Endométriose : l’étude qui fait un flop

Jane Keany, étudiante Australienne à l’université de Sydney a lancé une étude sur l’endométriose en tentant de comprendre les effets de cette maladie sur la vie sexuelle des hommes. Un angle de recherche qui a provoqué la colère des femmes.

« La seule façon d’amener les gens à s’intéresser à l’endométriose est de leur dire que les hommes sont affectés » s’est indignée dans un tweet Imogen Dunlevie, militante qui se bat au quotidien contre l’endométriose. Cette maladie gynécologique, qui touche une femme sur dix, se manifeste par la présence de muqueuse utérine en dehors de la cavité utérine et peut entrainer des problèmes de douleurs et d’infertilité.

Cette étude, mal tournée, n’a pas répondu à l’objectif premier : briser le tabou et libérer la parole sur cette maladie qui touche de plus en plus de femmes. Dans une tribune au journal The Guardian, Imogen Dunlevie s’est indignée face à cette injustice : « Les études comme celle-ci donnent l’impression que la seule façon d’attirer l’attention sur l’endométriose est de montrer comment elle touche les hommes. Cela ne suffit pas que les femmes partagent leurs innombrables histoires de douleur et de souffrance, comment cela limite leur capacité à finir leurs études, à travailler à plein-temps ou même à faire l’amour. Cela ne suffit pas de décrire les opérations et les médicaments, les procédures envahissantes qui ne procurent que peu, voire pas du tout de soulagement. La seule façon d’amener les gens à s’y intéresser est de leur dire que les hommes aussi sont affectés ».

Un sentiment partagé par de nombreuses femmes, comme la chanteuse Imany qui avait déjà dénoncé le machisme médical : « Si l’endométriose avait été une maladie d’homme, on aurait déjà un vaccin. Ils ont bien inventé le Viagra il y a quinze ans ! » avait-elle déclaré au magazine ELLE.

 

Un problème de couple

Face aux réactions virulentes provoquées par son étude, Jane Keany s’est exprimée pour dire qu’elle « comprenait » ces attaques, mais qu’il était important de favoriser le dialogue du couple ainsi que ses difficultés sexuelles : « Les hommes ont peur d’exprimer leurs besoins sexuels à leur partenaire qui souffre, ils doivent donc les mettre de côté. On peut facilement mal interpréter la maladie comme étant un problème de femme, mais je pense que c’est un problème de couple ».

Une réponse qui n’a pas satisfait la gente féminine, qui n’a pas compris en quoi il était pertinent de parler de la sexualité de l’homme au lieu de la souffrance de leurs compagnes. « L’endométriose ne fait pas de mal au bien-être sexuel d’un homme. En revanche, ça a un impact sur tous les aspects de la vie de celle qui en souffre. Les rapports sexuels sont souvent douloureux, désagréables pour la femme et peuvent engendrer des saignements et une douleur qui persiste des jours durant » a tenu à rappeler Imogen Dunlevie, de manière à replacer la femme au coeur du débat et à donner la direction du vrai combat à mener.

Audrey Bernard 

(Source photo : JLM.fr)