puis attachée de presse, un père musicien de jazz, Maë Defays était prédestinée à devenir à son tour une artiste. Pourtant, si petite elle a un attrait très prononcé pour l’art, ses parents la laisse libre de choisir ce qu’elle veut devenir. “Ils savaient que devenir artiste était difficile, donc ils ne m’ont jamais poussé à le devenir, mais ne m’en ont jamais empêché. Ils ont toujours eu ce truc où j’étais forte à l’école et si j’avais eu envie de faire de grandes études, ils m’auraient laissé faire. Mais c’est l’art qui m’a toujours intéressé, et j’ai eu de la chance d’être soutenue.” 

 

 
 
 
 
 
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Curieuse et amoureuse de l’art en général, elle s’essaie à la danse et au cinéma pour être certaine de son choix qui se portera vers la musique. « Plus j’avançais dans la musique, plus je me disais que c’était génial. À travers les clips, la composition… ça me permet de réunir un peu tout. Je peux raconter des histoires, je peux danser, je peux réaliser mes clips… » 

Devenir auteure, compositrice, lui offre cette possibilité de raconter des choses très personnelles. Des choses qu’elle aurait peut-être mis plus de temps à mettre en lumière à travers le cinéma ou des pas de danse par le biais d’une compagnie. “Dès 15 ans je pouvais chanter devant des gens, je me suis vite rendu compte que je pouvais faire un projet qui était que le mien et ne pas être au service des autres.

Rapidement elle trouve son style. Formée dans une école de jazz, elle aspire à mélanger d’autres influences comme l’affro, la pop… pour une musique unique qui lui ressemble à 100%. 

Le jazz : le pilier de la musique 

La musique elle l’aime avec un grand M. Son père l’initie au jazz, mais comme toutes les adolescentes, elle aime écouter du RnB, du Destiny’s Child, du Britney Spears… Sa mère antillaise et danseuse dans une troupe africaine, Maë Defays est ainsi menée à s’ouvrir à un monde musical éclectique. “Quand j’ai fait mes études de jazz, je me suis beaucoup concentrée là-dessus. Mais il y a un côté très élitiste avec ce style qui m’a fait comprendre que je ne voulais pas faire que ça.”

 

 
 
 
 
 
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Un univers qui toutefois offre un panel très large, afin que la jeune femme puisse comprendre toutes les musiques, les codes, chiffrer ses accords, mais aussi gérer son groupe et s’imposer en tant que femme dans ce milieu très masculin. “Si tu pratiques que de la pop ou de la saoul, c’est plus fermé. Passer par le jazz m’a permis de m’affirmer en tant que musicienne. Depuis que j’ai quitté l’école en 2018, je m’ouvre à d’autres styles pour évoluer.” 

Elle n’essaie pas de s’échapper du jazz, mais Maë Defays a envie de vivre avec son temps et de le mélanger avec ce qu’elle écoutait étant petite : de la pop, du Michael Jackson, du Beyoncé…  “Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup d’artistes jeunes dans le jazz. En France c’est un peu catalogué comme un style vieillot, alors qu’à Londres, la scène Jazz est très jeune.” L’interprète rêve de faire changer la vision de ce style pour y attirer un public plus large. 

En attendant, elle nous fait naviguer à travers divers influences et nous montre l’étendue des possibilités de la musique, tout en soulignant la richesse de la vie. 

Imposer sa personnalité 

Française d’origine caribéenne qui aime écouter de la musique anglo-saxonne, Maë Defays ne se voyait pas être seulement chanteuse de jazz. “Je suis Française, mais j’ai vécu en Guadeloupe. Je ne me sens pas que Parisienne et j’aime de plus en plus montrer dans ma musique que je suis métisse. On est tous cosmopolites, on ne peut pas être une seule personne et on ne peut pas faire qu’un style de musique.” Des styles différents avec lesquels elle aime s’amuser dans son nouvel album baptisé “A Deeper Ocean“. 

Tout commence en 2020, une année charnière impactant le monde entier avec l’apparition du fameux virus du Covid-19. Enfermée chez elle, Maë Defays n’a qu’une seule chose à faire : écrire et chercher une nouvelle voie. “Les premières maquettes que j’avais écrites, sans l’optique de sortir un album, avaient beaucoup de thèmes liés à l’Océan ou à la mer. Je me suis dit que c’était déjà une bonne piste pour créer un album cohérent.

C’est une belle rencontre avec Matthieu Chedid qui va la pousser à être plus “méticuleuse” envers ses titres, ses thèmes… “J’ai pu lui parler de ce nouvel album que j’avais en tête. Il a écouté mes EP précédents et m’a encouragé à resserrer mon champ. Quand on écrit on a plein d’influences et l’on a tendance à aller dans tous les sens. C’est un peu ce que je faisais dans mes précédents EP.

 

 
 
 
 
 
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Mais pour s’installer sur une scène musicale très prisée par de nombreux artistes, il faut savoir se démarquer avec un style bien défini. “Matthieu Chedid m’a imposé de me chercher des contraintes. Ça m’a inspiré pour mon album et le thème de l’Océan était comme une évidence, dans le sens où j’ai vécu sur une île, ça fait partie de moi.” 

S’imposer une ligne directive, c’est aussi pour Maë Defays de pouvoir mieux se projeter dans la réalisation de ses clips en Guadeloupe, créer une véritable atmosphère sur scène et ne pas seulement chanter des morceaux à la suite. ” Je voulais des morceaux qui aient du sens, que ce soit autant abouti dans la musique que dans les paroles. Même si les gens ne parlent pas anglais en France, et que je tourne majoritairement en France, je ne voulais pas délaisser les paroles. Beaucoup d’artistes chantent en anglais, car c’est facile et qu’ils font des chansons un peu toutes faites, que l’on a déjà entendues.

Pour la musicienne, c’est hors de question de basculer dans la facilité des choses. Son souhait est d’avoir une musique qualitative et non une musique où elle se cacherait derrière une langue parce que ça sonne bien. 

Trouver les mots 

Plus elle avance dans l’écriture, plus le thème de l’Océan devient sa force. Elle en fait une métaphore sur la profondeur de puiser en soi. “Le confinement en tant qu’artiste a été très long. Il n’y avait pas de concert, de tournée… et quand il ne se passe rien, tu n’as rien à raconter, j’ai donc puisé. J’ai écrit des chansons sur ça, sur le fait que l’on devait puiser en soi et que l’on a des choses infinies à raconter et qu’il faut s’inspirer de ce qu’il se passe autour de soi et des gens autour de soi. C’était toujours de rechercher dans cette profondeur et ne pas se contenter de la surface.” 

 

 
 
 
 
 
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À 27 ans, Maë Defays veut mettre en lumière sa maturité. Si dans ses précédents EP elle parlait beaucoup des premières histoires d’amour, dans “A Deeper Ocean”, elle a ce besoin de souligner l’âge adulte. “Je me suis demandée ce qui m’intéressais vraiment. Je ne voulais pas rester dans la superficialité des histoires amoureuses.” Avec cet Océan, elle ne veut pas non plus parler d’écologie, un sujet bien trop sensible qui aurait pu lui porter défaut, de par ses nombreux déplacements et voyages. Lui vient alors une idée : mêler l’amour à l’environnement et aborder l’éco anxiété. 

Plonger au coeur de la vie 

Un album dans lequel elle parle de relation amoureuse à travers la marée haute, mais aussi de la maternité avec Mother of Pearl.“Ce qui veut dire la mère de la perle, mais en anglais ça signifie la nacre. J’ai fait des recherches de ce qu’était la nacre dans un coquillage et c’est quand un grain de sable ou un parasite entre dans un coquillage. Le coquillage pour se protéger créer une couche autour de ce parasite et c’est un système de protection du coquillage.

Une image qui lui fait penser à la maternité, à cette femme qui tombe enceinte se demandant si cet embryon qui grandit en elle est comme une chance ou comme quelque chose de mauvais. La culpabilité de faire des enfants dans ce monde incertain. “Il y a cette dualité de : est-ce que j’accepte ou pas. Je ne donne pas de réponse car je ne suis jamais tombée enceinte, donc je ne sais pas ce que je ferais. Mais c’est une question que je me pose car j’ai 27 ans et qu’un jour ça peut m’arriver.” 

Des thèmes sensibles, qui touchent autant les jeunes générations, que celle actuelle ou encore celle de nos parents. “A Deeper Ocean” est un album intergénérationnel   qui pousse à la réflexion de ce monde parfois cruel,  de cet environnement dont ne prend pas assez soin, ayant des répercussions sur la vie Humaine. 

Une oeuvre aux paroles fortes, raisonnant en tout un chacun. Pourtant, Maë n’a pas voulu en faire quelque chose d’austère, bien au contraire, elle nous invite à partager sa poésie et nous initie au voyage. 

La force du rythme 

Quand j’ai parlé à mon manager que je voulais faire un album autour de l’anxiété, il a eu peur que je fasse quelque chose de sombre. Sauf que je ne suis pas comme ça. Je voulais un album solaire. J’ai beaucoup d’espoir et j’ai envie de croire à la vie.

Elle prend alors le risque de parler de choses sérieuses, tout en ayant une musique solaire qui donne le sourire, mais surtout qui donne envie de se battre pour avoir une vie meilleure. “C’est ce que j’aime chez Steve Wonder. C’est des artistes que j’écoute quand je ne vais pas bien et je sais que j’irai mieux. Je pense que le fait d’être allée tourner les clips en Guadeloupe, avoir une certaine rythmique afro, caribéenne, mélanger des influences brésiliennes… ce n’est pas de la musique world, mais j’ai essayé d’avoir des rythmiques différentes et je trouve que le rythme apporte beaucoup de couleurs à la musique et c’est ça qui va la rendre solaire ou non.

 

 
 
 
 
 
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Un voyage musical, mais aussi pour les yeux avec des clips en Guadeloupe aux paysages paradisiaques. “Pour mes clips je ne voulais pas rester en France, car ce n’était pas les paysages qui m’inspiraient. Donc j’ai voyagé…” pour le plus grand bonheur de ses auditeurs.

Une rencontre qui s’achève avec une artiste qui a conscience de ce monde difficile auquel nous sommes confrontés, et ne le cache pas dans ses paroles. Néanmoins, Maë Defays est une jeune femme pétillante offrant une lueur de joie par une musique entrainante, avec une pointe d’ivresse pour apaiser les mots et les maux de toutes générations confondues.